Ce qu’on peut faire contre l’autostigmatisation

Mise à jour : 12/05/2025
Ce qu’on peut faire contre l’autostigmatisation
Quand on vit avec un trouble psychique, il arrive qu’on se juge sévèrement pour cela, qu’on se dévalorise. On peut apprendre à se défaire de ces pensées qui nous limitent.

Ce qu’est l’autostigmatisation

Quand on vit avec un trouble psychique, la stigmatisation qu’on rencontre dans le quotidien peut conduire à l’autostigmatisation. Il s’agit d’une forme de stigmatisation qui n’est pas exercée par les autres, mais par soi-même

Dans la stigmatisation, les autres portent sur nous un regard négatif. Dans l’autostigmatisation, c’est le regard que nous portons sur nous-mêmes qui est négatif. Autrement dit, à force d’être dévalorisés par les autres, nous finissons par croire qu’ils ont raison, que nous valons moins qu’eux. 

Par exemple, je me dis : “c’est de ma faute si je ne me sens pas bien”. Cette pensée me vient après qu’une personne de mon entourage m’ait dit : “tu restes chez toi toute la journée, tu ne fais jamais de sport, ce n’est pas étonnant que tu aies des idées noires”. Ou bien je vis avec un trouble bipolaire et je me dis : “Je ne suis pas digne de confiance”. Cette pensée me vient à force d’entendre des commentaires négatifs sur les personnes concernées par ces troubles, qui seraient imprévisibles et peu fiables. 

Attention, tous les jugements négatifs que nous portons sur nous-mêmes ne relèvent pas de l’autostigmatisation. Comme tout un chacun, il nous arrive de considérer que nous ne sommes pas à la hauteur, pour de multiples raisons. Il s’agit d’autostigmatisation quand on peut faire le lien entre la pensée qui nous vient et un préjugé courant concernant les personnes vivant avec un trouble psychique. 

L’auto-stigmatisation peut prendre d’autres formes plus difficiles à repérer. Il existe des représentations négatives courantes dans la société autour des troubles psychiques, qu’on va intégrer comme étant justes et valables pour soi. Cela peut concerner des symptômes présentés comme dérangeants, alors qu’ils ne le sont pas toujours. Par exemple, le fait d’entendre des voix est généralement considéré comme problématique voire honteux. Cependant, une approche alternative consiste à s’en accommoder et à dialoguer avec ces voix (voir notre page S’aider soi-même, quand on vit avec un trouble psy). 

On ne choisit pas de s’autostigmatiser

Quand on s’autostigmatise, cela ne se produit pas de manière consciente. On ne choisit pas de s’autostigmatiser, on ne le décide pas. Cela s’impose à nous sans qu’on s’en aperçoive. On est convaincu d’avoir telle ou telle caractéristique négative (par exemple, peu fiable). Alors qu’il s’agit d’une croyance, qui nous vient des préjugés les plus courants concernant les personnes vivant avec un trouble psychique. 

De même qu’on ne décide pas de s’autostigmatiser, on ne peut pas décider, du jour au lendemain, de ne plus s’autostigmatiser. Les stéréotypes persistent dans la société, et ils nous influencent malgré nous. Nous pouvons cependant mobiliser nos propres ressources pour les contrer, et aussi trouver de l’aide autour de nous dans ce but. Ainsi, au fil du temps, nous pouvons nous autostigmatiser de moins au moins. 

Une personne n’a pas le pouvoir, à elle seule, de changer la société et les stéréotypes. C’est pourquoi il est utile de rappeler ici que la lutte contre la stigmatisation et les discriminations à l’échelle collective (gouvernement, élus, associations, citoyens…) reste le moyen le plus efficace pour prévenir l’autostigmatisation. 

… ou de ne pas s’autostigmatiser !

Nous ne sommes pas toutes et tous égaux par rapport au phénomène de l’autostigmatisation. Une personne va faire siens les clichés que les autres lui renvoient et se résigner face aux discriminations. Une autre va manifester de la colère et se révolter contre les préjudices qu’elle subit. Une autre, encore, va plutôt éprouver de l’indifférence, comme l’ont montré les travaux de deux chercheurs américains.  

D’autres chercheurs se sont intéressés de plus près à ces personnes qui ne semblent pas touchées par l’autostigmatisation. Ainsi, l’étude Gamian réalisée dans 14 pays européens a montré que 70 % des personnes ayant un diagnostic de schizophrénie se sentent discriminées, mais seulement 42 % souffrent d’autostigmatisation. La différence entre les chiffres suggère qu’il existe, chez certaines, des facteurs de résistance à l’autostigmatisation. 

