La santé mentale des femmes
Sommaire
Femmes, hommes, pas toujours les mêmes enjeux de santé mentale
Pourquoi cet article
Nous avons choisi de consacrer cet article à la santé mentale des femmes, et un autre à celle des hommes, sous la forme d’une série en deux volets. Parce que les enjeux ne sont pas toujours semblables, selon qu’on est femme ou homme. En le sachant, on peut viser plus juste quand on cherche à agir pour son propre bien-être.
Que l’on soit homme ou femme, notre santé mentale est influencée par le même type de facteurs. Mais ceux-ci s’exercent de manière différente selon que l’on est l’un ou l’autre. Ainsi, les femmes disposent d’atouts liés à leur genre, et elles rencontrent aussi leurs difficultés propres. C’est-à-dire des difficultés qu’on ne retrouve pas chez les hommes, ou moins souvent, ou sous une forme différente.
Dans cet article, les informations s’adressent à toutes les personnes qui s’identifient comme femme (y compris les femmes trans). Les femmes trans ainsi que les personnes non binaires peuvent trouver des informations complémentaires sur notre page La santé mentale des personnes LGBT+.
Des différences qui restent à expliquer
Qu’est ce qui explique les différences de vulnérabilités selon le genre ? A ce jour, on ne le sait pas avec certitude. Le fait d’être femme ou homme du point de vue biologique entraîne certaines différences. Par biologie, on entend pour l’essentiel les hormones sexuelles (par exemple la testostérone ou les oestrogènes), qui agissent sur le développement dès le stade du fœtus, puis tout au long de la vie.
Mais les normes existant dans la société sur ce que sont une femme et un homme, sur ce que l’une et l’autre doivent faire ou ne pas faire, ont également du poids. Par exemple, l’idée bien ancrée que, quand on est une femme, on ne se met pas en colère – cette réaction est vite perçue par les autres comme une agression.
Est-ce que la biologie compte plus que la culture, les hormones plus que le vécu ? Ou bien l’inverse ? Les connaissances scientifiques ne permettent pas, aujourd’hui, de trancher entre l’inné et l’acquis. Mais l’absence de certitude sur les causes n’empêche pas de se pencher sur les particularités constatées chez les femmes, pour envisager des stratégies adaptées.
Les particularités les plus marquantes
Globalement, la situation des femmes en termes de santé mentale est moins favorable que celle des hommes. De nombreuses études scientifiques le montrent, notamment une enquête réalisée à travers 11 pays ou régions de l’Union européenne en 2002. Les difficultés peuvent notamment survenir à des moments clés dans la vie d’une femme, comme l’adolescence, une grossesse, ou la ménopause. Les femmes connaissent plus souvent des troubles anxieux et des troubles dépressifs. Il n’y a pas de fatalité pour autant, et chaque femme peut trouver, en elle ou autour d’elle, des ressources à mobiliser quand il s’agit de prendre soin de sa santé mentale.
Les femmes ont par ailleurs une meilleure capacité que les hommes à établir puis entretenir des relations familiales, amicales et communautaires. C’est un facteur de protection important par rapport aux problèmes de santé mentale. Enfin, le mouvement féministe contribue aux progrès vers l’égalité entre les femmes et les hommes, à travers ses organisations, ses collectifs, ses mots d’ordre tels que la dénonciation du patriarcat et celle des violences sexistes et sexuelles avec #MeToo (MoiAussi). La réduction de ces inégalités est un facteur favorable à la santé mentale des femmes.
Une exposition majeure aux violences sexistes et sexuelles
Les femmes sont beaucoup plus souvent victimes de violences sexistes et sexuelles que les hommes, comme le montrent les chiffres enregistrés par les services de police et de gendarmerie. En 2023, 85% des victimes de violences sexuelles étaient des femmes et des filles. Elles étaient 230 000, soit la population de la ville de Lille. Et 99% des auteurs condamnés pour des faits de violences sexuelles en 2023 étaient des hommes. La proportion de femmes ayant subi des violences sexuelles dans l’enfance ou l’adolescence (avant 18 ans) est importante, comme le montre un article scientifique publié en 2023 : plus d’1 femme sur 10.
Un très grand nombre de ces violences sont commises par un membre de la famille ou un proche. “Ces personnes subissent une double peine, souligne Laurent Vassal, psychiatre à la Maison des femmes de Saint-Denis (Seine-Saint-Denis). D’abord par le fait d’avoir été violentées, puis par la perte de confiance en son parent que cela implique, ou bien en son voisin ou en son professeur. Car ces violences sont vécues à juste titre comme des abus de pouvoir ou des trahisons”. L’impact sur leur santé mentale en est d’autant plus fort.
Depuis 2017 et le lancement du mouvement #Metoo, les témoignages se sont multipliés, mettant en lumière l’ampleur de ces violences. On commence seulement à mesurer leurs conséquences sur la santé mentale des filles et des femmes, le coût psychique élevé que ça engendre, et à mieux les prendre en charge.
Plus de normes de beauté et d’injonctions à la minceur
Les femmes se sentent plus obligées que les hommes à rendre des comptes sur leur apparence physique. En effet, le corps des femmes est soumis à des injonctions plus nombreuses et plus fortes que celui des hommes – même s’il existe aussi des normes les concernant, comme être grand et musclé. La publicité, la mode, le cinéma et les réseaux sociaux véhiculent l’idée que la minceur est associée à la beauté et au bonheur. Ainsi, l’espace public est-il saturé de corps minces ou même maigres, en particulier de femmes.
De nombreuses femmes en surpoids ou obèses rapportent dans les médias les discriminations qu’elles subissent au quotidien, un phénomène appelé grossophobie – par exemple la militante Daria Marx, la documentariste Gabrielle Deydier. Plusieurs personnalités de la télévision le dénoncent également, comme Valérie Damidot, Laurence Boccolini, Marianne James. Des artistes françaises comme les chanteuses Yseult et November Ultra, la DJ Barbara Butch, mais aussi la chanteuse l’américaine Beth Ditto se sont engagées sur le sujet.
L’injonction à paraître jeune pèse aussi particulièrement sur le corps et le visage des femmes. Elles doivent s’y soumettre si elles veulent continuer à séduire, leur dit-on. Néanmoins certains codes changent : les cheveux gris de l’actrice américaine Andy McDowell et de l’ancienne ministre Christine Lagarde sont acceptés, l’actrice espagnole Victoria Abril assume ses rides.
L’injonction à lisser ses cheveux quand on les a frisés ou crépus est tout aussi forte. Globalement, le physique reste source de jugement, pesant sur la vie personnelle et professionnelle d’une femme. Il reste difficile de s’en affranchir, mais on peut tenter de prendre de la distance en cherchant d’autres sources d’estime de soi, ou choisir de revendiquer sa différence face aux normes en vigueur.
Une difficulté plus grande à trouver sa place dans le monde du travail
Le monde du travail est particulièrement compliqué pour les femmes. D’après la psychologue et fondatrice du réseau Souffrance et travail, Marie Pezé, il a d’abord été pensé pour les hommes. “Les hommes ont construit les métiers en fonction de leurs corps, leurs ambitions, leurs carrières, détaille-t-elle à Psycom. Dans la majorité des structures, l’organisation du travail est fondée sur le fait de faire ses heures, ce qu’on appelle le présentéisme. Ça peut aussi bien être en physique qu’en distanciel, derrière l’écran de son ordinateur”.
Et Marie Pezé de poursuivre : “Or, comme les études le montrent, aujourd’hui encore la majorité des hommes est débarrassée de la prise en charge de la maison et des enfants, laquelle revient de facto aux femmes. Dès lors, cette structuration sur le présentéisme profite aux hommes, ce qui crée une inégalité manifeste.”
Toujours selon elle, quel que soit le lieu de travail, les femmes sont la cible d’un sexisme ordinaire qui consiste à leur demander implicitement, sans que cela ne soit jamais formulé :
- de se maquiller, mais pas trop, pour éviter d’être suspectées d’avoir obtenu leurs promotions grâce à leurs atouts physiques ;
- de faire preuve d’autorité mais pas trop, sous peine de passer pour tyranniques ;
- d’être gentilles, mais pas trop, pour ne pas donner la sensation d’être aguicheuses ;
- de se montrer bienveillantes mais pas trop, pour ne pas passer pour faibles ;
- de ne pas demander trop d’aménagements pour s’occuper de leurs enfants, afin de ne pas donner l’impression que leur travail passerait après leur vie personnelle.
