[REVUE DE PRESSE] La Mad Pride, en français la marche des “fiertés folles”, est revenue dans 7 villes en France pour une nouvelle édition, le 11 octobre. Les organisateurs l’ont voulu plus radicale, la participation aux défilés étant réservée aux personnes concernées par un trouble psychique, à l’exclusion des soignants.
En ne conviant pas les professionnels de la santé mentale, contrairement aux éditions précédentes, les organisateurs ont souhaité faire mieux entendre la voix des personnes concernées, en cette année de Grande Cause sur le thème de la santé mentale. L’évènement, couvert par de nombreux médias, a réuni plusieurs centaines de personnes à Paris, Bordeaux, Brest, Lille, Lyon, Montpellier, Toulouse, et la semaine suivante à Nyons et Marseille.
La première Mad Pride dans le monde s’est déroulée à Toronto (Canada) en 1993. En France, la première édition s’était tenue à Paris en 2014. Celle de 2025 a été lancée à l’initiative des associations de personnes concernées Démocrapsy et Advocacy, du collectif Comme des Fous, de l’artiste nan marci, et relayée dans chaque ville par des comités locaux.
A Paris, ce 11 octobre, les participants brandissent des pancartes où on peut lire “Fou et fier”, “Je ne suis pas mon diagnostic”, “Ta psychophobie m’envahit”, “J’suis pas bizarre, j’suis bipo”, “Détraqué.e ? non, le système : oui !”, “Bi-solaire”, “Rien sur nous sans nous“. A l’occasion de cette Mad Pride dite “autonome”, les organisateurs demandent la fin de la contention et de l’isolement en psychiatrie – une revendication portée également par des soignants et des proches (voir notre revue de presse du 29 septembre).
Mais ils vont plus loin en demandant, aussi, la fin des soins sans consentement, à travers l’abrogation de la loi de 2011. « J’ai été enfermé, témoigne Loys, dans le reportage des journalistes de Street Press Delphine Cerisuelo et Fiora Garenzi. Je suis un survivant de la psychiatrie. Aujourd’hui, je viens pour reprendre la parole. »
La Mad Pride s’inscrit, dès son origine, dans le mouvement de l’antipsychiatrie. Dans leur appel à manifestation, les organisateurs de la Mad Pride Lyon le définissent comme “un ensemble de courants critiques de la psychiatrie et du système social partagé de valeurs et croyances faisant de la personne « saine d’esprit » la norme sociale”.
- Lire leur appel sur le site alternatif Rebellyon.info
- Ecouter le manifeste des personnes “consternées” par la psychiatrie et leurs revendications sur la chaîne YouTube du collectif Comme des fous
- Regarder la vidéo avec Joan (Comme des fous), nan marci (artiste) et Jonathan (personne concernée), mise en ligne le 6 octobre sur la chaîne YouTube de la revue Lundi matin
Chacun des défilés a sa propre affiche et sa propre tonalité. A Brest, près de 300 personnes ont marché derrière la banderole en breton “oll ha fier” (tous et fiers) pour la défense des droits des personnes suivies en psychiatrie, racontent les journalistes de France 3 Benoit Levaillant et Chloé Tempéreau. “Il y a la question des traitements médicamenteux à l’hôpital, détaille Alex Kervran, du collectif Espas Dezordr, dont les personnes ne sont pas forcément informées [elles ne savent pas ce qui leur est prescrit]”.
A Nyons, petite ville de la Drôme, une Mad Pride s’est tenue quelques jours plus tard, le 16 octobre jour de marché, à l’initiative du Groupe d’entraide mutuelle local (GEM) local, L’Oasis. Avec pour slogan : “Soyons fous, soyons-nous.”
A Marseille, la Fada Pride, appellation locale de la Mad Pride, a pris la forme d’un rassemblement le samedi suivant, le 18 octobre. Les discours ont notamment souligné le manque de moyens en psychiatrie : “le système de soins est à bout de souffle […], les urgences psys te renvoient avec un Xanax et au lit”, a déclaré Anakin, membre du collectif organisateur.
Le même jour, le 18 octobre, s’est tenue à Lyon une marche baptisée la Psy Parade, contre la stigmatisation des personnes concernées. Lancée par l’antenne du Rhône de l’Union Nationale des Familles Malades et/ou Handicapés Psychiques (Unafam), cette première Psy Parade revendique un état d’esprit différent de celui des Mad Pride. “L’objectif était de réunir autour d’un événement festif les personnes concernées par les troubles psychiques, les proches et les soignants”, explique Sylvie Jardot, déléguée de l’Unafam 69. “On n’est pas les uns contre les autres, affirme-t-elle à la journaliste de France 3 Dolores Mazzola. Or, souvent, on nous oppose”.