Cela pourrait être lié à la capacité de concevoir que les points de vue des autres sont subjectifs, que leurs raisonnements sont faillibles ou dans certains cas, pas légitimes. A l’inverse, un niveau élevé d’anxiété ou une dépression peuvent favoriser l’autostigmatisation.

Pourquoi l’autostigmatisation est un problème

L’autostigmatisation est un problème car elle peut nous limiter dans notre vie. Elle renforce l’isolement. Elle peut aussi entraîner une baisse de l’estime de soi. On se croit incapable donc on renonce à des activités importantes pour soi. 

On se dit, par exemple : “Je ne vais pas répondre à cette offre d’emploi car je ne vois pas comment un employeur pourrait me faire confiance” ; “Je ne vais pas m’engager dans une relation amoureuse – qui pourrait bien s’intéresser à quelqu’un d’aussi insignifiant que moi”. 

Ainsi, on s’interdit de prendre des initiatives, non pas à cause du trouble lui-même ou de ses symptômes, mais à cause des représentations que la société véhicule sur les personnes concernées – représentations qu’on a intégrées et qui nous donnent une image négative de nous-mêmes. 

Les chercheurs ont montré qu’en raison de ces croyances, une personne peut s’isoler davantage, se tenir en retrait lorsqu’elle se retrouve dans un groupe. Elle peut rencontrer des difficultés à obtenir un logement ou un emploi. Elle peut éprouver de la honte, de la culpabilité parce qu’elle vit avec un trouble psychique. Elle peut se désengager de ses projets, perdre la motivation. La confiance en sa capacité à réaliser une tâche (ou sentiment d’auto-efficacité) peut diminuer.

Ce qu’on gagne à moins s’autostigmatiser

Il n’est pas si facile de prendre conscience du phénomène d’autostigmatisation. Et encore moins de repérer comment elle se manifeste chez nous, à travers quelles croyances sur nous-mêmes. Cette étape, pourtant, est la plus importante si on souhaite moins s’autostigmatiser dans le futur. On peut espérer, à travers cette démarche, avancer dans son processus de rétablissement

En effet, les chercheurs ont montré les bénéfices à agir contre l’autostigmatisation. L’échec à atteindre des buts est plus souvent dû à l’autostigmatisation qu’au trouble psychique lui-même, indique une étude. Encourager les personnes à moins s’autostigmatiser permet à certaines de ne pas s’identifier uniquement comme “bipolaire” ou “borderline” mais comme une personne à part entière avec sa vie affective, professionnelle ou citoyenne, ce qui favorise le rétablissement.

Que faire pour moins s’autostigmatiser

On peut devenir peu à peu plus résistant à l’autostigmatisation. Cela se produit quand on acquiert de nouvelles connaissances et qu’on combine ce savoir avec des expériences constructives dans sa vie.

Ainsi, on peut agir sur soi-même : 

  • en repérant les stéréotypes stigmatisants et en cessant de les considérer comme justes, 
  • en développant des compétences en santé mentale qui favorisent l’autonomie et permettent de reprendre le contrôle sur sa vie, 
  • en cultivant des sentiments positifs par rapport à son identité. 

Ce sont les conclusions d’une étude menée en 2017 par des chercheurs américains. Selon la même étude, il est efficace, en plus, d’interagir avec ses pairs en partageant les expériences et en s’entraidant. 

Voici des réflexions et des conseils donnés par des personnes qui vivent avec un trouble psy. Dans le web documentaire Relions-nous (2024), elles parlent de l’autostigmatisation et font passer des messages à leurs pairs.

Ce que je pourrais dire à quelqu’un qui s’autostigmatise, c’est : t’as le droit de t’écouter, t’as le droit de te dire que ta souffrance est légitime.

Je dirais à cette personne qu’elle vaut certainement mieux que la cruauté qu’elle reçoit.

Plus on vous rabaisse, et plus vous vous rabaissez vous même, parce ce qu’on vous dit, vous le croyez. Moi aussi j’ai cru que je m’en sortirai jamais, que j’étais une moins que rien. Ca fait pas longtemps, que je m’aime un petit peu.

Il y a des portes qui s’ouvrent, une fois qu’on passe le truc de la honte.

