Les médicaments

Mise à jour : 25/09/2024
Les médicaments
Les médicaments psychotropes sont l'un des moyens de traiter les troubles psychiques. Leur objectif est de soulager la souffrance de la personne et de diminuer le trouble, afin de lui permettre d'avoir la meilleure vie possible.

Un médicament psychotrope, qu’est ce que c’est ?

Les médicaments utilisés pour traiter les troubles psychiques sont appelés médicaments psychotropes. Ils agissent sur le système nerveux central, en modifiant certains processus biochimiques et physiologiques du cerveau.

Les cellules nerveuses (neurones) synthétisent des substances appelées neuromédiateurs (ou neurotransmetteurs). Il s’agit principalement de la dopamine, la sérotonine et la noradrénaline. Ces neuromédiateurs interviennent dans le fonctionnement des neurones.

On observe une perturbation de ces neuromédiateurs dans certains troubles, comme les troubles dépressifs, les troubles bipolaires, les troubles anxieux ou les troubles schizophréniques. Les médicaments psychotropes agissent sur ces neuromédiateurs. Ils ont aussi des effets autres que psychiques, ce qui explique certains de leurs effets indésirables.

Ils sont habituellement classés en cinq grands groupes :

  1. anxiolytiques (tranquillisants)
  2. hypnotiques (somnifères)
  3. antidépresseurs
  4. stabilisants de l’humeur (dits aussi régulateurs de l’humeur, thymorégulateurs, ou parfois normothymiques)
  5. neuroleptiques (dits aussi antipsychotiques)

Des médicaments dits correcteurs sont parfois utilisés avec certains psychotropes, dans le but d’atténuer certains effets indésirables.

Qui prend ces médicaments ?

Il y aurait en France 3,8 millions de consommateurs réguliers de médicaments psychotropes et 8,9 millions de consommateurs occasionnels (Observatoire français des drogues et des toxicomanies OFDT, 2015).

En 2010, 18 % des 18-75 ans ont déclaré avoir pris au moins un médicament psychotrope au cours des 12 derniers mois. 10 % d’entre eux ont consommé un anxiolytique, 6 % un hypnotique, 6 % un antidépresseur, 0,7 % un régulateur de l’humeur et 0,9 % un neuroleptique.

Quels sont les bénéfices attendus ?

Le soulagement de la souffrance

L’objectif d’un traitement par médicament psychotrope est de soulager la souffrance de la personne et de diminuer le trouble psychique, afin de lui permettre d’avoir la meilleure vie possible. L’objectif n’est pas de normaliser la pensée ou de modifier la personnalité.

Le médicament, un moyen parmi d’autres

Le ou la médecin généraliste ou psychiatre, après avoir identifié les symptômes d’un trouble psychique, prescrit si besoin un traitement par médicament psychotrope. Il ou elle propose un accompagnement psychologique et médical pendant la durée du traitement. Ce suivi comprend l’évaluation des effets bénéfiques du médicament et la surveillance des effets indésirables

Le traitement des troubles psychiques fait appel à de multiples moyens, parmi lesquels le médicament. Ces moyens comprennent : contacts réguliers avec des soignants, psychothérapie, réhabilitation psychosociale, accompagnement médico-social, entraide mutuelle. Ainsi, le traitement ne se résume pas aux médicaments. 

Les anxiolytiques et les hypnotiques

Les anxiolytiques (ou tranquillisants), sont généralement utilisés pour soulager l’anxiété, les troubles anxieux, mais aussi les troubles du sommeil. Les anxiolytiques sont principalement des benzodiazépines (et apparentés). Certains antidépresseurs, des antihistaminiques, des bêtabloquants et certains neuroleptiques sont aussi utilisés pour soulager des symptômes anxieux.

Les hypnotiques (ou somnifères) sont utilisés pour traiter les troubles du sommeil (difficultés d’endormissement, réveil fréquent ou précoce). Il s’agit aussi principalement de benzodiazépines (ou apparentés) et de certains antihistaminiques.

Quels effets ? Quelles précautions ?

Le but d’un traitement par benzodiazépine est de soulager les symptômes d’anxiété et les troubles du sommeil, et d’en diminuer les conséquences physiques, psychiques et relationnelles.

