Il existe une convention appelée AERAS (s’Assurer et Emprunter avec un Risque Aggravé de Santé), visant à faciliter l’assurance et l’emprunt pour les personnes ayant ou ayant eu un problème grave de santé. Cependant, aucun trouble psychique ne figure dans la liste des maladies permettant d’en bénéficier, actualisée en mars 2022. De la même façon, un « droit à l’oubli » est inscrit clairement dans la loi pour les anciens malades d’un cancer ou d’une hépatite C. Ce droit consiste en l’absence d’obligation de déclarer à l’assureur une pathologie, au bout de plusieurs années. Les troubles psychiques ne sont pas concernés par le droit à l’oubli.
Craignant de devoir renoncer à leur projet, certaines personnes envisagent de ne pas donner toutes les informations au moment de répondre au questionnaire de santé. Une fausse déclaration expose au risque de ne pas bénéficier des garanties prévues, comme on le voit dans les questions posées à Santé info Droits (voir page 46 du rapport 2020 de l’Observatoire de France Assos Santé sur les droits des malades).
Les relations sexuelles
Nous avons le droit à mener une vie privée quand nous vivons avec un trouble psychique. Nous avons à la fois la liberté sexuelle et le libre choix de notre orientation sexuelle.
Les personnes en situation de handicap psychique sont aptes à consentir librement et de manière éclairée à un acte sexuel, comme le rappelle le chercheur Valentin Gazagne-Jammes dans son article paru en 2020 dans la Revue des droits et libertés fondamentaux. C’est également le cas si l’on fait l’objet d’une mesure de protection telle que la tutelle ou la curatelle.
Certains troubles peuvent être à l’origine de comportements sexuels excessifs et mettre la personne en danger. D’autres peuvent entraîner des problèmes sexuels. Par ailleurs, les traitements par médicament peuvent provoquer des dysfonctionnements sexuels. Ces questions restent taboues, mais nous pouvons les aborder avec un professionnel de la santé mentale, comme le suggère la stratégie nationale de santé sexuelle lancée en 2018 par le ministère de la Santé (voir l’action numéro 19). Chaque région doit d’ailleurs créer un Centre ressource régional « Vie intime, affective, sexuelle et de soutien à la parentalité des personnes en situation de handicap » comme cela existe déjà, par exemple, en Nouvelle-Aquitaine.
Par ailleurs, nous avons le droit de recourir ou non à une contraception. Ce choix nous appartient. Notre consentement est nécessaire pour qu’une contraception nous soit prescrite et administrée. « Toute personne a le droit d’être informée sur l’ensemble des méthodes contraceptives et d’en choisir une librement », indique le code de la santé publique. « Toute personne a le droit de refuser ou de ne pas recevoir un traitement, précise le même code, dans un autre article. […] Le médecin a l’obligation de respecter la volonté de la personne après l’avoir informée des conséquences de ses choix et de leur gravité ».
Nous pouvons trouver de l’information sur les sites Question sexualité (créé par Santé publique France) et Sexualités info santé (créé par l’association Sida info service) ou obtenir de l’aide auprès du réseau d’associations du Planning familial.
Le désir d’enfant
Nous avons le droit de vouloir vivre en couple ou fonder une famille. Il est possible que nous ayons peur de parler de notre désir d’enfant, par crainte qu’on nous juge ou qu’on tente de nous décourager. Nous pouvons être accompagnés pour réfléchir à notre projet de devenir parents. Il existe des possibilités pour adapter le traitement par médicament durant une grossesse.
Si nous décidons de mener ce projet à bien, nous pouvons chercher du soutien auprès de professionnels pour nous préparer au rôle de parent. Ce soutien peut se poursuivre après la naissance. Cependant, il peut être difficile à obtenir selon l’endroit où on habite.
Voici l’exemple d’un programme d’accompagnement pour les personnes vivant avec un trouble psychique et ayant un désir d’enfant à Lyon, et une consultation « grossesse et psychiatrie » pour les femmes ayant un désir d’enfant à Paris. On peut aussi trouver de l’aide auprès de dispositifs prévus pour les futurs parents en général, par exemple le référent parcours périnatalité, qui est expérimenté depuis 2021 dans la Drôme, dans l’Essonne, en Touraine et en Guyane. Il existe aussi, à l’hôpital, des unités mère-enfant accueillant ensemble la mère et son bébé – et souvent le père.
La protection juridique, si on est vulnérable
Nous pouvons nous trouver, à une période de notre vie, dans une situation de vulnérabilité. Si nous sommes dans l’incapacité de prendre les décisions qui vont dans notre intérêt, si nous courrons un risque important d’être victime d’abus, le juge peut décider d’une mesure de protection juridique, comme la curatelle, la sauvegarde de justice, la tutelle ou l’habilitation familiale. Quand nous sommes « protégés », une personne désignée par le juge donne – ou pas – son accord pour certains actes que nous souhaitons effectuer, par exemple la vente d’un appartement, ou pour les dépenses du quotidien.