Les femmes s’adaptent à des codes qui ne sont pas conçus pour elles, ce qui occasionne un coût psychique. “À travers mes consultations, je remarque qu’au travail, les femmes neutralisent leur féminité naturelle, poursuit Marie Pezé. Elles endossent ce que j’appelle la “féminité mascarade”, autrement dit la féminité attendue dans un monde d’hommes [décrite plus haut]. Leur but est de faire ainsi entendre leurs voix – puisque le monde du travail est structuré pour mieux entendre celles des hommes.” Prendre conscience de cet effort d’adaptation, qui est le plus souvent automatique, est un premier pas pour moins se blâmer, en cas d’épuisement ou de souffrance au travail.
L’effort d’adaptation est d’autant plus grand pour les femmes qui reviennent d’un congé maternité. Rien n’est prévu pour faciliter la transition. “On a vécu neuf mois de grossesse, un accouchement, une tempête physique et psychique hallucinante et ce n’est toujours pas un sujet dans le monde du travail ! s’indigne Claire Le Roy-Hatala, docteure en sociologie des organisations et autrice du livre “Travailler avec un trouble psychique”. Nous les femmes, nous faisons toutes comme si nous étions normales dans cette période alors qu’en réalité, notre cerveau ne fonctionne plus du tout de la même manière.”
Pensé sur le modèle masculin, l’univers du travail est aussi l’un des lieux où des violences sexuelles sont exercées vis-à-vis des femmes, notamment les plus jeunes. Ainsi, une enquête mondiale de l’Organisation internationale du travail (agence des Nations Unies) publiée en 2022 a relevé que les femmes de 18 à 24 ans sont deux fois plus susceptibles que les hommes du même âge d’être exposées aux violences sexuelles et au harcèlement sexuel au travail. Ce chiffre montre que le problème n’est pas lié à un individu ou à une structure en particulier. Il est global, ce qui appelle à la vigilance de toutes et de tous.
Pourquoi la santé mentale, ça peut être compliqué quand on est une femme ?
De nombreux facteurs peuvent mener à des difficultés pour sa santé mentale quand on est une femme. Ils sont importants à connaître. Chacune peut ainsi repérer ceux qui ont de l’influence dans sa propre vie. Cela peut aider à comprendre pourquoi, dans certaines périodes, on se sent découragé ou dépassé. Et à ne pas se juger ou se dévaloriser pour cela.
En effet, il y a beaucoup de facteurs sur lesquels on n’a pas prise, par exemple le phénomène du sexisme et les discriminations qu’on peut subir en tant que femme. Nous pouvons dénoncer ces mécanismes, participer à des actions collectives dont le but est d’y mettre fin. Mais nous n’avons pas le pouvoir, à nous seules, de changer le fonctionnement de la société. On peut toutefois traverser les événements avec moins de souffrance si on comprend qu’on n’est pas responsable de ce qui nous arrive. On peut s’organiser au mieux pour y faire face.
Il y a d’autres facteurs sur lesquels on peut agir. Ceux-là ne sont pas faciles à identifier car souvent, la situation s’est installée sans qu’on s’en rende compte. Par exemple, on a accepté de changer de ville pour suivre son conjoint, mais le travail qu’on a dû prendre se révèle ennuyeux et contraignant. Il y a peut-être moyen de réfléchir à deux à une autre organisation ?
Ainsi, quand on a pris conscience que telle situation produisait tel effet négatif sur notre santé mentale, on peut ensuite s’interroger sur la manière dont on pourrait changer les choses. En modifiant la situation, celle-ci peut devenir protectrice pour notre santé mentale et nous permettre d’aller mieux.
Dans les listes qui suivent, chacune peut chercher quels sont le ou les facteurs qui la concernent et les cocher. Et ensuite, cliquer sur le lien proposé (vers une institution publique, un média, une association) ou faire ses propres recherches pour en apprendre plus et, quand c’est possible, trouver des solutions satisfaisantes.
Pour des raisons plutôt liées à la biologie
Certains facteurs sont en lien avec les hormones, les chromosomes et le fait biologique d’être une femme :
- Les événements de vie qui bousculent les femmes dans leur corps et dans leur tête tels que l’arrivée des premières règles, une grossesse, la période qui suit un accouchement (le post-partum), un avortement, la périménopause et la ménopause. Pour chacun de ces événements, il est possible de se faire accompagner pour protéger sa santé mentale. La dénonciation des violences gynécologiques ou obstétricales (par exemple, un examen comme le frottis réalisé sans consentement) et la levée du tabou autour des effets de la ménopause permettent d’envisager des soins plus respectueux des femmes à l’avenir.
- Le syndrome prémenstruel et le syndrome dysphorique prémenstruel (SDPM). A l’approche des règles, ils peuvent se manifester de manière physique (seins douloureux, prise de poids, maux de ventre, douleur dans les reins) et psychologique (tristesse, manque d’énergie, impression de malaise, crises de larmes, irritabilité, impatience, anxiété). Comme l’écrit l’Inserm, souffrir à chaque cycle n’a rien de normal, ni d’acceptable, c’est un sujet dont on peut parler avec son médecin.
- Un temps limité pour concevoir des enfants. Parmi les femmes qui veulent devenir mères, beaucoup repoussent le moment à cause de leurs études ou de l’exigence de productivité au travail. Or la fertilité chute brutalement à l’approche des 40 ans. L’horloge biologique exerce une pression sur ces femmes. Elle implique pour certaines un parcours de procréation médicalement assistée qui peut se révéler éprouvant.
- Des maladies chroniques, plus fréquentes chez les femmes. C’est le cas des douleurs persistantes comme la fibromyalgie ; de maladies auto-immunes, dans lesquelles le système immunitaire attaque par erreur des cellules saines, par exemple la sclérose en plaques, le lupus, certaines formes d’hypothyroïdie. Le syndrome des ovaires polykystiques, maladie hormonale, est lui spécifique aux femmes.
- Les troubles anxieux et les troubles dépressifs, plus fréquents chez les femmes. Les mécanismes à l’origine de ces troubles sont encore mal connus. Il semble que de nombreux facteurs soient impliqués, dont certains liés à la biologie.
- Les troubles du comportement alimentaires, anorexie ou boulimie, eux aussi plus fréquents. De nombreux facteurs sont impliqués, dont des facteurs biologiques.
Pour des raisons liées aux normes de genre
Certains facteurs qui influencent la santé mentale des femmes sont en lien avec les rôles et les stéréotypes appliqués aux femmes dans la société :
- La pression sur l’apparence physique. Les normes de genre imposent des objectifs sur la minceur, la beauté ou l’épilation qui peuvent dégrader la santé mentale. Certains sont même dangereux, comme l’ultra-maigreur prônée par des influenceuses sur le réseau social TikTok avec le phénomène “skinny tok”.
- L’âgisme, c’est à dire la discrimination fondée sur l’âge. Les femmes sont considérées comme “trop âgées” plus tôt que les hommes. D’après la Fondation des femmes, “entre 40 et 60 ans […] le sexisme et l’âgisme se conjuguent pour exclure progressivement les femmes de la vie économique”. Autrement dit, cela devient plus difficile pour elles de trouver un travail.
- La responsabilité de la contraception. Dans les relations hétérosexuelles, c’est le plus souvent aux femmes qu’incombe la charge mentale d’éviter une grossesse, y compris de penser à acheter des préservatifs.
- Un partage inégal des tâches liées à la maison ou aux enfants. En France, les femmes consacraient 206 minutes par jour aux tâches ménagères en 2024, contre 111 minutes pour les hommes, selon une étude européenne. La charge mentale des femmes, autrement dit le fait de devoir penser à tout, s’accroît dans leur vie à mesure que la famille s’agrandit – même si les hommes participent plus que par le passé. Ses effets négatifs sur le sommeil ont été documentés.
- L’injonction à être une “mère parfaite”. La pression pour se conformer à un modèle de parent s’exerce essentiellement sur les femmes – on commence tout juste à parler du “papa parfait”. Cette quête d’idéal peut notamment entraîner des appréhensions à l’idée de devenir parent – plus encore si l’on est une femme concernée par un trouble psychique.