Dans les troubles anxieux, les traitements non médicamenteux comme les thérapies cognitivo-comportementales (TCC) ou la relaxation sont à privilégier. Les médicaments sont à envisager lorsque ces thérapies ne suffisent pas ou ne sont pas disponibles.

Les benzodiazépines ne sont efficaces que sur de courtes durées. Au-delà, leur efficacité diminue et leurs effets indésirables persistent (troubles de la mémoire, risque accrue de démence, chutes, surtout chez les personnes âgées, accidents, troubles comportementaux, etc.).

Les antidépresseurs

Les antidépresseurs sont des médicaments psychotropes, principalement utilisés depuis les années 1960 dans le traitement de la dépression. Ils sont aussi utilisés dans le traitement de troubles anxieux, de douleurs chroniques, et de phases dépressives dans les troubles bipolaires.

Quels effets ? Quelles précautions ?

Le but du traitement de la dépression est de soulager la souffrance et la tristesse, de diminuer les conséquences physiques, psychiques et relationnelles, ainsi que le risque de suicide.

Quel que soit le niveau de dépression, la prise en charge repose en premier lieu sur un soutien psychologique qui peut être conduit par le médecin traitant, un ou une psychologue, un ou une psychiatre, pour les cas complexes et/ou sévères. Un soutien psychologique ou une psychothérapie suffit parfois à surmonter un épisode dépressif léger ou modéré.

Les médicaments antidépresseurs sont à envisager en cas de dépression sévère ou prolongée.

Tous les antidépresseurs peuvent causer des effets indésirables. La plupart sont peu gênants et apparaissent souvent en début de traitement. Certains effets indésirables sont graves, mais ils sont rares. Certains sont communs à tous les antidépresseurs, mais chaque groupe d’antidépresseurs a aussi des effets indésirables particuliers.

Les stabilisants de l’humeur

Les stabilisants de l’humeur (dits aussi régulateurs, thymorégulateurs ou normothymiques) sont des médicaments psychotropes utilisés dans le traitement des troubles bipolaires et de certains troubles dépressifs.

Les stabilisants de l’humeur sont principalement utilisés pour prévenir les récidives d’épisodes maniaques ou dépressifs chez les personnes souffrant de troubles bipolaires.

Quels effets ? Quelles précautions ?

Le lithium est le stabilisant de l’humeur de référence. Certains antiépileptiques sont aussi utilisés pour leur effet stabilisant de l’humeur : la carbamazépine (Tégrétol® ou autres), le valproate de sodium (Dépakine® ou autres) et le valpromide (Dépamide®), deux dérivés de l’acide valproïque, et la lamotrigine (Lamictal® ou autres). Une association de plusieurs stabilisants de l’humeur est parfois utilisée.

Chacun de ces médicaments expose à des effets indésirables et nécessite une surveillance. Des précautions doivent être prises, en particulier en cas de prise d’autres médicaments, qui peuvent augmenter ou diminuer leurs effets.

Le lithium est un médicament dont le dosage dans le sang est à surveiller régulièrement pour éviter des surdoses, aux conséquences parfois graves. Son association avec certains autres médicaments est à éviter

Les neuroleptiques (ou antipsychotiques)

Les neuroleptiques ont été utilisés pour la première fois en psychiatrie dans les années 1950. Ils ont changé le traitement des troubles dits psychotiques (en agissant par exemple sur les idées délirantes ou les hallucinations).

Le but des neuroleptiques, intégrés dans une prise en charge globale, est de diminuer la souffrance de la personne, d’améliorer son fonctionnement psychique du point de vue affectif, relationnel et social, et de diminuer le risque de suicide. L’objectif poursuivi est d’avoir la meilleure vie possible, pas de normaliser la pensée ou de modifier la personnalité.

Le terme général “médicaments neuroleptiques” (ou antipsychotiques) regroupe des médicaments provenant de plusieurs familles chimiques. On distingue deux grandes catégories de neuroleptiques : ceux dits de première génération (ou classiques) et ceux dits de deuxième génération (ou atypiques).

Quels effets ? Quelles précautions ?

