Les psys, ce n'est pas que pour les fous

Publié le 12/06/2023
Une majorité des Français ne consultent pas de psychothérapeute alors même qu'ils en auraient besoin. En cause, le tabou, mais aussi le coût des séances.

[VU SUR LE WEB] Pousser la porte du cabinet d’une ou d’un psychothérapeute : la démarche reste difficile pour une majorité des Français. L’étude réalisée par Ipsos en février 2023 le confirmait. Des préjugés, notamment, dissuadent de nombreuses personnes de se tourner vers un professionnel de la santé mentale, alors qu’elles en auraient besoin.

L’idée reçue selon laquelle “les psys, c’est pour les fous” a la vie dure. Déjà, le terme de “fous” ne renvoie à aucune réalité médicale. Ensuite, chacune et chacun peut avoir besoin un jour dans sa vie, de débuter une thérapie. D’ailleurs, des médias se mobilisent pour lever les freins à aller consulter, parmi lesquels Konbini, avec sa série “Engagé.e.s pour ma santé mentale” dont la dernière vidéo a été mise en ligne le 5 juin. 

Ce sont les derniers chiffres disponibles : 61 % des Français sont touchés par un problème de santé mentale, selon l’étude Ipsos commandée par la plate-forme de téléconsultation Qare. Et 80% d’entre eux ne consultent pas de spécialiste, preuve que “le tabou persiste”, écrit Florine Cauchie, journaliste de Neon magazine. 

Reconnaissons-le : il est tellement plus facile de se confier à sa coiffeuse, à une chauffeure de taxi ou au patron du bistrot d’à côté… La journaliste Anna Carolina Berlinck Assuncao a rencontré trois de ces “psychologues malgré eux”. Elle nous pousse à nous interroger : sont-ils vraiment les mieux placés pour apporter un soutien psychologique ? Au tour de Chloé, psychologue, de prendre la parole : “Dans la tête de beaucoup de gens, aller voir des psychologues c’est réservé à une certaine classe sociale. Mais c’est pas le cas, en tout cas ça devrait pas l’être”. 

Pouvoir s’identifier à des personnes qui ont déjà consulté peut aider à sauter le pas. Les témoignages se multiplient, justement, offrant une variété toujours plus grande de profils. Comme celui d’Adrien, 25 ans. A la journaliste de Konbini Yasmine Mady, il raconte : “Je suis un mec de quartier avec une culture africaine et musulmane, donc le psy, quand tu y vas, on te voit comme un fou. Ce sont mes potes qui m’ont aidé à franchir ce cap”.

  • Lire son témoignage sur Konbini
  • Regarder le témoignage de Nicolas, qui brise les tabous sur l’hospitalisation, sur notre site Psycom.org
  • Regarder la vidéo avec l’influenceuse Paola Locatelli “Ca fait tellement du bien d’aller chez une psy”, sur Konbini

Autre frein : la difficulté à s’y retrouver parmi “les psys”. Dans une vidéo drôle et pédagogique à la fois, le journaliste de Konbini Pierre Schneidermann met en scène des Monsieur Patate, un jeu pour enfants où l’on fabrique des personnages en forme de pommes de terre. L’occasion d’expliquer les différences entre un psychiatre, un psychologue, un psychanalyste et un psychothérapeute. 

Il y a le tabou, mais il y a aussi le coût des consultations. La journaliste Laure Dasinières constate dans Slate que “La psychothérapie reste un luxe”. Et de noter : “De nombreuses personnes atteintes de [troubles psychiques] se retrouvent dans une situation où une prise en charge psychothérapeutique est inabordable ou demande d’importants sacrifices financiers”.

  • Lire l’article sur Slate

Le dispositif de séances remboursées par l’Assurance maladie, MonParcoursPsy, est en place depuis plus d’un an. France Assos Santé, le regroupement des associations d’usagers en santé, soutient le principe mais pointe les limites du système actuel, dans son article mis en ligne le 3 mai. 

  • Lire l’entretien avec Florence Navattoni, coordinatrice adjointe du service Santé Info Droits sur le site de France Assos Santé
  • Consulter leur fiche pratique MonParcoursPsy, avec à la fin le point de vue de France Assos santé

La rédaction de Konbini a mené une enquête sur le dispositif MonParcoursPsy, en testant la disponibilité des psychologues l’ayant intégré pour les treize capitales de région françaises et des Outre-mer. Résultat : 48% des professionnels contactés ont proposé un rendez-vous, les autres n’ayant pas de disponibilité ou étant injoignables. 

  • Lire tous les résultats de l’enquête mise en ligne le 29 mai sur Konbini
  • Lire la réaction de Marguerite Cazeneuve, directrice déléguée de l’Assurance maladie, sur LinkedIn.