Pour regarder ces témoignages en vidéo, cliquer sur le livre Les regards (le volume 1) du web documentaire Relions-nous. Il est proposé par Zest, un dispositif contre la stigmatisation porté par le Centre hospitalier Le Vinatier près de Lyon.

S'aider soi-même

Se regarder autrement

C’est souvent en écoutant ou en lisant les récits d’autres personnes concernées par un trouble psychique que nous parvenons à prendre du recul sur notre propre situation. Quelqu’un raconte une anecdote, ce qu’il a ressenti sur le moment, et cela nous fait prendre conscience que nous vivons la même chose. Ou bien nous sommes tentés de lui donner des conseils, puis nous réalisons que ces conseils valent d’abord… pour nous-mêmes !

Cet effet de miroir fonctionne aussi quand nous souhaitons réduire notre autostigmatisation. Nous pouvons chercher sur internet des témoignages de personnes concernées qui dénoncent les préjugés, comme les membres de l’association d’entraide La maison perchée ou les personnes qui témoignent sur le site Plein Espoir créé par Santé mentale France. 

Nous pouvons aussi nous renseigner sur les stéréotypes les plus fréquents concernant les troubles psychiques, par exemple avec les diaporamas Mythes et réalités créés par Psycom. Et nous poser la question : est ce que nous considérons nous-mêmes certains de ces mythes comme des réalités ?

Nous pouvons télécharger le manuel des participants proposé dans les programmes contre l’autostigmatisation HOP et NECT (voir plus bas), et nous essayer aux exercices proposés. Toutefois, ces programmes ont été conçus pour être suivis en groupe, en présence d’un animateur. En faisant ces tâches seul, on peut parfois se retrouver découragé. Plutôt que de renoncer, nous pouvons chercher autour de nous une autre personne concernée prête à se lancer à deux dans les exercices. 

Pour parvenir à se regarder autrement, il est plus efficace d’échanger avec quelqu’un, ou bien de rejoindre un groupe de personnes concernées. A plusieurs, on va pouvoir reconnaître plus facilement un préjugé, et se soutenir quand on se décide à le rejeter. On peut notamment participer à une initiative collective qui a fait ses preuves pour réduire l’autostigmatisation (voir plus bas). 

Choisir de se dévoiler, ou pas

Quand on vit avec un trouble psychique, la question se pose de le dire aux autres, ou pas. Et quand on choisit de le dire, à qui on le dit et dans quel contexte (à des proches à l’occasion d’une réunion de famille, à son amoureux ou son amoureuse au moment de se lancer dans une vie de couple…). Ce choix est personnel. Il peut varier selon les circonstances, et aussi les périodes de sa vie.. 

En dévoilant son trouble, on peut diminuer le sentiment de honte, exprimer plus librement ses ressentis, mieux s’accepter, recevoir du soutien. Le dévoilement peut ainsi réduire l’autostigmatisation, en particulier si les réactions à ce dévoilement sont positives.  

Mais dévoiler son trouble peut aussi produire l’effet inverse. Le regard des autres peut changer, confrontant la personne aux stéréotypes concernant le trouble et l’exposant à davantage de stigmatisation. Il peut devenir plus difficile pour elle de trouver un emploi. Ces risques sont importants, dans une société où les troubles psychiques restent tabous. C’est pourquoi le non dévoilement peut être un moyen de se préserver, une stratégie adaptée au contexte du moment, permettant de limiter l’autostigmatisation. 

Dans Mon carnet de rétablissement, un livret réalisé par des pairs-aidants et d’autres professionnels de la santé mentale, les auteurs invitent à peser le pour et le contre (voir page 92). “Si pour certains, le choix est vite posé (je me tais/je dis tout/je dis partiellement), pour d’autres, les avantages et les inconvénients du dévoilement posent question”. 

Ainsi, on peut choisir de se taire, comme L.C. qui témoigne dans Mon carnet de rétablissement. On peut aussi choisir de se dévoiler, comme Isabelle, dans le même livret.

Je ne parviens pas encore à m’affranchir du regard des autres. Avant mon diagnostic, j’étais déjà très sensible au regard des autres. Ça n’a pas changé. Je suis probablement le pire juge de moi-même mais j’œuvre à rationaliser les choses, à dédramatiser, à repositionner les choses là où elles doivent être mises.

L.C.

Je ne savais pas à quel point le dévoilement de ma vulnérabilité allait m’apporter autant d’opportunités, de rêves accomplis et de rencontres bienveillantes. Il m’en aura fallu du courage et du temps mais je ne regrette rien.