Les différents médicaments neuroleptiques ont beaucoup d’effets communs. Généralement ils sont utilisés pour :

  • calmer des états d’agitation ou d’excitation. C’est l’effet dit sédatif.
  • lutter contre les troubles psychiques dits productifs (ou encore positifs) : la difficulté à organiser sa pensée, les perceptions sans objet (hallucinations), les délires, les idées de grandeur ou de soupçon généralisé. C’est l’effet dit antiproductif ou antipsychotique.
  • lutter contre les troubles psychiques dits déficitaires (ou encore négatifs), tels que la perturbation des émotions, qui peut aboutir à une sorte d’indifférence à tout, la perte d’initiative et de contact avec les autres, le ralentissement des mouvements et l’inertie. C’est l’effet dit désinhibiteur ou antidéficitaire.

Les neuroleptiques ont aussi des effets autres que psychiques, ce qui explique certains effets indésirables et certaines utilisations.

Globalement les neuroleptiques exposent les personnes aux mêmes risques d’effets indésirables, mais de façon variable pour chaque médicament. Tel ou tel effet est plus ou moins fréquent, ou plus ou moins intense avec tel ou tel médicament. Les troubles moteurs (raideur musculaire, tremblements, etc.) sont plus fréquents avec les neuroleptiques dits classiques et les troubles métaboliques (prise de poids, diabète, etc.), plus fréquents avec les neuroleptiques dits atypiques.

Ces informations aident à choisir les médicaments à essayer en premier et les médicaments qu’il est préférable d’éviter. Mais il existe aussi de grandes différences selon les individus. L’expérience de la personne qui prend les médicaments aide à savoir comment elle réagit à un neuroleptique donné.

Les correcteurs

Des médicaments dits correcteurs sont parfois utilisés avec certains médicaments psychotropes, dans le but d’atténuer certains de leurs effets indésirables.

Les personnes prenant un neuroleptique, surtout à forte dose, souffrent parfois d’effets indésirables neurologiques, dits parkinsoniens car ils ressemblent aux symptômes de la maladie de Parkinson. Il s’agit principalement tremblements et rigidité musculaire, lenteur et diminution des mouvements.

Quand l’arrêt des neuroleptiques ou une diminution des doses ne semble pas possible, l’ajout d’un médicament dit correcteur est parfois justifié, pour diminuer la gêne occasionnée par ces effets indésirables.

Quels effets ? Quelles précautions ?

Les médicaments dits correcteurs réduisent principalement les tremblements et la rigidité musculaire. Ils ont des effets indésirables, notamment neuropsychiques qui peuvent s’ajouter à ceux d’autres psychotropes.

L’intérêt des médicaments correcteurs est à réévaluer régulièrement en fonction de l’évolution des symptômes dits parkinsoniens et de l’effet des médicaments neuroleptiques.

Précautions particulières à prendre avec les médicaments

  • Femme enceinte (ou susceptible de le devenir), femme allaitant son enfant : il est prudent de vérifier avec un professionnel de santé l’absence d’éventuels effets nocifs des médicaments psychotropes pour la grossesse ou l’enfant. D’autres options peuvent être envisagées.
  • Personnes âgées : les posologies des médicaments sont souvent à adapter à l’état cardiovasculaire, cognitif, rénal et hépatique. Les personnes âgées sont particulièrement sensibles aux effets indésirables des médicaments, ce qui justifie souvent des posologies plus faibles que celles utilisées habituellement.
  • Fortes chaleurs : En cas de canicule ou de températures élevées, le fonctionnement de notre organisme se modifie. Par exemple, la transpiration s’accentue. Or des médicaments peuvent perturber nos mécanismes de régulation du froid ou du chaud. “Certains neuroleptiques, tranquillisants et antidépresseurs augmentent les risques de coup de chaleur [montée importante et dangereuse de la température du corps] en cas de canicule”, souligne la revue médicale indépendante Prescrire dans son numéro d’avril 2024. D’autres médicaments, comme le lithium, peuvent voir leur efficacité modifiée en cas de déshydratation.
    • A l’approche d’une vague de chaleur, il est important d’interroger les professionnels de santé pour savoir s’il faut continuer, modifier le dosage ou arrêter son traitement.

Comment favoriser le dialogue autour des médicaments

Il est parfois difficile pour la personne de parler de ses troubles psychiques et de ses traitements. Pourtant, c’est essentiel pour être compris. Le rôle des soignants est d’aider la personne à obtenir une vie meilleure, en tenant compte de son vécu et de son savoir sur la maladie.

