Une demande d'euthanasie pour souffrance psychique suscite de nombreuses questions

Publié le 05/02/2023
Olympe, une jeune femme de 23 ans, affirme avoir sollicité des médecins en Belgique pour un suicide assisté. Cette pratique n'est actuellement pas autorisée en France.

Avertissement/Certains articles apparaissant dans cette revue de presse font état de situations de souffrance extrême. Ils peuvent être difficiles à lire, en particulier pour les personnes concernées par un trouble psychique ou leurs proches.

[VU SUR LE WEB] Une jeune Française a annoncé sur Instagram, le 11 janvier, avoir sollicité une euthanasie auprès de médecins en Belgique, en raison de sa souffrance psychique. Cette déclaration a suscité un grand nombre de réactions. La jeune femme de 23 ans, connue sous le pseudonyme d’Olympe, est en effet très suivie sur les réseaux sociaux. Sa requête a aussi soulevé des questionnements sur une pratique rare mais légale en Belgique, aux Pays-Bas, au Luxembourg et en Espagne.

L’euthanasie n’est pas autorisée en France, ni pour les souffrances physiques ni pour les souffrances psychiques. La demande de la jeune femme intervient alors que les participants à la Convention citoyenne sur la fin de vie se penchent jusqu’au 19 mars sur la question d’un éventuel changement de la loi française. Les citoyens sont d’ailleurs appelés à contribuer en apportant leur témoignage en ligne. 

Dans la courte vidéo postée sur son compte Instagram, Olympe déclare, face à la caméra : “Le dernier trimestre 2023, je vais avoir recours au suicide assisté en Belgique. Je suis déjà en contact avec des médecins. Ma décision est une décision qui a été prise à tête reposée et c’est comme ça, je ne demande à personne de la juger (…). Je suis très fatiguée et je ne dis à personne que c’est la solution”. 

  • Voir la vidéo postée par Olympe
  • Lire l’article sur Le Midi Libre 
  • Lire sur Twitter le témoignage d’Armelle, concernée par la dépression, qui s’était renseignée elle aussi sur l’euthanasie en Belgique

Même si l’euthanasie en lien avec un trouble psychique est légale en Belgique, certains cas ont suscité des interrogations. L’euthanasie l’an dernier de Shanti De Corte, une jeune femme de 23 ans souffrant d’un trouble de stress post-traumatique depuis l’attentat survenu à l’aéroport de Bruxelles en 2016, en fait partie.

En 2020, un procès s’est tenu à Gand (Belgique) devant la cour d’assises pour empoisonnement, contre les trois médecins impliqués dans l’euthanasie pour souffrances psychiques de Tine Nys, une femme de 38 ans. Deux de ses soeurs avaient déposé plainte. C’était la première fois que des médecins devaient répondre de tels faits depuis l’entrée en vigueur de la loi belge sur l’euthanasie en 2002. Ils ont été acquittés. 

  • Lire le récit d’audience sur le site de la RTBF

Et en France ? La question d’un changement de la loi est actuellement débattue.  Si la Belgique autorise l’euthanasie en cas de souffrance psychique « constante et insupportable » liée à une affection « grave et incurable », ces critères restent complexes à définir, note la journaliste Lise Abou Mansour dans 20 Minutes. 

Ailleurs dans le monde, les mêmes questions se posent. Le débat “oppose ceux qui affirment qu’une maladie mentale peut causer autant de souffrance et de handicap qu’une maladie physique à ceux qui soutiennent qu’il existe des traitements pour guérir ces troubles et qu’il ne faut pas aider ces personnes à mourir”, explique la journaliste María Elena Navas de BBC News.

Elle donne la parole à deux spécialistes espagnols. Le psychiatre Manuel Bousoño est opposé à cette procédure, même si elle est légale dans son pays : “De nombreuses maladies psychiatriques présentent une tendance au suicide qui pourrait amener [ces personnes] à chercher une issue dans l’euthanasie, même si leur maladie est traitable, voire guérissable avec les moyens appropriés”. Partisan de cette pratique, le professeur de bioéthique David Rodríguez-Arias estime que supposer qu’une personne atteinte de troubles mentaux est nécessairement incapable de prendre des décisions concernant sa santé est “un préjugé courant“. “Vous ne pouvez pas directement supposer qu’une personne atteinte de troubles mentaux est incapable de prendre des décisions”, explique-t-il.