Isabelle

Avant de décider de dévoiler notre trouble ou pas, il est utile de prendre le temps de la réflexion. Pour nous y aider, nous pouvons remplir les tableaux avantages et inconvénients, proposés dans le cahier d’exercices pour les participants du programme HOP (voir plus bas les détails de ce programme). On peut télécharger tous les supports gratuitement, puis cliquer sur le document “HOP participants” pour accéder aux tableaux.

Participer à une initiative collective

On peut s’impliquer dans des initiatives collectives qui aident à réduire l’autostigmatisation. Plusieurs ont démontré leur efficacité, selon les études scientifiques. 

On peut se porter volontaire, par exemple, pour une bibliothèque vivante. Ce dispositif s’inspire de la bibliothèque classique où toute personne inscrite peut venir emprunter un livre. Dans la bibliothèque vivante, les livres sont… vivants. Il s’agit ici de personnes concernées par un trouble psychique, prêtes à témoigner de leur vécu (après s’y être préparées avec les organisateurs). Quand une visiteuse ou un visiteur se présente à l’accueil, on lui propose d’être  la “lectrice” ou le “lecteur”, c’est-à-dire d’échanger en tête à tête avec l’une des personnes concernées présentes ce jour-là. 

A cette occasion, la personne concernée par un trouble psychique est vue sous un jour nouveau, comme un individu parmi d’autres, dont l’expérience est précieuse. Les représentations de la “lectrice” ou du “lecteur” changent. Celles de la personne concernée aussi. L’expérience contribue à améliorer son estime de soi, à augmenter son pouvoir d’agir et son sentiment d’efficacité personnelle.

A Lyon, le dispositif ZEST, porté par le Centre ressource de réhabilitation psychosociale du centre hospitalier Le Vinatier, organise des bibliothèques vivantes. On découvre comment ça se passe dans cette vidéo tournée en 2023. Si on souhaite participer à une prochaine action, on peut contacter l’équipe sur l’adresse .

Rejoindre un programme contre l’autostigmatisation

Des chercheurs américains ont conçu des programmes sous forme d’ateliers en groupe, qui ont fait la preuve de leur efficacité pour diminuer l’autostigmatisation. On y utilise des exercices pratiques et des jeux de rôle. Il existe une version en français pour 2 de ces programmes. 


A ce jour, ces programmes sont proposés dans peu de structures en France. Le plus souvent, ce sont des centres de réhabilitation psychosociale. On peut contacter le centre le plus proche de chez soi pour savoir si celui-ci en dispose.

Le programme HOP, autour du dévoilement

Le programme HOP, pour Honnête, Ouvert, Prêt (en anglais, Honest, Open, Proud), a pour but d’accompagner les participants dans leur décision de révéler ou non leur trouble psychique. Et quelque soit la décision au final, de diminuer l’autostigmatisation grâce à cette réflexion. Il est inspiré des programmes militants pour le dévoilement (le coming out) des minorités sexuelles.

Ce programme court, en 3 sessions, a été traduit et adapté en 2019 par une équipe de l’Institut et haute école de la Santé La Source (Lausanne, Suisse). On y aborde des questions qui se posent souvent quand on a rencontré des problèmes de santé mentale dans sa vie, par exemple : “Comment je vais pouvoir expliquer ce trou dans mon CV?” 

Tous les supports du programme sont en libre téléchargement, y compris le manuel pour les participants (attention, cette version étant une adaptation pour la Suisse, les informations “juridiques” sont spécifiques à ce pays et non valables pour la France).

En France, le programme HOP est proposé à Ajaccio aux usagers du Centre de Réhabilitation psychosociale de la Région Corse (C2R2). Les sessions sont animées par Laura Chochillon, psychologue spécialisée en neuropsychologie et en thérapie comportementale et cognitive, et Nadine Celli, éducatrice spécialisée.

A Nice, le programme HOP devrait être proposé en 2025 au Centre de réhabilitation sociale de proximité (CR2P), au CHU de Nice. Les sessions seront animées par Sarah Gomez, psychologue, et une pair-aidante.

