Troubles addictifs

Mise à jour : 24/09/2024
Troubles addictifs
De nombreux dispositifs et structures existent pour accompagner les personnes concernées par une dépendance à l'alcool, au tabac, au cannabis, à l'héroïne ou au tiercé. L'entraide peut jouer un rôle décisif.

Les troubles addictifs, qu’est ce que c’est ?

Les troubles addictifs sont liés à l’utilisation de substances entraînant une dépendance, telles que l’alcool, le tabac ou les drogues. Ces substances, dites psychoactives, modifient notre fonctionnement mental. Elles sollicitent de manière excessive le circuit de récompense dans notre cerveau, celui qui produit la sensation de plaisir. A force, il devient impossible de se passer de ces substances. Cela a des conséquences négatives sur notre santé physique et mentale. 

Les troubles addictifs incluent l’alcoolisme, le tabagisme, les toxicomanies (consommation de cannabis, héroïne, cocaïne, amphétamines, dérivés de synthèse tels que méthamphétamine, poppers, etc.), l’addiction à certains médicaments (morphine, anti-douleur, etc.) mais aussi les addictions à un comportement, comme la pratique des jeux de hasard (cartes à gratter, loto, machines à sous), d’argent (tiercé, poker, roulette), les écrans (smartphone, ordinateur, télé, tablette), le sexe ou les achats compulsifs.

Depuis la publication de la 11ème édition de la Classification internationale des maladies, la CIM-11, par l’Organisation mondiale de la santé (OMS), les troubles addictifs sont nommés troubles dus à l’utilisation de substances ou à des conduites addictives

Les troubles addictifs peuvent avoir des conséquences importantes sur la vie affective, la famille, les amis et le travail. Malgré ces difficultés, il est possible de se rétablir de ces troubles.

Où commence la dépendance ?

Une personne qui utilise une substance psychoactive n’est pas forcément concernée par un trouble addictif. Elle peut subir des effets négatifs pour sa santé physique et psychique de cette consommation, sans se trouver en situation de dépendance pour autant. On parle alors d’usage nocif, comme précisé dans la Classification internationale des maladies (CIM). 

Plus nous utilisons un produit fréquemment ou à des doses toxiques, plus nous en subissons les conséquences. À l’inverse, moins nous utilisons un produit, ou si nous l’utilisons à des doses non toxiques, moins on en subit les conséquences, comme l’indique la Mission interministérielle contre les drogues et les conduites addictives (MILDECA). 

La dépendance, elle, se définit comme un ensemble de phénomènes comportementaux, cognitifs et physiologiques, survenant à la suite de la consommation répétée d’une substance psychoactive, associés à :

  • un désir puissant de prendre la substance
  • une difficulté à contrôler l’utilisation
  • une poursuite de l’utilisation malgré les conséquences nocives
  • un désinvestissement progressif des autres activités et obligations quotidiennes, au profit de cette substance
  • une tolérance accrue à la substance obligeant à augmenter les doses et parfois un syndrome de sevrage physique provoquant des tremblements, de l’anxiété ou des nausées.

Il existe des questionnaires simples à remplir et validés scientifiquement pour évaluer par nous mêmes si notre consommation d’alcool ou de cannabis est problématique.

Des sites de santé publique spécialisés donnent des repères pour répondre à la question de la dépendance pour d’autres substances. Par exemple, est ce que j’ai un problème de jeu ? Comment savoir si j’ai un problème de drogue ?

Enfin, le site Addict Aide a regroupé une série de tests qui permettent d’évaluer notre niveau de dépendance à l’alcool, au tabac, au cannabis, à Facebook, à internet et aux jeux d’argent.

Comment traiter les addictions ?

En prenant conscience de nos difficultés avec une substance, nous nous donnons les moyens de chercher des solutions et de demander de l’aide. Il est possible, dans certains cas, d’arrêter ou de réduire sa consommation sans aide, ou bien de se faire accompagner pour cela par un professionnel en addictologie, par exemple un ou une addictologue ou tabacologue.

