Ce qui augmente le risque d’un burnout
Le risque de souffrance au travail et de burnout augmente lorsqu’une entreprise, ou bien un poste précis au sein de cette entreprise, cumule certains facteurs. Ceux-ci sont aujourd’hui clairement identifiés par les chercheurs, qui les rangent en six grandes catégories (INRS, 2019).
Ces facteurs ne produisent pas leurs effets de manière systématique. Néanmoins, il est utile de les connaître pour réunir le maximum d’informations pertinentes au moment d’accepter un emploi. Nous pouvons aussi les passer en revue lorsque nous occupons déjà un poste, pour évaluer le risque auquel nous nous exposons et trouver des arguments pour obtenir des adaptations. A l’échelle de l’entreprise ou de l’établissement, ces facteurs sont autant de leviers que l’employeur ou les instances représentatives du personnel peuvent actionner pour améliorer la qualité de vie au travail.
L’intensité du travail
Plus la durée du travail est élevée, plus le rythme est intense, et plus le risque augmente. Parmi les facteurs entrant dans cette catégorie : les longues journées de travail, les horaires atypiques (par exemple le travail de nuit, en fin de semaine ou avec de longues coupures dans la journée), les horaires imprévisibles, les contraintes de rythme comme des délais serrés et stricts ou des cadences élevées, les objectifs irréalistes ou flous, l’exigence de polyvalence non maîtrisée (il faudrait savoir tout faire sans avoir reçu de formation pour cela), les instructions contradictoires et plus généralement, le déséquilibre entre beaucoup d’efforts demandés et peu de récompense.
Les exigences émotionnelles
Certains métiers ou certaines cultures d’entreprise impliquent de maîtriser ses propres émotions et de montrer, à la place, des émotions jugées appropriées. Cette nécessité concerne particulièrement les métiers de services (par exemple hôtesse de l’air, steward, contrôleur des transports en commun), les métiers relationnels (par exemple dans le commerce, l’enseignement, la formation) ou encore les professions du soin. Les exigences émotionnelles sont élevées lorsque l’affichage du sourire ou de la bonne humeur est imposé en toutes circonstances, lors du contact avec le public dans des situations pouvant générer des tensions et au contact de la souffrance ou la détresse humaine.
Le manque d’autonomie
Faute d’autonomie dans notre travail, nous n’avons pas le pouvoir de nous organiser à notre façon et de mettre à profit notre expérience pour atteindre les objectifs qui nous sont fixés. Cela inclut le fait d’avoir peu de marge de manœuvre au moment de prendre nos décisions, de ne pas être consulté quant à la manière d’effectuer les tâches qui nous sont confiées, de ne pas pouvoir mobiliser l’ensemble de nos compétences ni prendre des initiatives.
Les relations dégradées entre collègues
Lorsque les rapports sociaux sont dégradés au travail, le risque de souffrance et de burnout augmente. Cette catégorie inclut les relations avec les collègues ou avec la hiérarchie, l’aide reçue et la reconnaissance obtenue de leur part, l’équité entre collaborateurs dans les efforts demandés et les avantages octroyés. De manière plus large, cela concerne aussi les perspectives de carrière, les procédures d’évaluation du travail, l’attention portée au bien-être des personnes. Les situations de harcèlement moral entrent également dans cette catégorie.
Les conflits de valeurs
Il peut exister un conflit entre ce qui est exigé de nous au travail et nos valeurs professionnelles, personnelles ou sociales. Nous pouvons souffrir, par exemple, de faire un travail que nous jugeons inutile, de vendre un crédit à des personnes à très faibles revenus alors que nous jugeons cette pratique non éthique, ou encore de faire la promotion d’une méthode que nous savons inefficace.
L’insécurité vis à vis de l’avenir
Plus nous éprouvons de l’insécurité par rapport à notre emploi, plus le risque de souffrance augmente. Il peut s’agir de la peur de le perdre, mais aussi de voir baisser notre niveau de salaire, que notre contrat précaire ne soit pas renouvelé, que notre métier change ou disparaisse, que l’établissement ou l’entreprise qui nous salarie connaisse des restructurations nous obligeant à changer de poste ou à déménager.