Quand on a des pensées suicidaires

Mise à jour : 04/03/2024
Quand on a des pensées suicidaires
Si je pense au suicide, je peux trouver de l’aide et du soutien devant mes difficultés. Quand c’est une personne de mon entourage qui m’inquiète, il existe des moyens d’agir face à sa souffrance.

Je pense au suicide

Lorsque nous souffrons beaucoup, lorsque nous ne voyons pas de solution à nos problèmes, nous pouvons parfois penser au suicide. Il est important de ne pas rester seul avec sa souffrance.

Il est possible de demander de l’aide à nos proches même si, au début, nous ne savons pas forcément comment nous y prendre. Nous pouvons aussi trouver du soutien auprès de services professionnels et gratuits, par exemple des lignes d’écoute. Leurs intervenants ont l’habitude de parler du suicide

Je m’inquiète pour une personne de mon entourage

Il peut arriver, aussi, que nous soyons inquiet car une personne de notre entourage nous a dit : « j’ai envie de mourir » ou « je voudrais que ça s’arrête ». Ou bien ce proche n’a pas parlé de suicide, mais ses propos ou son comportement nous préoccupent.

Nous pouvons agir en nous montrant présent et prêt à l’écouter. Nous pouvons l’encourager à chercher de l’aide auprès d’une professionnelle ou d’un professionnel, par exemple son médecin traitant, ou à appeler une ligne de soutien psychologique.

Les pensées suicidaires, qu’est ce que c’est ?

Penser au suicide est un signal d’alarme, qui indique que notre santé mentale se détériore.  Les pensées suicidaires peuvent prendre des formes différentes. Le site Suicide.ca, créé pour le ministère de la santé du Québec par l’Association québécoise de prévention du suicide, en a recensé plusieurs. Les voici :

  • envisager le suicide comme une solution à ses problèmes,
  • s’imaginer, de façon passagère, qu’on met fin à sa vie,
  • avoir des envies soudaines de se donner la mort,
  • être tourmenté par l’idée de se donner la mort,
  • planifier son suicide (la manière, le lieu et le moment).

Ces pensées s’accompagnent souvent d’autres pensées dans lesquelles la personne estime ne plus avoir sa place parmi les autres. Par exemple, “Je suis devenu un poids pour mon entourage”, “A quoi je sers ?”, “Je me sens transparente”. 

 

Les signes auxquels prêter attention

Si je ressens de la souffrance psychologique, je peux vérifier si je me reconnais dans l’une des descriptions ci-dessous. On les retrouve sur la page consacrée à la crise suicidaire par l’Assurance maladie :

  • je souffre au point que mes émotions m’empêchent de vivre normalement,
  • j’ai du mal à assumer mes responsabilités professionnelles ou familiales,
  • je me sens désespéré, j’ai des pensées suicidaires.

Ces signes indiquent que le moment est venu pour moi de chercher de l’aide auprès de mes proches ou d’un professionnel de la santé.

Si je m’inquiète pour quelqu’un de mon entourage, je peux prêter attention à certains signes que l’on retrouve fréquemment chez les personnes qui pensent au suicide. Il peut s’agir de paroles, d’émotions qu’elles manifestent ou de comportements. Voici des signes qui appellent à la vigilance, recensés par le Groupement d’études et de prévention du suicide (GEPS) :

  • Des propos montrant son désespoir
    • « J’en ai assez de me battre »
    • « La vie n’a plus de sens »
    • « T’as bien mieux à faire que de t’occuper de moi »
  • Des changements dans son humeur
    • Pleurs
    • Irritabilité, colère, disputes fréquentes
  • Des changements dans son comportement
    • Ruptures inexpliquées avec des amis ou des membres de la famille
    • Vente ou don d’objets, de biens, qui lui sont chers
    • Mise en gardiennage de son animal de compagnie
    • Rédaction ou mise à jour de son testament, préoccupations concernant son assurance-vie
    • Adieux ou au-revoir incongrus comme un au-revoir plus solennel que d’habitude, un appel téléphonique inhabituel, une lettre d’adieux
    • Mise en danger, par exemple augmentation de la consommation d’alcool ou de drogues, relations sexuelles à risque, conduite d’une voiture à grande vitesse ou d’une moto sans casque
    • Attitude de retrait, par exemple arrêt d’une activité de loisir importante d’habitude, absentéisme, chute des résultats scolaires ou des performances au travail
    • Apparence négligée, manque d’hygiène
  • Des manifestations physiques
    • Troubles du sommeil, par exemple insomnie ou réveil précoce
    • Perte d’appétit, amaigrissement
    • Plaintes concernant des douleurs
    • Vertiges
    • Nausées.