- Le rôle d’aidante. Dans les familles, 8 fois sur 10 ce sont les femmes qui endossent la responsabilité quand un ou une proche vit avec un handicap, ou vieillit et perd son autonomie. De plus, les femmes aidantes effectuent des tâches plus difficiles que les hommes aidants, telles que ménage, courses, suivi médical, toilette et habillage. Cette charge peut les éloigner du marché du travail, les épuiser et créer de la souffrance psychologique.
- Le retard au diagnostic dans certaines maladies. L’errance médicale est fréquente dans les troubles cardiaques ou schizophréniques, des maladies réputées “masculines”, pour lesquelles les femmes sont moins bien repérées par les médecins. Cela est dû aussi au fait que les critères diagnostiques ont souvent été établis à partir d’observations faites chez les hommes. Or les problèmes de santé physiques ou psychiques mal pris en charge pèsent sur la santé mentale.
Pour des raisons liées au sexisme et aux rapports de domination
Les facteurs qui suivent sont en rapport avec les inégalités subies du fait d’être une femme :
- Le harcèlement subi dans la rue. Il s’agit de commentaires, gestes ou propositions sexuelles, une forme de harcèlement punie par la loi et visant essentiellement les femmes. Ce harcèlement, dont on minimise le plus souvent les effets, peut être à l’origine d’insomnies, d’angoisse, de perte de confiance ou jouer un rôle dans la survenue d’une dépression, de tentatives de suicide.
- Le harcèlement sexuel au travail. Il peut prendre la forme de commentaires misogynes (“on n’est pas des gonzesses”), d’une demande de rendez-vous en dehors des heures de travail par un supérieur hiérarchique. Puni par la loi, ce harcèlement entraîne des problèmes de santé mentale comme de la détresse psychologique, des troubles du sommeil, de l’épuisement professionnel, et des atteintes ostéo-articulaires telles que les douleurs au cou, ou cervicalgies.
- Les violences au sein du couple. Sous le nom de violences conjugales, on désigne les violences physiques, sexuelles ou psychologiques commises par un conjoint ou un ex‑conjoint. Elles passent souvent par l’emprise ou le contrôle coercitif, un comportement visant à rendre la personne dépendante et à l’isoler. Punies par la loi, ces violences sont un facteur majeur de risque pour la santé mentale de celles et ceux qui les subissent. Les femmes sont les premières victimes des violences conjugales, le terme de féminicide étant désormais utilisé par les pouvoirs publics pour désigner les meurtres perpétrés dans ce contexte.
- Les violences sexistes et sexuelles, dans l’enfance ou à l’âge adulte. Elles incluent les trois catégories qui précèdent. Ces violences comprennent les attouchements, le chantage sexuel, les gestes à connotation sexuelle non consentis, l’exhibition, l’agression sexuelle et le viol. Punies par la loi, elles ont un coût psychique élevé. Elles peuvent entraîner des peurs intenses, de la culpabilité, de l’isolement, des conduites à risque ou agressives. Elles jouent un rôle majeur dans la survenue de troubles psychiques comme le trouble de stress post-traumatique, les troubles du sommeil ou de l’alimentation, la dépression.
- Des revenus moindres. Il existe un écart de salaire important entre les femmes et les hommes, notamment parce qu’elles travaillent plus souvent à temps partiel et dans des métiers moins bien payés. Pour certaines, la progression est ralentie par les congés maternités, les congés parentaux. A la retraite, leurs pensions sont moins importantes. Globalement, elles se retrouvent plus souvent en situation de précarité financière. Or le niveau de revenu influe de manière importante sur la santé mentale.
- Plus souvent parent solo. Les femmes constituent la majorité des familles monoparentales, lesquelles figurent parmi les tranches de population les plus en difficulté financière, avec un sentiment de plus grande vulnérabilité.
- Le poids du racisme. Les femmes confrontées au racisme – pour l’essentiel celles dont la couleur de peau n’est pas blanche – vivent au quotidien avec une pression psychologique supplémentaire, laquelle altère leur qualité de vie et a un coût pour leur santé mentale.
- L’attribution d’une prétendue pathologie psychique. Le syndrome dit d’aliénation parentale, notion apparue dans les années 1970, désigne les situations dans lesquelles les enfants, pris dans une séparation compliquée entre la mère et le père, seraient manipulés par un parent pour discréditer l’autre parent et le priver de ses droits. Jamais validé scientifiquement, ce prétendu diagnostic est encore invoqué devant les tribunaux pour tenter de discréditer des mères. Plusieurs enquêtes ont montré que cette accusation avait pu être brandie par des pères ayant commis des agressions sexuelles sur leurs enfants dont ils réclamaient la garde.
- Autre pathologie problématique, le syndrome de Münchausen par procuration. Il consiste à voir dans la mère une affabulatrice qui maltraiterait ses enfants pour faire croire qu’ils sont malades et ainsi attirer l’attention. Le pédiatre à l’origine de ce diagnostic a fait l’objet de plusieurs controverses. Sa théorie, qui est encore invoquée en justice pour demander le placement des enfants, est aujourd’hui largement discréditée.
Comment s’aider soi-même
Dans cette partie, nous proposons des stratégies pour mieux faire face aux difficultés de santé mentale qu’on peut rencontrer quand on est une femme. Si on n’a pas toujours le pouvoir de changer une situation problématique, on peut malgré tout agir pour obtenir de l’aide et du soutien.
Préserver sa santé mentale quand on est une femme
Planifier chaque semaine du temps pour soi
Lorsque l’on prend du temps pour soi, c’est-à-dire un moment où l’on ne s’occupe de personne d’autre, on est en mesure de se détendre et donc, de voir le stress diminuer. Beaucoup de femmes ont le réflexe de se préoccuper des autres (le conjoint, la famille, les amis, les collègues…) en priorité. C’est pourquoi il est utile de planifier dans son agenda de la semaine des plages horaires pour sortir se promener, écouter de la musique ou faire du sport. Et de les respecter.
Quelques moments de repos dans une journée ont des effets directs sur l’anxiété et améliorent l’humeur. Cela permet aussi de retrouver de l’énergie – de “recharger les batteries” – et de reprendre ses tâches avec plus d’entrain. Décréter des pauses n’est pas forcément synonyme de solitude. Si on apprécie la compagnie, on peut se retrouver avec un ou une amie dans un jardin public, à une terrasse de café. Ne plus avoir l’esprit occupé par les contraintes permet aussi d’accorder la place nécessaire à ses émotions, que ce soit de la tristesse ou de la joie.
Je n'ai pas toujours su m'écouter, j'ai dû apprendre à le faire. Je suis tombée malade après le décès de ma cousine, tuée dans l’attentat terroriste de 2015 au Bataclan. Le lendemain de l’attaque, notre famille s’est réunie. Je voyais tout le monde effondré, alors j’ai caché ma peine et mon effroi, surtout pour protéger mon oncle, le père de ma cousine, dont je percevais la douleur de façon aiguë. Quelques mois après, chacun a repris le cours de sa vie. Mais moi, je suis restée coincée avec ce truc, cet événement. J’ai un niveau élevé d’empathie et je pense que cela m’a davantage exposée que les autres. J’ai traversé des moments très durs, et c'est dans ce contexte qu'on m’a diagnostiqué un trouble bipolaire. Depuis, j’ai appris à fonctionner d’une autre façon, je fais de la place pour mes propres émotions, je ne me laisse plus de côté, je m’exprime, je vais bien mieux.
J'ai décidé de m'habiller exactement comme j’en avais envie. Ca a été ma façon d'entamer mon processus de rétablissement, une fois que mes diagnostics de troubles psys ont été posés. Puis je me suis fait faire une manucure. Ensuite, je suis allée chez le coiffeur. J’ai considéré que c’était important, tout ce temps pour prendre soin de moi. Je l’ai fait pour moi, pas pour plaire aux autres. À l’époque, j’ai ouvert un compte Instagram pour montrer qu’on pouvait bien s’habiller même quand on est gros. Quand j’ai fini par me trouver belle dans la glace et par oser le dire dans mes posts, j’ai vu augmenter le nombre de mes abonnés, signe que mes choix étaient motivants pour d’autres.