Le programme NECT, retrouver l’estime de soi

Le  Programme de Renforcement Narratif et Thérapie Cognitive de l’autostigmatisation, en anglais NECT (pour Narrative Enhancement and Cognitive Therapy) est un programme contre l’autostigmatisation qui se veut complet. Il vise à augmenter chez chacune et chacun la capacité à reconnaître puis rejeter les préjugés sur les troubles psychiques, à modifier des croyances qui limitent l’initiative, à développer des idées plus positives sur son identité.

Les séances utilisent à la fois la psychoéducation, les thérapies cognitives, comportementales et motivationnelles, l’entraînement aux habiletés sociales et l’encouragement à la réalisation d’objectifs.  

Le programme comprend 12 séances, avec des exercices pratiques. Par exemple “Décrivez une situation réelle où vous avez ressenti des émotions négatives à propos de vous-même en présence d’autres personnes” (page 45 du manuel pour les participants). 

Tous les supports du programme sont en libre téléchargement, y compris le manuel pour les participants. 

En France, le programme NECT est proposé par certains centres de réhabilitation psychosociale. A Lille, il se déroule à l’Établissement de santé mentale (ESM) MGEN, à l’initiative de Lidia Romano, médiatrice de santé pair, et Antoine Colliez, psychiatre. L’inscription passe par le Centre support Nord Hauts-de-France de remédiation cognitive et de réhabilitation psychosociale (CSN2R) de Lille. 

A Lyon, le programme Parlons stigmatisation, inspiré du programme NECT, est proposé au Centre d’activités thérapeutiques (CATTP) du pôle Centre rive gauche, pour les personnes habitant les 3ème, 6ème et 8ème arrondissements de la ville, en lien avec le Centre hospitalier Le Vinatier. Les sessions sont animées par Marie Verquin et Marguerite Chabert, infirmières, ainsi que Lubna Berthier, psychologue. Elles s’appuient notamment sur le renforcement narratif. Cette pratique consiste à décrire une première fois des situations personnelles, puis à les décrire une deuxième fois pour construire un nouveau récit qui tienne compte des difficultés rencontrées, des points positifs de sa vie, de ce qu’on espère pour son avenir, et de ses intentions.

Solliciter son psychothérapeute

On peut aussi aborder la question de l’autostigmatisation avec un ou une psychothérapeute pratiquant les thérapies cognitives et comportementales. Elle ou il peut identifier avec nous les problématiques sur lesquelles nous souhaitons avancer. Nous pouvons alors fixer ensemble des objectifs précis à atteindre, pour cesser de nous limiter à cause de l’autostigmatisation.

  • si on est concerné par les troubles bipolaires, la conférence L’autostigmatisation des patients, le syndrome invisible par Hélène Richard-Lepouriel, psychiatre, responsable de l’unité des troubles de l’humeur aux Hôpitaux universitaires de Genève (Suisse), et la conférence Comment lutter contre l’autostigmatisation, par Julien Dubreucq, psychiatre, aujourd’hui chef de service pédopsychiatrie au CHU de Saint-Etienne, lors de la journée (2021) organisée par l’association de patients Argos 2001

Cet article a été rédigé par Estelle Saget (Psycom), à partir de l’article scientifique Stigmatisation et déstigmatisation publié par Aude Caria (Psycom) dans l’Encyclopédie médico-chirurgicale (EMC, éditions Elservier Masson).

© Psycom – Tous droits réservés.

Aude Caria déclare ne pas avoir de liens d’intérêts avec des entreprises fabriquant ou commercialisant des produits de santé (médicaments, dispositifs médicaux, matériel médical, e-santé, marketing médical, etc.).

Estelle Saget déclare ne pas avoir de liens d’intérêts avec des entreprises fabriquant ou commercialisant des produits de santé (médicaments, dispositifs médicaux, matériel médical, e-santé, marketing médical, etc.).

Ces déclarations peuvent être vérifiées sur la Base Transparence Santé du Ministère de la Santé.

  • L’article scientifique Stigmatisation et déstigmatisation, par Aude Caria (Psycom) dans EMC Encyclopédie médico-chirurgicale (Elsevier Masson 2025) et sa bibliographie référençant 100 articles scientifiques (voir les extraits ci-dessous)

Sur l’émergence du concept d’autostigmatisation :