Parmi ces signes, aucun n’est spécifique. Autrement dit, on peut retrouver ces manifestations chez une personne en état de mal-être, sans qu’elle envisage pour autant le suicide. Pour autant, on peut se faire confiance. Si on a le sentiment que quelque chose ne va pas, il est important de proposer de l’aide.

Des situations de vie difficiles

Si je présente certains des signes cités plus haut, je peux regarder si je me trouve, en plus, dans une situation de vie difficile. De même si je m’inquiète pour une personne de mon entourage. En effet, certaines situations augmentent le risque de suicide.

En voici quelques-unes :

  • Rupture amoureuse
  • Deuil d’un proche, d’un animal
  • Difficultés financières
  • Perte d’un emploi
  • Epuisement professionnel ou burn-out
  • Harcèlement
  • Perte d’autonomie
  • Violence dans le couple
  • Solitude et isolement
  • Problèmes avec la justice
  • Discrimination liée au racisme, au sexisme, à l’orientation sexuelle, au handicap
  • Trouble psychique tel que dépression, trouble schizophrénique, trouble bipolaire, trouble anxieux, stress post traumatique (par exemple à la suite d’une agression sexuelle)

Si on repère dans cette liste une situation qu’on vit actuellement, il est important de ne pas rester seul avec sa détresse.

Pour certaines de ces situations, il existe des lignes d’écoute spécialisées où on peut obtenir du soutien et des conseils adaptés. Ainsi, on peut trouver des écoutants qui connaissent bien les problèmes de violence dans le couple, ou l’épreuve du deuil, ou encore les difficultés à affirmer son homosexualité.

Vivre avec un trouble psychique peut, dans certaines périodes difficiles, entraîner des pensées suicidaires. Je peux alors trouver du soutien auprès de mes pairs grâce aux associations d’entraide ou aux groupes d’entraide sur les réseaux sociaux comme Facebook, mieux connaître les traitements possibles pour ce trouble. Il est utile de savoir, aussi, que l’on peut se rétablir d’un trouble psychique.

Ce que je peux faire pour moi-même

Me protéger des pensées suicidaires

Si j’ai déjà connu des pensées suicidaires par le passé, je peux essayer de me rappeler de ce qui m’a aidé à aller mieux. De manière générale, il est important lorsqu’on traverse un moment difficile de pouvoir se réfugier dans un lieu où on se sent en sécurité et à l’abri du stress. Cela peut être la chambre, une autre pièce de la maison, chez une amie ou un ami, un lieu familier à l’extérieur.

Je peux aménager ce lieu à l’avance, organiser l’espace d’une manière qui m’apaise et y placer des objets qui me font du bien. Il peut s’agit par exemple de lampes produisant une lumière tamisée ou changeant de couleur, de quoi écouter de la musique, de posters au mur ou de photos, d’un sac de frappe à boxer pour se défouler.

Disposer d’un tel endroit est rassurant et peut m’aider à me protéger des pensées suicidaires.

Si je vis avec un trouble psychique, je peux mettre à profit une période où je vais bien pour remplir mon Guide prévention et soins (GPS). Ce livret contient notamment une rubrique « Ce qui m’aide quand je ne vais pas bien ». Je pourrai le rouvrir en cas de pensées suicidaires et ainsi, être mieux préparé pour y faire face. 

Trouver les stratégies qui marchent pour tenir ces pensées à distance

Lorsqu’on vit une situation stressante, on peut utiliser différentes stratégies pour éviter que des pensées suicidaires nous viennent, pour nous en distraire si elles arrivent ou pour les tenir à distance. Cela dépend beaucoup de la personne. Une stratégie qui marche pour moi peut ne pas marcher pour quelqu’un d’autre. Et il est bon d’en trouver plusieurs, pour pouvoir en changer selon le moment.

Une stratégie consiste à être actif ou à se dépenser physiquement. Par exemple :

  • Aller courir, se rendre à la salle de sport, faire du vélo
  • Prendre une douche
  • Téléphoner à une personne de confiance
  • Ecrire ce qu’on a sur le cœur
  • Faire une liste des choses importantes dans notre vie
  • Fabriquer quelque chose
  • Remettre de l’ordre chez nous, dans notre garage.

