Ce que l'on sait de l'effet des canicules sur notre santé mentale

Publié le 24/06/2022
Une nouvelle étude scientifique montre que les passages aux urgences psychiatriques augmentent lorsque les températures sont très élevées. On commence à mieux comprendre le lien.

[VU SUR LE WEB] Avec les records de température enregistrés en France entre le 15 et le 19 juin, la question a été de nouveau posée : notre santé mentale souffre-t-elle de la canicule ? Le lien entre les fortes chaleurs et un état de mal-être devient, en effet, un sujet important pour les scientifiques. Ainsi, une nouvelle étude publiée dans la revue scientifique Jama Psychiatry montre une augmentation des passages aux urgences psychiatriques, aux Etats-Unis, durant ces épisodes. 

Les chercheurs ont analysé la fréquentation sur dix années, de 2010 à 2019. Ils ont constaté que le nombre de personnes se présentant dans un service d’urgences psychiatriques augmentait en moyenne de 8% quand les températures se situaient dans les 5% les plus élevées sur la période. Les auteurs de l’étude suggèrent que cet afflux soit anticipé, avec un renforcement du système de soins lorsqu’une canicule est annoncée. 

Selon l’étude, cette augmentation concernerait l’ensemble de la population, et pas seulement les personnes vivant avec un trouble psychique. 

  • Lire l’article sur le magazine Elle
  • Lire l’article sur le quotidien britannique The Guardian (en anglais) et l’étude en accès libre sur Jama Psychiatry (en anglais)

Parmi les causes avérées de cet état de mal-être, certaines sont physiologiques. Par exemple, le sommeil peut être de mauvaise qualité quand les nuits sont trop chaudes. Par ailleurs, certains médicaments peuvent majorer les effets de la chaleur, parmi lesquels des neuroleptiques et des antidépresseurs. D’autres peuvent devenir moins efficaces en raison de la transpiration ou de la déshydratation. 

  • Se renseigner sur les risques médicamenteux, expliqués par l’Assurance Maladie
  • Lire le témoignage d’Emilie Gratreau, concernée par le trouble borderline, sur le Huffington Post
  • Lire l’article de Positivr, avec le point de vue de Aude Caria, directrice de Psycom

Il existe aussi des causes psychiques. Par exemple, les épisodes de canicule augmentent l’anxiété liée aux menaces pesant sur l’environnement, connue sous le nom d’éco-anxiété. 

Les changements climatiques dans leur ensemble, parmi lesquels les inondations, la montée du niveau de la mer ou encore les cyclones, influent négativement sur notre santé mentale. Un fait qui a pu être établi dans le rapport rendu en février par le Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat (GIEC). L’Organisation mondiale de la santé (OMS) vient donc de demander que les pays incluent le soutien à la santé mentale des citoyens dans leurs mesures pour faire face à ces phénomènes.

Dans sa note d’orientation du 3 juin, l’agence des Nations Unies cite l’exemple de l’Inde. “Un projet national [y] a permis de généraliser la réduction des risques de catastrophe tout en préparant les villes à faire face aux risques climatiques et à répondre aux besoins en matière de santé mentale et de soutien psychosocial”, peut-on lire dans le document.