Un dialogue ouvert avec les soignants est essentiel à la prise en compte des besoins et des difficultés de la personne concernée par un trouble psychique.

Pour savoir quelles questions poser au médecin, à l’infirmier ou au pharmacien, la personne peut s’inspirer du document 5 questions à poser à propos de vos médicaments. Réalisé par l’Institut pour la sécurité des médicaments aux patients du Canada, il liste les questions utiles, par exemple : “Est ce que des médicaments ont été ajoutés, supprimés ou changés et pourquoi ?” Ce document peut aussi être affiché dans les lieux de soin afin d’améliorer la communication entre la personne et le personnel soignant. 

Mieux connaître les médicaments

  • Vous vous posez des questions sur un médicament en particulier ?
    Vous pouvez consulter les informations officielles sur le site dédié aux médicaments du Ministère de la santé. Vous y trouverez : le résumé des caractéristiques du produit (RCP), dont les utilisations thérapeutiques autorisées, précautions d’emploi, contre-indications, prix, taux de remboursement, la notice d’utilisation dans sa version la plus récente, Foire aux questions (FAQ) médicament. 
  • Vous souhaitez déclarer un effet indésirable d’un médicament ?
    Que cet effet soit mentionné ou non dans le RCP ou dans la notice du médicament, tout effet indésirable suspecté d’être dû à un médicament doit être déclaré aux autorités compétentes.
    Que vous soyez patient, proche de patient, association de patients ou professionnel de santé, vous pouvez faire cette déclaration sur le site Signalement-sante.gouv.fr

Le vrai nom du médicament

La dénomination commune internationale (DCI) est le vrai nom du médicament, différent du nom de marque sous lequel il est commercialisé. La DCI est déterminée par l’Organisation mondiale de la santé (OMS). En général, certaines syllabes indiquent la famille du médicament : en les lisant, les professionnels de santé du monde entier ont alors une idée des propriétés de la substance.

Par exemple, tous les médicaments dont la DCI se termine par –pride, –péridone ou –péridol sont des neuroleptiques. Tous les médicaments dont la DCI se termine par -oxétine ont, entre autres, une action sur la sérotonine semblable à celle la fluoxétine.

La DCI est indiquée dans le paragraphe « composition », sur la boîte ou dans la notice du médicament, et en principe, depuis 2015 sur l’ordonnance. Parfois, en particulier quand il s’agit d’un médicament générique, la DCI est intégrée dans le nom commercial figurant en gros sur la boîte.

Utiliser la DCI permet d’éviter des confusions, telles que la prise du même médicament sous deux noms commerciaux différents. Elle permet de mieux communiquer avec les soignants. Et elle est très utile en voyage, car les noms de marque changent, mais la DCI est la même dans tous les pays.

Par exemple, en France, l’halopéridol a été commercialisé sous le nom Haldol®. Mais dans d’autres pays européens, il a été commercialisé sous les noms Aloperidin®, Dozic®, Serenase®. La paroxétine a été commercialisée en France sous le nom Deroxat®, de Seroxat® en Belgique, de Paroxalon® en Allemagne ou de Motivan® en Espagne.

  • Consulter la Base de données publiques sur le médicament pour trouver les informations officielles du Ministère de la Santé, ou faire une recherche par médicament.
  • Signaler un effet indésirable suspecté d’être lié à un médicament, sur le portail de signalement du Ministère de la Santé.
  • Consulter les ressources Prescrire, un ensemble d’informations rigoureuses et fiables sur les traitements et les stratégies de soins.

Cet article a été écrit par Aude Caria et Céline Loubières (Psycom) à partir de la brochure Les médicaments psychotropes.

© Psycom – Tous droits réservés

Aude Caria déclare ne pas avoir de liens d’intérêts avec des entreprises fabriquant ou commercialisant des produits de santé (médicaments, dispositifs médicaux, matériel médical, e-santé, marketing médical, etc.).

Céline Loubières déclare ne pas avoir de liens d’intérêts avec des entreprises fabriquant ou commercialisant des produits de santé (médicaments, dispositifs médicaux, matériel médical, e-santé, marketing médical, etc.).

Ces déclarations peuvent être vérifiées sur la Base Transparence Santé du Ministère de la Santé.