Une autre stratégie consiste à trouver des moyens de se relaxer. Par exemple :

  • Aller se promener dans un parc, en forêt
  • Faire des étirements, du yoga, du tai chi, des exercices de respiration
  • Regarder une série ou un film que nous aimons, ouvrir un livre
  • Jouer à des jeux vidéo
  • Bricoler, cuisiner, jardiner
  • Dessiner, colorier des mandalas.

En consultant la rubrique « Utiliser des stratégies d’adaptation » face au stress, sur le site québécois suicide.ca, on peut découvrir des stratégies auxquelles on n’aurait pas forcément pensé.

Depuis toujours, je suis passionnée par les événements sportifs et surtout le foot. Malgré mon agoraphobie, et pour m’aider à sortir de chez moi, je me suis abonnée au stade Geoffroy Guichard, qui se trouve à presque 6 heures de route. Je vais à Saint-Etienne en camping-car pour voyager avec ma maison, ça me rassure, même si partir me demande de gros efforts. Quand j’y retrouve d’autres passionnés, ça me change les idées et ça me sort de ma dépression.

Nathalie S.

En parler à mon entourage

Je peux chercher, autour de moi, une personne bienveillante en qui j’ai confiance, avec laquelle je peux parler de mes pensées suicidaires. Cette personne peut être un membre de ma famille, un ami, un collègue ou une personne rencontrée dans un groupe de soutien et qui a déjà vécu la même situation.

Il n’est pas toujours facile de trouver comment dire qu’on pense au suicide et ce qui pourrait nous aider. Voici quelques exemples de phrases qu’on peut utiliser pour demander du soutien à son entourage.

Je vis des choses difficiles en ce moment, je pense au suicide. J’aimerais discuter avec toi, je crois que ça m’aiderait à y voir plus clair.

C’est vraiment dur, ma séparation, je me sens triste, je suis dépassée. Aurais-tu un moment pour qu’on se voit cette semaine ?

Je suis vraiment mal, j’ai le numéro d’une ligne de soutien mais je n’ose pas appeler. Tu crois que tu pourrais venir à la maison et rester à côté de moi pendant que je téléphone ?

Trouver de l’aide auprès d’une ou d’un professionnel

Je peux consulter mon médecin traitant pour parler de mes pensées suicidaires et trouver quoi faire. Je peux prendre rendez-vous avec ma psychothérapeute ou ma psychiatre, si je suis déjà suivi.

Je peux aussi trouver du soutien psychologique auprès d’un intervenant spécialisé en appelant une ligne d’écoute gratuite. Il ou elle est là pour écouter et orienter. Plusieurs lignes ont d’ailleurs été créées pour répondre aux personnes qui ont des pensées suicidaires. Leurs intervenants sont formés pour aborder ce sujet. Dans la liste que Psycom propose, ces lignes figurent sous le thème « suicide, pensées suicidaires ».

Si je n’aime pas téléphoner, je peux utiliser les services proposant d’échanger des messages par tchat.

Enfin, je peux chercher un psychothérapeute qui m’apportera un soutien régulier, durant le temps nécessaire.  

Ce que je peux faire pour un proche

Aider la personne à mieux se protéger

Quand une personne de mon entourage pense au suicide, il y a plusieurs choses que je peux faire. Je peux l’aider à se protéger en rendant plus sûr l’endroit où elle vit. En effet, des études ont montré que réduire l’accès à des objets ou des lieux dangereux sauve des vies.

On peut par exemple ranger les médicaments dans une armoire fermée à clé, et faire de même pour les armes à feu (par exemple un fusil de chasse) s’il y en a, en stockant à part les munitions.  

On peut aussi prendre l’habitude de ramener à la pharmacie les médicaments non utilisés une fois le traitement terminé, au lieu de les garder à la maison.

Je peux garder sur moi les clés de voiture si je vis sous le même toit que mon proche. 

Parler du suicide avec la personne

Je peux commencer la conversation en disant à mon proche que j’ai observé chez lui ou chez elle des signes qui m’inquiètent. Voici quelques exemples qui peuvent donner des idées.

 J’ai remarqué que tu ne viens plus aux entraînements. Il se passe quelque chose ? 

J’ai l’impression que tu prends moins soin de toi ces derniers temps. Est-ce que tu traverses un moment difficile ? 