Dans d’autres cas, il est nécessaire d’être pris en charge par une équipe composée de différents professionnels (médecin, psychologue, assistante ou assistant social), dans un lieu spécialisé. Ce suivi peut durer plusieurs mois, parfois plusieurs années. 

Le recours à la psychothérapie

Les psychothérapies sont l’occasion d’apporter une information adaptée sur les mécanismes de la dépendance, les effets du sevrage, les risques de rechute. Les thérapies cognitives et comportementales (TCC) proposent d’autres façons de faire face au stress et aux difficultés de la vie. De manière générale, les psychothérapies permettent de prendre du recul par rapport à nos problèmes, notre histoire et la place que peut y prendre l’addiction.

Le recours aux médicaments

Il existe des traitements de substitution pour les opiacés (héroïne, morphine) et le tabac. Le principe consiste à administrer un médicament ayant un effet similaire à la substance psychoactive mais permettant d’entamer le processus de sevrage. 

Dans le sevrage à l’alcool, des médicaments peuvent être prescrits pour aider au maintien de l’abstinence ou d’une consommation réduite

Des médicaments contre la dépression ou l’angoisse peuvent également être prescrits.

Les soins en hospitalisation

Une hospitalisation peut être proposée dans certains sevrages, notamment à l’alcool, aux drogues et aux médicaments, ou lors d’un épisode dépressif.

Des structures d’hospitalisation de courte durée prennent en charge le sevrage. Ensuite, d’autres structures prennent le relais telles que les centres de post-cure, les communautés thérapeutiques, les appartements thérapeutiques ou les séjours en famille d’accueil. Ce type de dispositif peut permettre de changer de contexte et de rompre avec un mode de vie trop lié à la conduite addictive.

S’aider par soi-même

Si le recours au soin peut s’avérer nécessaire en cas d’addiction, la personne peut aussi développer des ressources personnelles pour aller mieux. Nous pouvons par exemple, être attentif à nos rythmes de sommeil, à notre alimentation, pratiquer une activité physique que nous aimons, éventuellement pratiquer la relaxation ou la méditation.

Des échanges avec des personnes ayant vécu une situation de dépendance peut apporter un réel soutien. On peut pour cela contacter une association de patients et de proches,. On peut aussi rejoindre un forum de discussion ou une communauté de patients sur internet. 

Vivre avec une personne concernée par une addiction

L’entourage ne peut se substituer au médecin ou au psychothérapeute, mais il peut assurer un soutien essentiel dans ces moments difficiles. Ce soutien peut notamment consister à :

  • Aider son proche à chercher de l’aide, à consulter un professionnel et, si besoin, à suivre un traitement
  • Soutenir son proche dans les activités de la vie quotidienne
  • Évoquer les idées de suicide, afin de l’aider à trouver du soutien.

Des séances de thérapie familiale peuvent être proposées, notamment lorsque l’addiction concerne une ou un adolescent. Des groupes de parole à destination de l’entourage existent pour la plupart des addictions.

Cet article a été écrit par Estelle Saget (Psycom) à partir de la brochure Troubles addictifs rédigée par Marc Valleur (psychiatre et addictologue) et Céline Loubières (Psycom).

© Psycom – Tous droits réservés

Céline Loubières déclare ne pas avoir de liens d’intérêts avec des entreprises fabriquant ou commercialisant des produits de santé (médicaments, dispositifs médicaux, matériel médical, e-santé, marketing médical, etc.).

Estelle Saget déclare ne pas avoir de liens d’intérêts avec des entreprises fabriquant ou commercialisant des produits de santé (médicaments, dispositifs médicaux, matériel médical, e-santé, marketing médical, etc.).

Marc Valleur, psychiatre et addictologue, ancien médecin chef de l’hôpital Marmottan à Paris, n’a pas reçu entre 2019 et 2022 de financement d’entreprises fabriquant ou commercialisant des produits de santé (médicaments, dispositifs médicaux, matériel médical, e-santé, marketing médical, etc.).

Ces déclarations peuvent être vérifiées sur la Base Transparence Santé du Ministère de la Santé.