Prendre soin de soi à l’approche des règles
Les règles sont encore trop souvent une affaire que les femmes se sentent obligées de cacher. Dans l’un de ses spectacles, l’humoriste Caroline Vigneaux explique les règles aux hommes, démontrant par l’absurde que cette honte n’a pas lieu d’être. Par ailleurs, il est désormais considéré comme anormal de ressentir des douleurs avant ou pendant les règles, un problème longtemps négligé (en même temps que l’endométriose, maladie inflammatoire qui se développe à partir de l’utérus et se signale souvent par des douleurs). Si on est dans ce cas, il est important d’en parler avec sa ou son médecin, qui sera en mesure de proposer des médicaments adaptés au degré de la douleur.
On peut choisir de suivre son cycle menstruel et de noter ses variations d’humeur au jour le jour, notamment grâce à des applis. Ainsi, on peut anticiper les périodes où on se sentira plus fatigué ou plus vulnérable. Et prévoir un agenda allégé ou du télétravail – quand c’est possible. Cela permet aussi de ne pas s’inquiéter d’une baisse de moral dont on a repéré la cause, et qu’on sait passagère.
Si les règles provoquent une douleur telle qu’elle oblige à cesser toute activité, si on ressent une grande fatigue, si on présente un niveau élevé d’anxiété, il peut être utile de s’interroger sur des maladies telles qu’un syndrome des ovaires polykystiques, une endométriose ou un trouble dysphorique prémenstruel. Et de se tourner pour cela vers son ou sa médecin.
Anticiper les difficultés liées à une grossesse ou à la ménopause, en s’informant
De manière générale, les filles et les femmes sont peu ou pas préparées à l’arrivée d’événements majeurs comme les premières règles, une grossesse, le post-partum (période qui suit l’arrivée d’un bébé), la périménopause (période de transition qui précède la ménopause) ou la ménopause (fin des règles). Il existe aujourd’hui de multiples sources d’informations fiables sur ces sujets. Les consulter permet de se préparer aux changements et d’anticiper les difficultés. Des dispositifs publics et gratuits comme les cours de préparation à l’accouchement peuvent aussi y aider.
Le site 1000 premiers jours, créé par Santé publique France, aborde la période de la grossesse jusqu’aux deux ans de l’enfant, et notamment les émotions pendant la grossesse.
On peut aussi miser sur des livres qui abordent des sujets autrefois passés sous silence, comme la douleur psychique qu’une fausse couche peut représenter, dans “Une fausse couche comme les autres”, de Sandra Lorenzo. Dans “Trois mois sous silence” de Judith Aquien et Camille Froidevaux-Metterie, c’est la période du début de grossesse pendant laquelle on n’ose rien dire à personne qui est racontée.
Concernant la ménopause, l’association suisse Minds propose une infographie, un article et une vidéo dédiés à ses effets sur la santé mentale et aux moyens de la préserver. Le média Mesdames, décidé à montrer qu’il existe une vie après la ménopause, propose de nombreuses vidéos dans sa série Ménopause de A à Z, par exemple Déprimée, et si c’était la ménopause.
Poser un regard bienveillant sur son corps
Le corps est soumis au jugement et aux critiques très tôt dans la vie d’une femme, souvent dès l’enfance. C’est tout un défi, quand on est adolescente ou adulte, de poser un regard bienveillant sur son corps, et du même coup, celui des autres. Il s’agit de considérer son corps comme un allié qu’on a le droit de traiter avec douceur. Les jeux et les exercices du “cahier engagé” Bodypositive du Crips (Centre régional d’information et de prévention du sida et pour la santé des jeunes) Ile-de-France sont un moyen de se donner de nouveaux repères, pour remplacer ceux des diktats de la beauté.
Celui de la minceur est sans doute le plus fort d’entre eux. Pour le mettre à distance, on peut trouver du soutien auprès d’associations militantes, par exemple Gras politique. Le livre “Le poids, un enjeu féministe”, de Susie Orbach, aide à envisager son poids autrement et à réaliser, par exemple, que la minceur n’est pas forcément un critère de séduction et, dans tous les cas, pas le seul. La newsletter du média Musae traitant de l’injonction à faire des régimes aide aussi à prendre conscience du marketing de la minceur ciblant les femmes.
Sur son compte Instagram, l’autrice de podcasts et actrice Juliette Katz parle avec une grande liberté de son rapport à la fois compliqué et assumé avec son poids.
J’ai décidé de ne plus faire de régimes et ça a libéré de l’espace dans ma tête. Mes crises d’angoisse ont diminué quand j’ai compris que je pouvais arrêter de culpabiliser quand je mangeais une barre chocolatée. Je me suis aussi rapprochée de l’association Gras Politique, qui m’a aidée à comprendre le concept de grossophobie. J’ai réalisé que je n’allais jamais rentrer dans la case de la femme mince et ordonnée qu’on nous présente comme un idéal. Je suis bordélique, je suis en surpoids, je suis volubile. Je ne suis pas douce tout le temps, ni effacée et j’ai vu qu’il y avait quand même des hommes à qui ça plaisait que je ne sois pas tout ça, ou que je sois juste moi. Alors, j’ai arrêté de me rendre malheureuse.
S’engager dans une activité physique
Les femmes restent moins nombreuses que les hommes à pratiquer une activité physique régulière, même si l’écart se réduit dans la jeune génération. Le sondage Opinion Way réalisé en 2024 en atteste. Sans être une sportive, on peut pratiquer de nombreuses activités à travers lesquelles on mobilise son corps, ce qui favorise une meilleure santé mentale.
Ça peut passer par l’inscription à un cours de danse (zumba, danse de salon), du ping pong dans le jardin public d’à côté, des séances de jardinage, ou encore des déplacements à pied à la place de la voiture. Pour trouver des idées d’activité et garder la motivation au fil du temps, il existe des outils en ligne et en accès libre. Psycom en a sélectionné plusieurs qui respectent des critères de qualité stricts, à découvrir dans notre page “S’aider soi-même, des outils pour tous”, rubrique “S’activer tous les jours”, en cliquant sur le bouton ci-dessous.
Limiter son exposition aux contenus toxiques sur les réseaux sociaux
On peut trouver du réconfort sur les réseaux sociaux. En même temps, ils amplifient les dynamiques négatives, comme la honte de soi ou de son corps, le sentiment d’isolement, la critique et les effets de groupe. A l’échelle mondiale, les femmes sont 27 fois plus susceptibles d’être victimes de harcèlement sur internet ou de discours de haine en ligne que les hommes, selon les Nations Unies.
Pour s’en protéger, on peut limiter son temps d’exposition aux réseaux sociaux, ou cesser de suivre et d’interagir avec les comptes qui génèrent chez nous du mal-être. Si on a de l’énergie à y consacrer, on peut choisir de répondre aux “haters” (personnes dont l’activité consiste à dénigrer les autres internautes) en les prenant à leur propre jeu. L’influenceuse française Océane Amsler s’est fait coudre une robe avec les messages haineux qui lui ont été adressés (y compris par des femmes). L’humoriste belge Laura Laune, elle, a décidé de “recycler” ceux qu’elle reçoit en les apposant sur des t-shirts.
De son côté, l’influenceuse américaine Chessie King a publié une photo retouchée de son corps tel qu’il serait s’il répondait à toutes les injonctions reçues sur son compte Instagram. Le résultat, drôle et absurde, peut aider les femmes à prendre de la distance avec les critiques systématiques.
Agir pour diminuer sa charge mentale
Si on est en couple, on peut s’entraîner pour déléguer certaines tâches à son conjoint ou sa conjointe, apprendre à dire non plus souvent, autrement dit : agir pour diminuer sa charge mentale. Il s’agit de limiter ce sentiment trop fréquent d’être débordée, de ne pas pouvoir y arriver. La bande dessinée Fallait demander, consacrée à la répartition inégale des tâches entre les hommes et les femmes, a été réalisée par la dessinatrice et militante féministe Emma. A travers les scènes de la vie quotidienne qu’elle décrit, on prend conscience de la charge qui incombe spontanément aux femmes. Cette lecture peut motiver à tenter de s’y prendre autrement.
