Troubles dépressifs

Mise à jour : 04/03/2024
Troubles dépressifs
La dépression se manifeste notamment par une humeur triste et une baisse d’énergie. On la prend en charge par une psychothérapie et, si besoin, un traitement médicamenteux.

La dépression, qu’est-ce que c’est ?

La dépression (également appelée troubles dépressifs) peut être confondue avec une « déprime » passagère ou un simple « coup de blues ». Or il s’agit d’un véritable trouble psychique, ou plutôt d’une famille de troubles. Ces troubles dépressifs se manifestent par une humeur triste, une perte d’intérêt pour toute activité et une baisse de l’énergie.

Les autres symptômes sont une diminution de l’estime de soi et de la confiance en soi, une culpabilité injustifiée, des idées de mort et de suicide, des difficultés à se concentrer, des troubles du sommeil ou une perte d’appétit, comme le précise l’Organisation mondiale de la santé (OMS). La dépression peut aussi s’accompagner de symptômes physiques.

Les troubles dépressifs peuvent avoir des conséquences importantes sur la vie affective, familiale, professionnelle et sociale de la personne concernée. Malgré ces difficultés, il est possible de se rétablir d’une dépression.  

« Déprime » ou dépression ?

L’existence nous confronte à des difficultés, des conflits et des frustrations qui provoquent parfois tristesse, découragement et lassitude. Ces épisodes peuvent faire penser à tort à une dépression. Le soutien de proches, le recours à une aide professionnelle (médecin généraliste, psychologue, psychiatre, etc.) peut aider à surmonter cette tristesse, cette « déprime », sans qu’il soit nécessaire de recourir à un médicament antidépresseur.

Dans la dépression, contrairement à la « déprime », l’humeur et le mal-être varient peu d’un jour à l’autre ou selon les événements de vie.

Les symptômes de dépression

La dépression se définit par un certain nombre de symptômes, selon la Classification internationale des maladies (CIM 10) de l’OMS. Pour que le diagnostic soit posé, plusieurs de ces symptômes doivent être présents toute la journée et presque tous les jours, durant au moins deux semaines. Ils ne doivent pas apparaître ou disparaître en fonction des circonstances de la vie.

  • humeur dépressive, tristesse, perte d’intérêt 
  • fatigue ou perte d’énergie 
  • trouble de l’appétit (avec perte ou prise de poids) 
  • troubles du sommeil (perte ou augmentation) 
  • ralentissement ou agitation psychomotrice 
  • sentiment d’infériorité, perte de l’estime de soi 
  • sentiment de culpabilité inappropriée 
  • difficultés de concentration 
  • idées noires, pensées de mort, comportement suicidaire.

Selon la durée, la sévérité et le nombre des symptômes, en parlera d’épisode dépressif léger, moyen ou sévère.

Quelques idées reçues sur la dépression

« Les dépressifs sont des gens faibles qui manquent de volonté. Il suffit de faire des efforts pour s’en sortir »

EN FAIT : La perte d’énergie et d’intérêt pour les activités habituelles sont précisément des symptômes de la dépression. La volonté seule ne permet pas de s’en sortir. Dire « secoue-toi un peu » à la personne est inefficace et culpabilisant.

« Dépressif un jour, dépressif toujours »

EN FAIT : La dépression ne relève pas d’une fatalité. Elle n’est pas non plus un trait de caractère. Il est possible de se rétablir d’une dépression.

Comment traiter la dépression 

Le but du traitement est de soulager la souffrance et la tristesse, de diminuer les conséquences de la dépression et le risque suicidaire. Le traitement repose sur une aide psychologique qui peut être apportée par une psychothérapie (par exemple : thérapie de soutien, thérapie brève, thérapie de groupe, etc.) et, si nécessaire, des médicaments. En effet, une aide psychologique peut suffire à surmonter un épisode dépressif léger ou modéré.

Les médicaments antidépresseurs sont à envisager surtout en cas de dépression sévère ou prolongée.

En fonction de la sévérité des symptômes 

Les recommandations de la Haute autorité de santé (HAS) et de l’Agence nationale du médicament (ANSM) prennent en compte la sévérité de l’épisode dépressif.

  • Épisode dépressif léger : il est recommandé de recourir à la psychothérapie. Il n’est pas recommandé de traiter par antidépresseur un épisode dépressif léger.
  • Épisode dépressif moyen : un antidépresseur peut être prescrit avant de débuter une psychothérapie, ou en complément.
  • Épisode dépressif sévère : un antidépresseur, associé ou non à une psychothérapie et parfois à d’autres médicaments psychotropes (tranquillisant, somnifère, etc.). Une hospitalisation est parfois nécessaire.

Le recours à une psychothérapie

Un traitement par psychothérapie se fait par des entretiens réguliers, individuels ou en groupe, avec un ou une psychothérapeute. La durée du traitement varie de quelques mois à plusieurs années. Une psychothérapie peut être pratiquée seule ou associée à d’autres thérapeutiques, par exemple la relaxation. Les personnes souffrant de dépression peuvent bénéficier de différentes formes de psychothérapies.