  • [11] Schomerus G, Evans-Lacko S, Rüsch N, Mojtabai R, Angermeyer MC, Thornicroft G. Collective levels of stigma and national suicide rates in 25 European countries. 
  • [13] Corrigan PW, Watson AC. Understanding the impact of stigma on people with mental illness. World Psychiatry 2002;1:16–20.
  • [16]  Park SG, Bennett ME, Couture SM, Blanchard JJ. Internalized stigma in schizophrenia: Relations with dysfunctional attitudes, symptoms, and quality of life. Psychiatry Research 2013;205:43–7. https://doi.org/10.1016/j.psychres.2012.08.040.
  • [48] Link BG, Cullen FT, Struening E, Shrout PE, Dohrenwend BP. A Modified Labeling Theory Approach to Mental Disorders: An Empirical Assessment. American Sociological Review 1989;54:400–23. https://doi.org/10.2307/2095613.
  • [50] Mallet J, Massini C, Dubreucq J, Padovani R, Fond G, Guessoum SB. Santé mentale et Covid : toutes et tous concernés. Une revue narrative. Ann Med Psychol (Paris) 2022;180:707–12. https://doi.org/10.1016/j.amp.2022.07.019.
  • [51] Lien Y-J, Chang H-A, Kao Y-C, Tzeng N-S, Lu C-W, Loh C-H. Insight, self-stigma and psychosocial outcomes in Schizophrenia: a structural equation modelling approach. Epidemiology and Psychiatric Sciences 2018;27:176–85. https://doi.org/10.1017/S2045796016000950.

Sur la résistance à l’autostigmatisation :

  • [80] Nabors LM, Yanos PT, Roe D, Hasson-Ohayon I, Leonhardt BL, Buck KD, et al. Stereotype endorsement, metacognitive capacity, and self-esteem as predictors of stigma resistance in persons with schizophrenia. Comprehensive Psychiatry 2014;55:792–8. https://doi.org/10.1016/j.comppsych.2014.01.011.
  • [81] Campellone TR, Caponigro JM, Kring AM. The power to resist: The relationship between power, stigma, and negative symptoms in schizophrenia. Psychiatry Research 2014;215:280–5. https://doi.org/10.1016/j.psychres.2013.11.020.
  • [82] Sibitz I, Unger A, Woppmann A, Zidek T, Amering M. Stigma Resistance in Patients With Schizophrenia. Schizophrenia Bulletin 2011;37:316–23. https://doi.org/10.1093/schbul/sbp048.
  • [83] Firmin RL, Luther L, Salyers MP, Buck KD, Lysaker PH. Greater Metacognition and Lower Fear of Negative Evaluation: Potential Factors Contributing to Improved Stigma Resistance among Individuals Diagnosed with Schizophrenia. IrsJ Psychiatry Relat Sci 2017;54:505–54.
  • [84] Stuart H. What Has Proven Effective in Anti-Stigma Programming. In: Gaebel W, Rössler W, Sartorius N, editors. The Stigma of Mental Illness – End of the Story?, Cham: Springer International Publishing; 2017, p. 497–514. https://doi.org/10.1007/978-3-319-27839-1_27.
  • [85] Thoits PA. Resisting the Stigma of Mental Illness. Soc Psychol Q 2011;74:6–28. https://doi.org/10.1177/0190272511398019.
  • [86] Fung KMT, Tsang HWH, Cheung W. Randomized controlled trial of the self-stigma reduction program among individuals with schizophrenia. Psychiatry Research 2011;189:208–14. https://doi.org/10.1016/j.psychres.2011.02.013.
  • [87] Yanos PT, Roe D, Lysaker PH. Narrative Enhancement and Cognitive Therapy: A New Group-Based Treatment for Internalized Stigma Among Persons with Severe Mental Illness. International Journal of Group Psychotherapy 2011;61:576–95. https://doi.org/10.1521/ijgp.2011.61.4.576.
  • [88] Pellet J, Suter C, Nguyen A, Brana A, Gavillet A, Ismailaj A, et al. Honnête, ouvert, prêt (HOP) ! Acceptabilité et faisabilité de la version française d’un programme d’auto-déstigmatisation de la maladie psychique. Annales Médico-Psychologiques, Revue Psychiatrique 2021;179:317–22. https://doi.org/10.1016/j.amp.2020.08.007.
  • [91] Loubières C, Caria A. La Bibliothèque vivante : un outil de lutte contre la stigmatisation en santé mentale. Santé Homme 2011:23–4.
  • [92] Jones S ; Reynaud M ; Tabone R ; Todoroff F ; Franck N. Lutter contre la stigmatisation en santé mentale : la force du partage expérientiel au cours des bibliothèques vivantes Revue Rhizome 2024/1-2 (N° 88-89), pages 72 à 81)