On peut faire un inventaire des tâches visibles ou invisibles qu’on s’attribue sans même y réfléchir, ou qui nous sont attribuées parce qu’on est une femme. Il s’agit par exemple de la planification des lessives, du suivi médical des enfants, de la gestion des courses. Dresser une liste permet d’identifier ce qui peut être partagé. Et d’engager ensuite la négociation pour parvenir à une répartition plus équitable dans le couple.
En 2020 pendant le confinement, l’une de mes patientes s’est retrouvée d’un seul coup en charge de la logistique totale du foyer - le ménage, le casse-tête des courses avec les interdictions de sortie. Rien n’a été discuté avec son époux, cela lui incombait tout naturellement, alors qu’elle travaillait autant que lui. Et encore, ils n’avaient pas d’enfant ! Ça a joué sur sa santé mentale, elle a développé des troubles anxieux. C’est un sujet sur lequel j’ai pu réfléchir par la suite avec elle, elle a réalisé à quel point la répartition des tâches avait pu être inégale dans son couple.
Pour que la nouvelle organisation dure dans le temps, il est intéressant de mettre en place un planning partagé avec le ou la partenaire, ou la famille, et de l’afficher. Quand une tâche inédite se profile, quand un chantier s’ouvre à la maison, le fait d’en discuter à deux, de prendre la décision ensemble de qui va faire quoi, permet que chacun se sente responsable d’une partie des tâches. Les fêtes de fin d’année peuvent être l’occasion pour les femmes de rompre avec les habitudes – car le plus souvent, ce sont elles qui se chargent de lancer les invitations, de choisir les cadeaux pour tout le monde y compris leur belle-famille, de faire les courses, de préparer le repas et de décorer la maison.
La période de Noël est un moment d’augmentation de l’anxiété ou de rechute dépressive pour beaucoup des femmes que j’accompagne. Certaines ont mis de la distance avec leur famille et elles n’ont pas envie de retrouver une ambiance qu’elles ont fui. Mais elles s’y obligent à cause de leurs enfants, pour ne pas les priver de leurs grands-parents. Souvent dans mes groupes, il y a des absences les semaines avant Noël, car les mamans sont épuisées. Elles doivent composer avec leurs émotions, en plus de prendre en charge l’organisation des fêtes. Je les récupère en janvier à la petite cuillère.
Renforcer son autonomie financière
Préserver sa santé mentale passe aussi par la capacité à répondre à ses propres besoins et à contribuer à ceux de sa famille, si on en a une. On dispose alors d’une plus grande liberté dans ses choix et, si on est en couple, de plus d’indépendance vis-à-vis de son conjoint.
Renforcer son autonomie du point de vue financier est un enjeu important pour les femmes qui travaillent, autant que pour les femmes sans emploi. Cela diminue, entre autres, le risque que le conjoint, ou la famille, installe une relation d’emprise qui se traduit par des violences psychologiques. L’enquête réalisée par l’Ifop en 2025 montre d’ailleurs que l’indépendance financière vient en premier, quand on demande aux femmes : “qu’est-ce qui selon vous contribue le plus à l’équilibre personnel d’une femme aujourd’hui ?”
Se mêler des finances au sein de son couple, par exemple, est un début si on n’a pas l’habitude de le faire. On peut notamment se familiariser avec les comptes et les placements type livret A ou assurance vie, même si ça paraît rébarbatif au départ, afin de pouvoir peser dans des décisions importantes pour l’avenir.
En effet, les femmes ne font pas toujours les meilleurs choix pour elles. Dans une enquête pour son livre “Le couple et l’argent”, la journaliste Titiou Lecoq a montré que la vie conjugale appauvrit les femmes. L’homme va plutôt financer sur ses revenus l’achat d’une voiture, laquelle lui reviendra en cas de divorce. Tandis que la femme va payer avec son salaire les courses de tous les jours, qui ne seront pas valorisées lors d’une séparation. Pour se poser des questions pertinentes, on peut écouter Titiou Lecoq dans l’émission C l’hebdo, de France 5.
Ainsi, il est utile de se pencher sur la répartition des dépenses au sein du foyer, de conserver un compte à soi en plus du compte commun. Dans le couple toujours, on peut veiller à ce que ce soit chacun son tour de privilégier sa carrière au détriment de celle de l’autre. Que ce soit une fois l’un, une fois l’autre, quand il s’agit d’accepter une promotion exigeant de faire de grosses journées, ou un nouveau poste impliquant un déménagement.
Trouver et prendre sa place dans le monde du travail
Pour prendre sa place dans le monde du travail tout en préservant sa santé mentale quand on est une femme, on peut s’appuyer sur les dispositifs existants et exercer ses droits en matière de CDI, de télétravail, d’horaires aménagés, de congé parental partagé (le père et la mère arrêtent de travailler alternativement pour se consacrer aux enfants). On gagne aussi à se fixer des limites claires entre vie professionnelle et vie personnelle.
En entreprise, les hommes sont plus à l’aise au moment de négocier leur salaire, parce qu’ils ont appris tôt dans leur éducation à ne pas remettre en question leur valeur. Les femmes peuvent aussi travailler leur sentiment de légitimité. Le site de France Travail propose des conseils pour les femmes qui s’apprêtent à négocier leur salaire. On peut aussi trouver des conseils dans les médias pour négocier une augmentation, et plus spécifiquement quand on est une femme. Il existe aussi des formations en négociation salariale, en ateliers collectifs ou en individuel.
Au moment de candidater pour un emploi, nous pouvons essayer de repérer les environnements de travail favorables aux femmes. Certains signes sont des indices. Par exemple, l’intitulé du poste est rédigé en écriture inclusive. Ou bien le site de l’entreprise mentionne, parmi ses valeurs, l’égalité entre les femmes et les hommes. On peut aussi consulter son index d’égalité professionnelle sur le site du ministère du Travail.
Si on est mère, on peut chercher des structures où ce n’est pas un problème de finir tôt ses journées, où le présentéisme n’est pas la condition de la réussite, où le télétravail est favorisé, où la demande de jours “enfant malade” n’est pas perçue comme une faveur. Pour cela, se rapprocher d’un réseau de femmes qui travaillent (voir plus bas) permet de se renseigner sur l’ambiance d’une entreprise.
Trouver des mentors ou des réseaux de femmes
Le mot “fraternité”, qui vient de “frère”, a désormais son équivalent féminin : la “sororité”, qui vient de “soeur”. Voilà un terme qui a émergé peu de temps après la vague #MeToo. Il consiste, pour les femmes, à faire preuve de solidarité à l’égard d’autres femmes. Ainsi, pour se lancer dans un métier et progresser, tout en préservant son bien-être au travail, on peut se rapprocher de réseaux dont l’objectif est de s’entraider les unes les autres.
Certains réseaux proposent notamment des programmes de mentorat entre femmes. Cela consiste à mettre en relation une femme qui veut évoluer dans son métier avec une femme plus expérimentée, qui prend le rôle de mentor. Différentes initiatives existent, comme celles recensées par France Travail.
Pour les agricultrices, les Centres d’initiatives pour valoriser l’agriculture et le milieu rural (CIVAM) proposent un peu partout en France des groupes de parole non mixtes. Il s’agit pour les femmes de s’encourager entre elles pour oser s’installer, apprendre à conduire un tracteur ou à réaliser des soudures.
Des réseaux d’entraide entre femmes existent aussi dans les quartiers populaires, pour gagner en confiance en soi et mener à bien ses projets, comme celui de l’association Banlieue Femme en Seine-Saint-Denis.
Dans le secteur de la santé, l’association Donner des elles à la santé vise à encourager les femmes travaillant dans ce domaine à prendre des responsabilités. Elle propose aux femmes des ateliers en visio pour apprendre à se rendre visible, à équilibrer vie pro et vie perso (disponibles en replay sur sa chaîne YouTube) et pour les femmes médecins, un programme de mentorat (bénévole). Le collectif Femmes de santé, porté par l’organisme de formation HKind, se propose de mettre en lumière des femmes qui développent des projets dans ce domaine.
Concernant les femmes entrepreneures, pas moins de 12 réseaux actifs ont été repérés par la rédaction Big Media de la banque publique BPI France.
Pour les femmes de plus de 45 ans qui veulent retrouver un travail, créer leur entreprise ou développer leur activité, l’association Force Femmes propose un accompagnement gratuit. Il passe par des séances individuelles et en groupe, avec l’objectif de renforcer la confiance en soi. Elle est présente dans 6 villes en France.