Tu as l’air tendu, soucieux. Je me trompe ? 

L’étape suivante consiste à écouter la personne, sans la juger. Il ne s’agit pas de trouver des solutions à ses problèmes, simplement de se montrer disponible et sincère dans l’attention qu’on lui porte. Je peux poser des questions simples pour relancer la conversation. En voici quelques exemples.

Raconte-moi ce qui t’arrive, je m’inquiète pour toi.

Tu peux me dire ce que tu as sur le cœur, je ne vais pas te juger. 

Ça fait longtemps que tu te sens si mal ? 

Si je me sens suffisamment à l’aise pour aborder les pensées suicidaires, le plus efficace est de poser directement la question à la personne. Je peux par exemple lui dire : « Ça ne doit pas être évident, ce que tu traverses. Est-ce que tu penses au suicide ? » On sait que prononcer le mot de suicide ne va pas donner l’idée à la personne de faire une tentative. Par contre, si elle y pense, elle sera soulagée de pouvoir en parler.

L’encourager à être active

Je peux encourager la personne à être active, car c’est particulièrement difficile de prendre des initiatives lorsqu’on est en souffrance. Je peux chercher avec elle des moyens d’améliorer sa situation. Je peux être à ses côtés lorsqu’elle entreprend les démarches.

Je peux lui suggérer de chercher de l’aide auprès d’un professionnel de santé. Je peux réfléchir avec elle à celui ou celle qu’elle pourrait solliciter, me renseigner pour obtenir ses coordonnées. Au besoin, je peux l’accompagner jusqu’à la consultation.

Etre présent, prendre des nouvelles

Je peux suggérer à la personne de me donner de ses nouvelles. Il est utile, sinon, de la contacter à intervalles réguliers. Je peux passer la voir, lui téléphoner, lui envoyer des textos ou des mails, l’inviter à déjeuner. Je peux aussi lui glisser un petit mot sous sa porte, lui écrire un message sur un post-it et le coller sur son ordinateur si je travaille avec elle.

Etre présent montre à la personne qu’elle compte pour moi. Cela me permet aussi de savoir comment elle va, et de réagir si certains signes d’alerte sont toujours là ou s’ils reviennent.

Cet article a été écrit par Estelle Saget (Psycom). 

Ont été sollicités pour cet article : Sébastien Garny de la Rivière, pédopsychiatre au CHU d’Amiens ; Charles-Edouard Notredame, psychiatre au CHU de Lille, secrétaire général du Groupement d’études et de prévention du suicide (GEPS) ; Catherine Massoubre, professeure de psychiatrie et cheffe du pôle psychiatrie au CHU de Saint-Etienne, présidente du GEPS ; Nathalie Pauwels, conseillère en communication, chargée du déploiement du programme Papageno contre la contagion suicidaire ; Nathalie S., administratrice d’un groupe d’entraide Facebook de personnes concernées par la dépression et les pensées suicidaires. 

© Psycom – Tous droits réservés

Sébastien Garny de la Rivière a reçu entre 2018 et 2021 un financement du laboratoire pharmaceutique Shire France pour sa participation à un congrès.

Catherine Massoubre a reçu entre 2018 et 2021 des financements des laboratoires pharmaceutiques Janssen-Cilag, Eisai, Otsuka Pharmaceuticals France, Sanofi Aventis France, pour sa participation à des congrès.

Charles-Edouard Notredame a reçu entre 2018 et 2021 un financement du laboratoire pharmaceutique Otsuka Pharmaceuticals France pour sa participation à un congrès. Il est coordinateur adjoint du Numéro national de prévention du suicide (2NPS) et coordinateur du groupe de travail de la Haute autorité de santé (HAS) dédié à la rédaction des recommandations sur « Tentatives de suicide et risque suicidaire chez l’enfant et l’adolescent ».

Nathalie Pauwels est responsable de la communication du Numéro national de prévention du suicide (2NPS).

Nathalie S. déclare ne pas avoir de lien d’intérêts en rapport avec cet article.

Estelle Saget déclare ne pas avoir de liens d’intérêts avec des entreprises fabriquant ou commercialisant des produits de santé (médicaments, dispositifs médicaux, matériel médical, e-santé, marketing médical, etc.).

Ces déclarations peuvent être vérifiées sur la Base Transparence Santé du Ministère de la Santé.

Cet article a été rédigé dans le cadre d’un partenariat entre Psycom et Santé publique France.