Renoncer (pour un temps) à la sérénité
Une période difficile pour tout le monde
L’épidémie de Covid-19 entraîne beaucoup de contraintes, d’incertitudes et de bouleversements dans nos vies, depuis le début de l’année 2020. L’anxiété, la tristesse ou l’inquiétude pour le futur sont des sentiments répandus. Nous réagissons ainsi car nous traversons une période qui est difficile pour toutes et tous, quels que soient notre âge ou notre situation.
Pour certaines personnes, les circonstances sont particulièrement éprouvantes. C’est le cas par exemple d’étudiantes et d’étudiants qui se retrouvent coupés de leurs pairs, loin de leur famille et limités à internet dans les échanges avec leurs profs. Les personnes qui voient leurs revenus diminuer, celles dont l’emploi est menacé ou le logement précaire sont elles aussi fragilisées. D’autres encore affrontent la maladie ou le deuil.
Malgré ces différences, nous pouvons constater en regardant autour de nous que les difficultés sont largement partagées. Ainsi, nous devons admettre que la plupart d’entre nous voient leur confiance en l’avenir ébranlée. Il semble judicieux de renoncer, pour un temps, à la sérénité.
Nous n’avons pas à nous blâmer pour nos moments de doute, notre manque d’entrain ou notre état de fatigue. Ces manifestations peuvent nous surprendre ou nous déranger. Cependant, elles sont adaptées aux événements que nous vivons. Cela ne remet pas en cause notre valeur. Nous restons, tout ce temps, des personnes estimables.
Mieux comprendre nos émotions
La crise sanitaire produit des effets visibles, par exemple le séjour en réanimation de certains malades du Covid-19. D’autres sont plus discrets, comme les changements dans l’état émotionnel de la plupart d’entre nous. Nous nous sentons « à fleur de peau » mais bien souvent, nous nous efforçons d’ignorer notre ressenti, ou de le minimiser.
Or la peur et la tristesse sont sans doute les émotions les plus partagées actuellement. Dans l’enquête CoviPrev menée régulièrement auprès des Français par Santé publique France depuis mars 2020, on observe une hausse générale de l’anxiété et des états dépressifs.
Il est parfois difficile de reconnaître nos émotions. La tristesse, par exemple. Les larmes en sont le signe le plus évident. Mais celle-ci peut aussi se manifester sous des formes moins attendues, comme le manque d’appétit ou même, de façon surprenante, un sourire affiché en toutes circonstances. Aussi, il est utile de prêter attention à nos réactions et de repérer, chez nous, les signes particuliers de la tristesse ou de la peur.
Certaines émotions sont considérées comme négatives, au motif que leur ressenti serait désagréable. Aussi, il est courant de chercher à réprimer sa peur, sa tristesse ou sa colère. Mais par un mécanisme désormais bien établi en psychologie, cette tentative produit l’effet inverse de celui recherché. Moins nous accordons de place à une émotion, et plus elle en prend.