S’inspirer d’autres femmes qui préservent leur santé mentale
“Je n’ai pas de hobby, je ne fais pas de sport, je n’ai aucune activité efficace, je n’ai pas d’enfant, je ne fais pas la vaisselle, je ne fais pas le ménage.” Ainsi s’exprimait l’autrice de bande dessinée Claire Bretécher en… 1977, à la télévision suisse. Sa déclaration provocatrice était un pied de nez aux injonctions de l’époque. Une femme devait être productive, tenir son foyer correctement, avoir des enfants, s’épanouir dans une activité sportive et dans des loisirs. Deux générations plus tard, on constate que ces injonctions, au fond, n’ont pas beaucoup changé
Les femmes sont cependant nombreuses à témoigner de la façon dont elles préservent leur santé mentale, notamment en refusant de se conformer aux stéréotypes. Ainsi en Nouvelle-Zélande, la première ministre Jacinda Ardern a surpris le monde entier puisqu’elle est entrée enceinte au gouvernement, qu’elle a posé un congé maternité au début de son mandat et qu’elle a choisi de quitter ses fonctions avant la fin. Elle a expliqué qu’elle souhaitait se préserver, quand les codes habituels de la politique veulent que les élus affichent de l’endurance : « On donne tout ce qu’on a, aussi longtemps que possible, et un jour, il est temps d’arrêter. »
La journaliste Lauren Bastide a créé le podcast Folies douces en 2024 pour aborder la santé mentale avec la douceur que l’on se doit à soi-même. Elle y invite des personnalités mais témoigne aussi de son propre parcours. “Ça va avec le travail que je fais sur moi-même, dit-elle à Vogue France, journal pour lequel elle rédige des chroniques littéraires. J’essaye d’accepter certains traumatismes, des souffrances, et aussi une part de fantaisie et d’inattention qui font partie de ma personnalité mais que je masquais ces dernières années.”
Agir face à un problème de santé mentale quand on est une femme
Pratiquer l’auto-compassion au lieu de se critiquer
Les femmes se jugent souvent durement, plus encore lorsqu’elles rencontrent un problème de santé mentale. L’auto-compassion consiste à se tendre la main à soi-même, sans nier les difficultés que l’on traverse. Ainsi, au lieu de se sermonner, de se reprocher la situation dans laquelle on est, on peut prendre acte de ce qui nous arrive, mettre des mots dessus pour reconnaître sa souffrance puis s’entraîner pour s’adresser à soi-même de manière bienveillante.
Cette étape permet de prendre du recul sur sa situation et de réfléchir à trouver des issues, plutôt que de se culpabiliser et de rester sans solution. Il existe de nombreux outils en ligne et en accès libre pour s’entraîner à pratiquer l’auto-compassion. Psycom en a sélectionné plusieurs qui respectent des critères de qualité stricts, à découvrir dans notre page “S’aider soi-même, des outils pour tous”, rubrique “Montrer de la bienveillance envers soi-même”, en cliquant sur le bouton ci-dessous.
Les difficultés psychiques sont parfois balayées d’un revers de main par les femmes, avec des phrases du type “ça me passera”. Mais traverser un moment délicat qui met en péril son équilibre psychologique est un vrai sujet.
Quand une femme que j’accompagne minimise ses problèmes de santé mentale, je fais la comparaison avec un problème physique comme être paralysé des jambes. Je lui dis qu’on ne peut pas faire comme si cette paralysie n’existait pas, puisqu’on voit la personne dans son fauteuil roulant. La souffrance psychique est invisible, mais elle est tout aussi handicapante. Quand une patiente me confie qu’elle ressent une grande fatigue mais que ça n’a pas grande importance, je fais la comparaison avec une personne qui souffrirait d’un cancer. Cette personne mettrait tout en œuvre pour qu’on lui prodigue des soins, n’est ce pas ? Je dis à cette patiente que c’est tout autant légitime dans le cas d’une souffrance psychique.
Garder son esprit critique face à l’ésotérisme
Quand leur état psychique s’améliore trop lentement ou ne s’améliore pas, les femmes vont, davantage que les hommes, se tourner vers des pratiques non conventionnelles relevant de la spiritualité ou de l’ésotérisme, par exemple l’astrologie, les vertus des pierres, la prédiction de l’avenir à travers le tirage des cartes.
Or il existe des risques à consulter un ou une thérapeute utilisant des méthodes dont l’efficacité n’a pas été prouvée : une perte de chance alors qu’on cherche à aller mieux, des proches qui s’éloignent, des dépenses importantes. On peut se prémunir contre ces risques en se posant des questions, avant ou pendant la séance, comme celles listées dans la fiche repères qu’on peut télécharger en cliquant ci-dessous.
La Mission interministérielle de vigilance et de lutte contre les dérives sectaires (Miviludes) alerte notamment, dans son rapport 2022-2024, sur le courant du “féminin sacré” faisant référence à la force et la sagesse des femmes. Elle met en garde concernant ces pratiques, soulignant qu’elles rencontrent “un véritable succès sous couvert d’émancipation des femmes, alors même que l’objectif premier semble être purement financier”.
Pour garder son esprit critique face aux nombreuses propositions de pratiques alternatives et spirituelles, on peut écouter le podcast Méta de choc, qui décrypte les plus répandues. Dans l’épisode Comment le New Age cible les femmes, la documentariste Elisabeth Feytit explique en quoi l’offre destinée aux femmes est spécifique, et d’où vient son succès.
S’inspirer de femmes concernées par un trouble psychique
Parmi les personnes concernées par un trouble psychique, des femmes témoignent ouvertement de leur vie avec ce trouble. On peut trouver dans leurs récits du réconfort et de l’inspiration pour son propre parcours.
Ainsi, l’humoriste Mamari Munezero aborde sa santé mentale dans son spectacle Trop drôle pour mourir, y compris son passage en hôpital psychiatrique, le stress post traumatique en lien avec l’inceste qu’elle a subi, le TDAH. Dans sa chronique sur Radio Nova Avoir une auxiliaire de vie, la jeune femme raconte le rôle indispensable que joue cette personne dans son équilibre.
L’artiste et poétesse Natacha Guiller poste régulièrement sur son compte Instagram Les temps suspendule des instantanés de son quotidien, des réflexions noires et humoristiques sur la psychiatrie dans un désordre apparent qui ne doit pas décourager de la lire.
Paire-aidante en santé mentale, Pascaline Javault produit et anime le podcast Mères en eaux troubles. Dans chaque épisode, une mère concernée par un problème psychologique raconte comment elle jongle au quotidien entre sa maternité et sa santé mentale.
Sur le réseau social LinkedIn, des pairs aidantes comme Anne-Lyse Delvaux, Juliette Vaillant, Jeanne Tarride, publient des posts où elles parlent à la fois de l’exercice de leur métier et de leur expérience personnelle.
Sur son blog Et en réalité, autiste, Lana (son pseudo) qui a d’abord reçu un diagnostic de schizophrénie, pour se découvrir autiste sur le tard, partage depuis des années ses ressentis et ses coups de gueule. Son mot d’ordre : “Rien sur nous sans nous”.
Des femmes vivant avec un handicap, qu’il soit physique ou psychique, ont créé le collectif féministe Les dévalideuses, pour dénoncer les oppressions subies en tant que femme et en tant que personne handicapée, phénomène appelé validisme. Elles se définissent comme handi-féministes, avec l’objectif de démonter les idées reçues sur le handicap. On peut suivre leurs actions par leurs comptes sur les réseaux sociaux.
Où trouver de l’aide
Les femmes peuvent trouver de l’aide dans leur entourage et auprès de la plupart des structures de soutien psychologique, qui ne font pas de différence selon le genre. En effet, de manière générale, les structures d’accueil psychologique en France sont ouvertes autant aux femmes qu’aux hommes. Sur un petit nombre de problématiques, il existe des ressources spécifiques pour les femmes. Dans cette partie, nous en recensons certaines.
Auprès d’une ligne d’écoute
La plupart des lignes d’écoute et de soutien psychologique répondent aussi bien aux hommes, aux femmes et aux personnes ayant d’autres identités de genre. On peut trouver leurs numéros dans notre guide des lignes d’écoute.
