Consultations remboursées chez le psychologue, où en est-on ?

Publié le 11/05/2022
Des patients ont commencé leur suivi avec un professionnel inscrit sur la plate-forme MonPsy, lancée le 5 avril. Les psychologues restent divisés au sujet du dispositif.

[VU SUR LE WEB] Six semaines après son lancement, le dispositif MonPsy a trouvé son public mais continue à diviser les psychologues. Depuis le 5 avril, des séances en cabinet avec une ou un psychologue volontaire pour ce dispositif sont prises en charge par l’Assurance maladie. La personne doit lui être adressée par un médecin et sa situation, correspondre à certains critères. Le tarif est fixe, 40 euros pour la première séance et 30 euros pour les 7 suivantes. 

Les premières consultations ont eu lieu dans le cadre de ce dispositif, comme le rapportent plusieurs médias. Le ministère de la Santé avait indiqué, lors du lancement de MonPsy, que 1300 psychologues avaient déposé leur candidature sur la plate-forme. Deux de ces professionnels, installés en Seine-Saint-Denis, ont témoigné auprès de l’Agence France Presse (AFP) et deux autres exerçant l’une en région parisienne et l’autre en Auvergne, l’ont fait sous couvert d’anonymat. Ils constatent que MonPsy leur amène de nouveaux patients, dont certains n’avaient jamais consulté pour leur santé mentale. 

  • Lire la dépêche de l’AFP publiée le 5 mai sur Europe 1

MonPsy ouvre, de fait, un accès aux professionnels pour des personnes qui n’avaient pas les moyens financiers de consulter. Il est trop tôt, cependant, pour les interroger sur ce qu’elles retirent de ce suivi. Le quotidien Le Télégramme a choisi, lui, de solliciter une femme ayant consulté l’an dernier un psychologue à Vannes (Morbihan) via ce dispositif, alors en expérimentation – avec des modalités différentes. En arrêt suite à des difficultés professionnelles, Karine (son prénom a été changé) a pu reprendre le travail. “Quant à savoir si c’était suffisant… Par rapport à ma pathologie, ça l’était”, estime-t-elle. 

Peu avant le lancement de MonPsy, France Assos santé, collectif regroupant les principales associations de patients, avait “salué” l’initiative. “France Assos Santé salue la mise en place de ce dispositif, particulièrement attendu, six mois après son annonce et deux ans après le début de la catastrophe sanitaire qui a notamment provoqué une forte augmentation du nombre de dépressions et de troubles psychiques, en particulier chez les plus jeunes”.

Aujourd’hui comme avant son lancement, MonPsy divise les psychologues et les organisations qui les représentent. Deux lignes se dessinent actuellement. D’un côté, celles et ceux estimant que l’existence du dispositif est une avancée, mais que certaines modalités et les tarifs doivent évoluer. De l’autre, celles et ceux jugeant le dispositif inadapté, appelant leurs consœurs et confrères au boycott. 

La Fédération Française des Psychologues et de Psychologie (FFPP), qui réunit des psychologues et des organisations de psychologues, est sur la première ligne. Elle “continue à travailler avec le gouvernement” pour “améliorer le dispositif MonPsy”, selon son communiqué du 2 mai, faisant suite à sa prise de position du 27 février. 

Le Syndicat National des Psychologues (SNP), qui regroupe des psychologues de formation universitaire exerçant en libéral, est sur la seconde ligne. Il avait appelé le 22 avril au boycott de MonPsy. C’est aussi le mot d’ordre du Manifeste des Psychologues cliniciens et des Psychologues Psychothérapeutes (M3P). Ce mouvement, né de la mobilisation sur les réseaux sociaux autour du mot dièse #ManifestePsy, avait exposé ses arguments dans une tribune publiée le 29 mars dans Le Monde.

Deux médias régionaux (parmi ceux proposant des articles en accès libre) se sont penchés sur l’offre à l’échelle locale. A Lille (Nord), 3 psychologues sont inscrits sur la plate-forme MonPsy, selon un article publié le 5 mai par La Voix du Nord. L’une d’elles affirme être débordée par le nombre de demandes reçues. En Moselle, 5 professionnels sur 233 adhèrent au dispositif, selon le SNP cité par France Bleu Lorraine Nord, dans un article publié le 3 mai.