[REVUE DE PRESSE] Les jeunes sont plus conscients que leurs aînés de l’importance de la santé mentale, et aussi plus engagés. La ministre de l’Education Elisabeth Borne a annoncé le 14 mai plusieurs mesures concernant la santé mentale des élèves, dont la volonté de promouvoir “l’entraide entre pairs”. Ainsi, à partir de janvier 2026, des élèves volontaires pourraient “repérer et aider leurs camarades en souffrance”. De nombreux médias ont donné la parole à cette génération qui invente un rapport nouveau à la santé mentale.
- Lire l’article du 15 mai sur 20 Minutes
- Ecouter la chronique de Véronique Fèvre sur BFM TV
Que pensent les jeunes de ces mesures ? Les lycéens interrogés par la journaliste de L’Etudiant Mathilde Grandadam-Nicot se disent déçus. Yassine, 18 ans, élu du conseil national de la vie lycéenne à Rennes, a le sentiment que la parole des jeunes “n’est pas entendue”.
D’autres jeunes regrettent le manque de moyens, comme ces lycéennes sur BFM TV. “Niveau infirmière on en a une, elle peut être là toute la semaine et après, ne plus être là pendant quelques semaines”, explique l’une. “Les personnes qui ont des problèmes mentaux, elles ont jamais une épaule sur laquelle se reposer qui est tout le temps là”, ajoute une autre.
Parmi les mesures annoncées, le principe d’aller se confier à un autre jeune, référent sur la santé mentale, semble bien accueilli. La journaliste de RMC Cassandre Braud a rencontré Adama, prête à se porter volontaire pour être référente. “C’est mieux d’en parler avec quelqu’un qui a à peu près notre âge, parce qu’il peut mieux comprendre que les personnes âgées…”, estime la lycéenne. A condition, selon elle, que le référent reçoive une formation sur “les numéros d’urgence, comment parler, être à l’écoute, avoir les mots justes.”
- Regarder le reportage sur RMC
Cette génération est à la fois davantage confrontée au mal-être, et davantage capable d’en parler. Une réalité qui s’incarne dans l’expression “génération santé mentale”, utilisée par Yoa. Dans sa chanson “Insomniaque 4 ever” (pour toujours) sortie en 2023, la chanteuse de 26 ans raconte l’angoisse qu’elle peut ressentir la nuit : “J’ai passé l’heure à compter les heures sans arriver à dormir, Je suis pas bien quand t’es pas là, je peux faire des bêtises”. Puis arrive le refrain : “Génération santé mentale, tu le sais y’a qu’toi qui compte, Génération maladie mentale, normaliser la honte”.
- Ecouter la chanson sur son compte YouTube
- Ecouter Yoa dans l’épisode du podcast Folie douce en 2024, par la journaliste Lauren Bastide
Il faut compter avec les jeunes, au point qu’un pédopsychiatre de Nantes, Alexandre Novo, s’est adressé directement à eux dans une lettre ouverte. “Chers enfants, chers adolescents, commence le médecin, qui exerce dans les établissements de l’association les Apsyades. Nous sommes désolés pour vous, que nous [les professionnels] ne vous voyons qu’après plusieurs semaines voire plusieurs mois d’attente au CMP [centre médico-psychologique]. Nous sommes également désolés pour vous que les psychologues, les infirmiers et les médecins scolaires soient de plus en plus rares”.
Les jeunes ont aussi des idées pour eux mêmes. Le Conseil économique, social et environnemental (CESE) le montre à travers un dispositif de participation citoyenne réunissant 20 jeunes entre 12 et 18 ans, tirés au sort, imaginé avec le collectif “La dynamique pour les droits de l’enfant”. Ensemble, ces jeunes réfléchissent à des solutions à mettre en place. “Les adultes ne savent pas comment s’y prendre par rapport à nous, estime Faustine, 16 ans, interrogée par la journaliste de Brut Leila Amrouche. Je pense que c’est nous, justement, qui pouvons faire changer les choses”. Leurs travaux donneront lieu à un avis du CESE sur la santé mentale des jeunes, attendu pour octobre.
- Regarder le reportage du 18 avril sur le média Brut
- Consulter l’avancée des travaux sur le site du CESE