[VU SUR LE WEB] La proportion de personnes en arrêt de travail pour une autre cause que le Covid est en hausse chez les salariés de 18 à 29 ans, comparé à l’année dernière, selon une enquête rendue publique le 8 septembre.
Chez eux, l’arrêt pour “motif psychologique (dépression, anxiété, stress, épuisement professionnel, burn-out,…)” est plus fréquent que chez leurs aînés. Ainsi, la hausse des arrêts pourrait s’expliquer par l’augmentation des problèmes de santé mentale. La jeune génération serait peut-être, aussi, davantage disposée à les assumer et à consulter un médecin pour cette raison.
L’enquête montre que, dans cette catégorie d’âge, la proportion de personnes ayant eu une prescription d’arrêt maladie au cours des 12 derniers mois, hors Covid, est passée de 34 % en septembre 2021 à 40 % en mai 2022. Celle-ci a été réalisée en ligne du 5 au 30 mai 2022 auprès de 1800 salariés du secteur privé, pour le groupe de mutuelle et de retraite complémentaire Malakoff Humanis.
Tous âges confondus, le “motif psychologique” constitue la troisième cause des arrêts maladie en 2022, après le Covid et les “maladies ordinaires” (grippe, rhume, angine, gastroentérite…). Ce motif représente 21 % des arrêts prescrits, selon l’enquête. Il devance pour la première fois les troubles musculosquelettiques.
Contrairement à ce qu’on pourrait penser, la prescription d’un arrêt maladie est plus fréquente chez les jeunes que chez les seniors. Cette situation est constante depuis le lancement du Baromètre en 2016. La proportion de salariées et salariés de 18 à 34 ans concernés était de 46% dans l’enquête 2022, contre 42% tous âges confondus. Chez les plus de 50 ans, la proportion était seulement de 34%.
Une deuxième source vient confirmer cette tendance. Le Centre technique des institutions de prévoyance (CTIP), collectif d’institutions de prévoyance, constate lui aussi une croissance inédite des arrêts maladie chez les moins de 45 ans. “Statistiquement, ceux qui ont des problèmes de santé physique sont les personnes de plus de 55 ans, explique Marie-Laure Dreyfus, déléguée générale du CTIP. Or nous avons vu une augmentation du nombre d’arrêts maladie chez les jeunes. Cette hausse pourrait provenir d’une augmentation des maladies liées à des problèmes psychologiques mais cette hypothèse reste à expertiser”.
- Lire l’article publié le 16 juin sur le magazine Challenges
Une enquête réalisée début 2022 s’était penchée sur les causes de la dégradation de la santé mentale des salariés. Les moins de 30 ans avaient invoqué en majorité “l’intensité et le temps de travail”, dans une moindre mesure “des rapports sociaux au travail dégradés” et loin derrière des “raisons personnelles”.
Les jeunes salariés, en tout cas, n’hésitent pas à prendre la parole sur le mal-être au travail ou leur burn-out – et la manière dont elles ou ils se sont rétablis.
- Ecouter le témoignage de Claire, 29 ans, sur le podcast Les Burn’ettes
- Lire celui d’Alexandre (le prénom a été changé), 28 ans, sur Les Echos Start
Dans cette génération, les problèmes de santé mentale sont moins tabous. La prescription plus importante d’arrêt de travail chez les jeunes pourrait s’expliquer, aussi, par une volonté plus affirmée de s’en préoccuper, une meilleure connaissance des signes d’alerte et une moindre réticence à consulter un médecin.