Quelques-unes sont plus spécifiques aux femmes en raison de leur thématique. On les trouvera dans notre guide en consultant les rubriques suivantes :
- Inceste et violences sexuelles dans l’enfance,
- Personnes confrontées au racisme,
- Violences familiales et dans le couple.
En s’entraînant à réagir face au harcèlement
Lorsqu’on est confronté à des propos sexistes, du harcèlement ou des violences, le plus souvent on ne sait pas quoi dire ni quoi faire. Il existe cependant des stratégies et des techniques éprouvées qui visent à réagir sans se mettre davantage en danger.
Attention, il ne s’agit pas d’inverser la responsabilité, et de laisser croire que ce serait aux femmes de mieux se défendre. Ces méthodes ne sont pas une solution au problèmes des violences, simplement des moyens pour moins subir.
Ainsi, pour améliorer sa répartie face à des propos sexistes, l’association féministe Nous toutes propose des réponses toutes faites aux remarques les plus courantes, dans son Petit guide anti-sexiste de Noël et son Petit guide anti-sexiste de l’été. Elle suggère aussi des techniques pour renvoyer la question à son interlocuteur ou détourner son attention sur un autre sujet, afin de ne pas dépenser inutilement de l’énergie.
On peut aussi se préparer à réagir face au harcèlement. Ainsi, l’association Stop Harcèlement de rue a édité un Guide de secours contre le harcèlement de rue, avec différentes tactiques pour contrer, distraire ou dissuader le harceleur quand on est victime ou témoin. Dans certaines villes, l’association organise également des ateliers d’initiation à des gestes d’auto-défense.
Il peut aussi être utile d’apprendre à s’affirmer, pour décourager ou dissuader les harceleurs. Plusieurs organismes de formation enseignent aux femmes l’assertivité, c’est-à-dire la capacité à s’exprimer, à défendre leur opinion et leurs droits, tout en restant dans le dialogue. Ces formations sont le plus souvent payantes.
En cas de cyberharcèlement sexiste et sexuel, on peut trouver quoi faire en consultant le guide Comment agir face au cyberharcèlement sexiste et sexuel (2021) réalisé par la Fondation des femmes.
Concernant le harcèlement sexuel au travail, les femmes peuvent se renseigner sur les comportements récurrents adoptés par les agresseurs, décrits dans la fiche de l’Association européenne contre les violences faites aux femmes au travail (AFVT) Stratégies des agresseurs pour parvenir à leurs fins. Ainsi, on peut repérer plus tôt un agresseur, dès la phase initiale où il use soit de menaces et d’intimidation pour installer la peur, soit au contraire de compliments et de services rendus pour susciter la confiance. Voir clair dans les manipulations des agresseurs rend leurs stratégies beaucoup moins efficaces.
Pour une approche plus générale des violences sexistes et sexuelles, de ses mécanismes, de ses conséquences, l’association féministe Nous toutes organise régulièrement des formations en ligne gratuites.
En participant à des groupes de paroles ou à des ateliers
Des groupes de paroles se tiennent un peu partout en France, réunissant des personnes avec une expérience commune (par exemple le psychotraumatisme) ou bien un même trouble psychique (comme une addiction à l’alcool). La grande majorité sont mixtes, c’est-à-dire ouverts aux femmes comme aux hommes.
Des groupes réunissent notamment des hommes et des femmes qui ont été victimes de violences sexuelles dans l’enfance ou à l’âge adulte. L’association En parler en organise dans plusieurs villes. A Mulhouse, le Planning familial du Haut-Rhin en propose. Tout comme l’association France Victimes de l’Aisne. Les groupes de paroles réservés aux femmes sont plus rares. La non mixité peut permettre à certaines de se sentir plus en confiance, comme dans les groupes organisés par l’association la Maison des femmes de Paris.
Pour les femmes victimes de violences sexuelles, il existe des lieux spécifiques dans de nombreuses villes, notamment sous le nom de “Maison des femmes”. Ces structures proposent une prise en charge globale en apportant une aide juridique, policière, sociale, psychique et physique. En plus des soins, certaines proposent des ateliers dont l’objectif est de retrouver un lien apaisé avec son corps et avec ses émotions, ou d’améliorer l’estime de soi. C’est le cas par exemple de la Maison des Femmes de Saint-Denis, qui est une unité du centre hospitalier de Saint-Denis (Seine-Saint-Denis), ou de la Maison des femmes du Gard à Nîmes, qui dépend du CHU de Nîmes. Certaines Maisons des femmes se sont regroupées dans un réseau national, elles figurent sur cette carte.
Se réconcilier avec son corps quand on a été victime de violences sexuelles, c’est aussi l’objectif de l’association Loba. Elle propose, à Paris, des ateliers gratuits de danse récréative. Pour sa directrice, Héloïse Onumba-Bessonnet, “la question du corps est très peu abordée dans le parcours classique de reconstruction, alors que c’est la première partie meurtrie. Comment revenir à des relations intimes quand on a été victime de viol ? Ça peut se travailler en passant par le corps, pas seulement par l’esprit.”
En consultant un professionnel de la santé mentale
Quand parler de ses difficultés avec des proches ne suffit pas, on peut s’adresser à un professionnel de la santé mentale, par exemple une ou un psychologue, une ou un psychiatre, une ou un pair-aidant. Pour savoir ce qu’on peut attendre de chacun selon son métier, on peut consulter notre page dédiée aux professionnels de la santé mentale. Pour savoir où chercher pour trouver un psy, on peut consulter notre page dédiée aux psychothérapeutes.
Certaines femmes se sentiront plus en confiance avec une professionnelle, d’autres davantage avec un professionnel. Pour d’autres encore, le genre n’aura pas d’importance.
“Quand on est une femme, il peut y avoir un intérêt à se tourner vers un soignant homme, note le psychiatre Laurent Vassal. Si ça se passe bien, cela peut aider à ne pas assimiler tous les hommes à de potentiels agresseurs, à retrouver de la confiance dans le sexe opposé, et plus largement dans la société.”
Il existe des réseaux ou listes de professionnelles et professionnels de santé sensibilisés aux problématiques des femmes et au sexisme. Elles et ils se déclarent sûrs (safe) et respectueux, notamment vis-à-vis des femmes victimes de violences sexistes et sexuelles.
Le réseau des Psys situés (“situés” signifiant qu’ils s’attachent à ne pas reproduire les oppressions systémiques du type racisme, patriarcat, validisme, classisme, âgisme, transphobie) a été créé par l’association Pour le soin queer et féministe. Il réunit des psychiatres, psychologues, psychothérapeutes et psychanalystes qui se reconnaissent dans les valeurs féministes intersectionnelles.
Le collectif Psy NoirEs, créé par l’association Santé mentale de la marge au centre, avec le soutien de la Fondation de France, tient une permanence d’écoute solidaire pour les personnes vivant des discriminations liées à leurs origines, plus spécifiquement les personnes perçues ou se percevant comme noires. Les psychologues et thérapeutes qui répondent sont des femmes noires sensibilisées aux discriminations raciales dans l’accès aux soins. Service anonyme et gratuit, en composant le 08 05 38 59 97 (mardi 18h-20h).
A noter : Le réseau collaboratif Gyn&Co tient à jour une liste de soignant·e·s pratiquant des actes gynécologiques avec une approche féministe, qu’il s’agisse de gynécologues, de médecins généralistes ou de sages-femmes.
En dénonçant les violences sexistes et sexuelles à son travail
Au travail, on peut dénoncer des violences sexistes et sexuelles dont on est victime, ou témoin, et obtenir du soutien pour cela. De même pour le harcèlement, qu’il soit moral ou sexuel. La personne qui le fait est mieux protégée par la loi et la réglementation que par le passé. Cela peut participer à sa reconstruction psychologique. Cependant, il est important de peser les risques avant de se lancer dans ce type de procédure, qui peut se révéler longue et éprouvante.
Pour être accompagné au moment d’exercer ses droits, on peut se tourner vers des personnes ressources. On trouvera certaines d’entre elles à l’intérieur de l’entreprise, par exemple la ou le référent harcèlement sexuel de votre Conseil social et économique (CSE). D’autres, à l’extérieur de l’entreprise, par exemple la ou le médecin du travail.