Le recours aux médicaments

Les antidépresseurs sont des médicaments psychotropes, principalement utilisés, depuis les années 1960, dans le traitement de la dépression et de certains troubles anxieux. Les médicaments sont une partie du traitement qui peut aider la personne dans son parcours de rétablissement, en soulageant les symptômes qui la submergent.

Tous les antidépresseurs peuvent causer des effets indésirables, souvent peu gênants, certains rares mais graves. Les détecter permet souvent d’en limiter les conséquences. Certaines précautions permettent d’en éviter beaucoup, en particulier en limitant les associations avec d’autres médicaments.

Qui, pour nous accompagner

Pour surmonter la dépression, nous pouvons chercher l’aide de notre médecin généraliste, d’une ou un psychiatre et d’autres spécialistes, comme une ou un psychothérapeute.

Dans certaines dépressions sévères avec risque suicidaire important, ou si un bilan physique complet est nécessaire, une hospitalisation en service de psychiatrie peut être décidée. Dans tous les cas la personne doit être informée de la raison médicale de cette hospitalisation et être associée aux décisions la concernant.

S’aider par soi-même

Si le recours aux soins est souvent indispensable en cas de dépression, on peut aussi essayer de s’aider par soi-même. Par exemple, pratiquer une activité physique que l’on aime, s’exposer à la lumière du jour, faire attention à ses rythmes de sommeil et son alimentation, limiter sa consommation d’alcool, de médicaments anxiolytiques ou de substances psychotropes (cannabis, autres drogues), éventuellement pratiquer la relaxation ou la méditation.

Des échanges avec des personnes vivant ou ayant vécu des troubles dépressifs peut apporter un réel soutien. On peut les rencontrer en participant à des groupes de paroles, ou dans les Groupes d’entraide mutuelle. On peut aussi les trouver grâce à une association de patients et de proches, ou bien échanger avec elles sur Internet dans des forums de discussion.

Les idées suicidaires sont fréquentes dans la dépression. Oser parler de ses pensées suicidaires, à un professionnel de santé par exemple, ou à un proche, c’est se donner la possibilité de se faire aider et de trouver des solutions.

Afin d’éviter une rechute ou une aggravation, on peut apprendre à repérer les signes d’alerte, par exemple un changement d’humeur, une perte d’intérêt, des troubles du sommeil, de l’irritabilité ou de la fatigue.

Vivre avec une personne concernée par la dépression

 Les proches peuvent assurer un soutien essentiel dans les moments difficiles traversés lors d’une dépression. Ce soutien peut notamment consister à :

  • Repérer les signes de la dépression chez une personne et faire le premier pas pour en parler
  • Aider la personne à chercher d’autres soutiens, à consulter un professionnel et, si besoin, à suivre un traitement
  • Soutenir la personne dans ses activités du quotidien
  • Évoquer les idées de suicide, afin de l’encourager dans sa recherche d’aide.

Rappelons que les personnes ayant des idées suicidaires ne veulent pas nécessairement mourir. Elles souhaitent avant tout mettre fin à une souffrance devenue insupportable et ne voient pas d’autres solutions. Par ailleurs, la majorité des personnes ayant des idées de suicide ne feront pas de tentative.

Il est indispensable, pour les proches, de se préserver de l’usure et du découragement. Avec le temps, ces sentiments risquent de se transformer en colère et en agressivité, qui peuvent avoir un effet contre-productif sur le traitement de la dépression de la personne. Il est important de prendre le temps de souffler et de pratiquer des activités personnelles dans lesquelles on trouve du plaisir. On peut ainsi rester efficace dans son soutien et préserver sa propre santé mentale.

Cet article a été écrit par Estelle Saget (Psycom), à partir de la brochure Troubles dépressifs rédigée par Julien-Daniel Guelfi (psychiatre), Céline Loubières (Psycom) et Jean-Baptiste Hazo (CCOMS).

© Psycom – Tous droits réservés

Julien-Daniel Guelfi, professeur de psychiatrie à l’Université Paris-Descartes, praticien attaché à la Clinique des maladies mentales et de l’encéphale à l’hôpital Sainte-Anne (GHU Paris Psychiatrie), est décédé en 2023. 

Jean-Baptiste Hazo, ingénieur de recherche au CCOMS jusqu’en 2020, n’a pas reçu entre 2019 et 2022 de financement d’entreprises fabriquant ou commercialisant des produits de santé (médicaments, dispositifs médicaux, matériel médical, e-santé, marketing médical, etc.).

Céline Loubières déclare ne pas avoir de liens d’intérêts avec des entreprises fabriquant ou commercialisant des produits de santé (médicaments, dispositifs médicaux, matériel médical, e-santé, marketing médical, etc.).

Estelle Saget déclare ne pas avoir de liens d’intérêts avec des entreprises fabriquant ou commercialisant des produits de santé (médicaments, dispositifs médicaux, matériel médical, e-santé, marketing médical, etc.).

Ces déclarations peuvent être vérifiées sur la Base Transparence Santé du Ministère de la Santé.