La prise de parole en public

Mise à jour : 04/03/2024
La prise de parole en public
Quand on est concerné par un problème de santé mentale, on peut décider de témoigner à ce sujet. Raconter notre propre histoire peut changer le regard des autres sur ces questions et aussi contribuer à notre rétablissement.

Pourquoi témoigner quand on est concerné par un problème de santé mentale

Pour que mon expérience compte

En décidant de partager mon vécu, j’accorde de la valeur à ce que je traverse. Je suis digne d’être écouté, à l’égal d’autres citoyennes et citoyens qui s’expriment devant un auditoire, sur des blogs, sur leur chaîne vidéo ou dans les médias. Je considère que mon expérience compte.

Les personnes amenées à témoigner avec l’accompagnement de Psycom (voir plus bas) insistent souvent sur les bénéfices qu’elles retirent à faire le récit de leur propre histoire. Le fait que leur parole soit entendue et leur savoir, reconnu, est, selon leurs mots, “valorisant”, “gratifiant”. Cela aide à “garder l’équilibre”.

Pour que d’autres puissent s’y reconnaître

Chaque personne est unique et son expérience des troubles psychiques l’est aussi. Pourtant, en lisant ou en écoutant notre témoignage, d’autres peuvent s’y reconnaître et se sentir moins seuls.  

Je prends la parole publiquement pour montrer que tout cela n'a pas été vécu pour rien et pour aider d'autres personnes à avancer plus vite.

Masha, réseau Psycom

Pour changer les mentalités

En écoutant notre histoire, les autres comprennent mieux ce que c’est, de rencontrer un problème de santé mentale. Ils peuvent se mettre à notre place, se demander comment eux-mêmes auraient réagi dans une telle situation.

Notre récit peut contribuer à changer les mentalités ainsi que la manière de considérer la santé mentale en général, et les troubles psychiques en particulier. Le témoignage d’une personne a un impact fort sur les idées reçues. Il permet une rencontre, même virtuelle. Or ce sont les rencontres, davantage que l’énoncé de faits ou de chiffres, qui amènent à voir les choses autrement.

Le public qui nous regarde ou nous lit peut adopter un nouveau point de vue sur le trouble bipolaire, la dépression, le burn-out ou d’autres troubles.

Des questions à se poser avant de se décider

Prendre la parole peut être bénéfique pour nous. Toutefois, cela peut nous fragiliser si nous traversons une période particulièrement difficile, si le lieu ou les conditions ne nous conviennent pas. Aussi, avant de créer son blog ou de répondre « oui » lorsqu’on est sollicité pour s’exprimer en public, il est utile de se demander si c’est le bon endroit, le bon moment.

Voici des questions qui peuvent nous aider à prendre notre décision.

“Est-ce que je traverse une période où mes émotions sont fortes, où je me sens souvent déstabilisé ?”

Si oui, il pourrait être plus judicieux de reporter le projet.

“Comment je réagirais si une personne de l’auditoire ou un internaute exprimait son désaccord avec ce que j’ai dit ou écrit ? Est-ce que je me sens prête ou prêt à en discuter, ou cela serait-il trop douloureux ?”

Entendre un autre point de vue lorsqu’on parle de son expérience personnelle peut être compliqué. Si je redoute cette situation, je peux choisir pour commencer des conditions où je n’y serai pas confrontée. Je peux par exemple raconter mon histoire sur un site où la partie « commentaires » est fermée.

Prendre la parole avec Psycom

Notre réseau de personnes prêtes à témoigner

Psycom a créé un réseau de personnes concernées par un trouble psychique, prêtes à témoigner de leur expérience. Depuis ses débuts en 2014, de nouveaux membres le rejoignent régulièrement, tandis que d’autres le quittent pour s’investir dans d’autres projets. Le réseau, animé par une personne de l’équipe Psycom, compte actuellement une trentaine de membres.

Les participantes et participants sont tous engagés dans une démarche de rétablissement. Leur souhait est de partager leur expérience de la maladie mais aussi de parler de leurs forces et des ressources qu’elles mobilisent. Chacune et chacun a intégré le réseau Psycom à sa demande.

Le réseau compte, en plus, des proches et des aidants. Ces personnes s’expriment sur leur propre parcours, et non sur celui de leur proche concerné par un trouble psychique.

Intervenir devant des professionnels, des étudiants ou dans un média

En animant ce réseau, Psycom a pour but de valoriser et transmettre le plus largement possible la parole, les savoirs et expériences des personnes concernées par un trouble psychique. Les interventions de ses membres visent aussi à mieux faire connaître la notion de rétablissement.

Psycom propose aux personnes de son réseau de témoigner auprès de différents publics, en fonction de leurs souhaits. Il peut s’agir de prendre la parole lors : 

  •  d’une action de sensibilisation à la santé mentale, comme l’animation d’un stand à l’occasion de rencontres ou d’un festival
  • d’un congrès réunissant des professionnels de la santé, du social ou de l’éducation
  • d’un cours auprès d’étudiants et d’étudiantes dans un cursus de santé
  • d’un groupe de travail organisé par Psycom pour l’élaboration d’une brochure d’information sur un sujet comme la défense des droits ou les médicaments
  • d’une interview ou d’un témoignage dans un média de presse écrite, radio ou télé.  

Avant, pendant, après : comment Psycom accompagne chacune et chacun

Au fil des années, Psycom a mis au point une méthode pour accompagner au mieux les membres de son réseau dans leur prise de parole en public. Ainsi, la personne responsable de l’animation du réseau est présente avant, pendant et après cette prise de parole.

Avant, le temps de la préparation

La ou le membre du réseau peut choisir de prendre la parole en petit comité, ou devant un public plus large. Lors de la première rencontre avec la personne de Psycom, la discussion porte notamment sur :

  • ce que la personne souhaite partager de son histoire et de son parcours,
  • dans quelles conditions, par exemple sous couvert d’anonymat ou non, à l’oral ou à l’écrit, filmé ou en direct,
  • dans quel contexte, par exemple un cours à l’université, une action de sensibilisation,
  • face à quel type de public, par exemple des étudiants, des professionnels de la santé mentale, des citoyens.

La ou le membre du réseau va ensuite se pencher sur la construction de son récit. Elle réfléchira à des questions telles que : que dire, que taire ? Comment me faire comprendre ? La personne choisit le message qu’elle veut transmettre. Il ne s’agit pas de lui faire dire ce qui serait le plus pertinent aux yeux de Psycom, mais bien de l’aider à faire passer les idées ou les informations qui lui paraissent importantes.

Pendant, le jour J 

La personne garde, jusqu’au dernier moment, la possibilité de revenir sur sa décision de témoigner. En effet, il peut arriver, malgré le désir de raconter son histoire, que la personne ne souhaite finalement plus s’exprimer en public. Ce cas de figure est prévu et le choix de la personne, respecté.

Le jour J, le témoignage peut prendre la forme d’une intervention seul ou bien à deux, avec une personne de l’équipe Psycom.

Après, le temps du retour sur la prise de parole

Après l’intervention, il est prévu un temps de retour sur cette expérience. C’est l’occasion pour la personne de partager son ressenti, de dire ce qu’elle a apprécié et ce qui l’a mis en difficulté, de discuter sur ce qu’elle pourrait faire différemment une prochaine fois

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