L’Association européenne contre les violences faites aux femmes au travail (AVFT), association féministe historique sur ce sujet, a réuni les informations utiles pour ces démarches dans ses fiches juridiques. Elle détaille notamment le type de preuves qu’il est nécessaire de rassembler concernant les agissements dénoncés, que ce soit à destination de son employeur ou des services de police. L’association propose, plus bas sur la même page de son site, un modèle de lettre à adresser à son employeur et des modèles d’attestation pour les témoins.
- L’association Les Burn’ettes propose aux femmes des stratégies contre l’épuisement au travail ou à la maison en tant que parent, et de l’aide en cas de burn-out. Beaucoup de ressources sont en accès libre, d’autres pour les adhérentes seulement.
- Cuisine, ménage, qui fait quoi à la maison… Les chiffres parlants relayés par l’Observatoire des inégalités, sur le partage des tâches domestiques en Europe entre les femmes et les hommes, pour savoir où on en est.
- Les épisodes de “Un podcast à soi”, par la documentariste radio Charlotte Bienaimé sur Arte Radio, qui explorent à la fois les situations de détresse que des femmes peuvent rencontrer et les ressources qu’elles sont capables de mobiliser, avec par exemple l’éloge de l’amitié avec Les copines d’abord, la dénonciation de l’injonction à s’épiler avec Le sens du poil, ou celle de la pression à l’allaitement avec Allaite-moi si tu peux.
- Sur la manière d’exister dans la société en tant que femme noire et de surmonter ses traumatismes, l’entretien avec la réalisatrice et activiste Amandine Gay dans le podcast Folie douce
- Le documentaire radio Les fantômes de l’hystérie, histoire d’une parole confisquée, sur France Culture (2023), si on s’intéresse à l’histoire et au diagnostic d’hystérie qui n’est plus posé sur les femmes, officiellement en tout cas !
- Le livre Réinventer l’amour, comment le patriarcat sabote les relations hétérosexuelles, de la journaliste et essayiste Mona Chollet (éditions Zones, 2021), pour imaginer une autre façon d’être en couple. De la même autrice, Résister à la culpabilisation : sur quelques empêchements d’exister (2024), ou comment neutraliser notre ennemi intérieur, cette petite voix qui nous sermonne et nous discrédite.
Cet article a été écrit par Ana Waalder (journaliste indépendante spécialisée en santé) et Estelle Saget (responsable éditorial de Psycom).
Ont été sollicités pour cet article :
Sophie Bourrier, psychologue, experte en souffrance au travail et prévention des risques psycho-sociaux ; Jihane Chaari, enseignante-chercheuse sur les violences faites aux femmes à l’Istec Business School et directrice du développement à la Mutuelle Mip ; Elise Chaumon, associée-dirigeante et psychologue enquêtrice au sein du cabinet de conseils Egidio, experte judiciaire près la Cour d’Appel de Versailles sur les sujets de harcèlement en entreprise ; Alexandra Fotré, secrétaire de l’Association française de femmes autistes, médiatrice de santé paire au Centre ressources Autisme Rhône-Alpes ; Ghada Hatem, gynécologue, fondatrice de La Maison des Femmes de Saint-Denis ; Caroline Matte, entrepreneuse, cofondatrice et directrice de La Maison Perchée, personne concernée par un trouble de santé mentale ; Victoire Mulliez, entrepreneuse et cofondatrice de Gynea, réseau de centres experts en santé de la femme ; Heloïse Onumba, directrice de l’association LOBA et victimologue spécialiste de la santé mentale des femmes exilées ; Marie Pezé, psychologue clinicienne, ancien expert judiciaire, fondatrice du réseau Souffrance et Travail ; Claire Le Roy-Hatala, sociologue des organisations et autrice du livre “Travailler avec un trouble psychique” ; Jeanne Tarride, médiatrice de santé paire indépendante, formatrice à Alfapsy et enseignante à l’université Sorbonne Paris Nord ; Juliette Vaillant, médiatrice de santé paire libérale, et formatrice à Alfapsy ; Laurent Vassal, psychiatre spécialiste du traitement des femmes victimes de violences sexistes et sexuelles à la Maison des Femmes de Saint-Denis ; Pauline Vassallo, médiatrice de santé paire, formatrice et consultante en santé mentale indépendante.
Sophie Bourrier déclare ne pas avoir de liens d’intérêts avec des entreprises fabriquant ou commercialisant des produits de santé.
Jihane Chaari est directrice du développement commercial de la mutuelle MIP. Elle déclare ne pas avoir de liens d’intérêts avec les firmes fabriquant ou commercialisant des produits de santé.
Elise Chaumon déclare ne pas avoir de liens d’intérêts avec des entreprises fabriquant ou commercialisant des produits de santé.
Alexandra Fotré déclare ne pas avoir de liens d’intérêts avec des entreprises fabriquant ou commercialisant des produits de santé.
Ghada Hatem déclare ne pas avoir de liens d’intérêts avec les firmes fabriquant des produits de santé.
Caroline Matte déclare ne pas avoir de liens d’intérêts avec des entreprises fabriquant ou commercialisant des produits de santé.
Victoire Mulliez déclare ne pas avoir de liens d’intérêts avec des entreprises fabriquant ou commercialisant des produits de santé.
Héloïse Onumba-Bessonnet déclare ne pas avoir de liens d’intérêts avec des entreprises fabriquant ou commercialisant des produits de santé.
Marie Pezé déclare ne pas avoir de liens d’intérêts avec des entreprises fabriquant ou commercialisant des produits de santé.
Claire Le Roy-Hatala déclare ne pas avoir de liens d’intérêts avec des entreprises fabriquant ou commercialisant des produits de santé.
Jeanne Tarride déclare ne pas avoir de liens d’intérêts avec des entreprises fabriquant ou commercialisant des produits de santé.
Juliette Vaillant déclare ne pas avoir de liens d’intérêts avec les firmes fabriquant des produits de santé.
Laurent Vassal déclare ne pas avoir de liens d’intérêts avec des entreprises fabriquant ou commercialisant des produits de santé.
Pauline Vassallo déclare ne pas avoir de liens d’intérêts avec des entreprises fabriquant ou commercialisant des produits de santé.
Cet article a été rédigé dans le cadre d’un partenariat entre Psycom et Santé publique France.
- Étude de la Drees, “Santé mentale : un état des lieux au regard de la situation financière, de l’orientation sexuelle et des discriminations subies”.
- Observatoire national du suicide (DREES), rapport de février 2025, sur le mal-être croissant des jeunes femmes et la fin de vie, penser les conduites suicidaires aux prismes de l’âge et du genre.
- Article de l’association suisse Minds, Pourquoi les femmes sont-elles en moins bonne santé mentale que les hommes ?, Genève, 2025.
- Article paru dans “Populations et Sociétés”, juin 2023, “Violences sexuelles durant l’enfance et l’adolescence : des agressions familiales dont on parle peu”, par Élise Marsicano, Nathalie Bajos et Jeanna-Eve Pousson.
- Étude sur les différences de genre en santé mentale, Afifi, M. (2007) dans Singapore Medical Journal
- Étude sur l’influence du genre du patient lors de l’examen clinique pratiqué par les médecins. Le Boudec, J., Félix, S., Gachoud, D., Monti, M., Barazzoni, M. S., & Clair, C. (2023) dans Patient Education and Counseling
- Étude sur les stéréotypes de genre dans l’éducation. Kollmayer, M., Schober, B., & Spiel, C. (2016) dans European Journal of Developmental Psychology
- Étude sur l’impact de la danse comme thérapie pour les femmes adultes souffrant de psychotraumatismes
- Étude montrant que la santé mentale des femmes autistes est altérée par rapport à celle des hommes autistes (2025)
- Étude sur les causes des difficultés en santé mentale des femmes, Papanikola, G., Borcan, D., Sanida, E., & Escard, E. (2015). Santé mentale au féminin : Entre vulnérabilité intrinsèque et impacts des facteurs psychosociaux ? dans Revue Médicale Suisse
- Étude sur l’impact de l’écart salarial sur les disparités entre les sexes dans les troubles de l’humeur. Platt, J. M., Prins, S. J., Bates, L. M., & Keyes, K. M. (2016). Unequal depression for equal work? How the wage gap explains gendered disparities in mood disorders, dans Social Science & Medicine