La santé mentale en vieillissant

Mise à jour : 04/03/2024
La santé mentale en vieillissant
Nous pouvons mobiliser beaucoup de ressources pour préserver notre bien-être, en dépit des problèmes physiques liés à l'âge. Avoir le moral en berne n’est pas une fatalité !

Vieillir en bonne santé mentale, c’est possible

Le vieillissement est, comme l’adolescence, une période de grands changements durant laquelle il faut puiser dans ses capacités d’adaptation. Notre condition physique devient moins bonne. Des événements marquants comme le départ à la retraite ou la naissance de petits-enfants viennent bouleverser nos repères.

Avec l’âge, les principaux enjeux sont de garder son autonomie et une qualité de vie satisfaisante. Toutefois, ce qui est satisfaisant pour l’une, ne l’est pas forcément pour l’autre. Quelle que soit la situation dans laquelle nous nous trouvons, il est pourtant possible de mobiliser des ressources pour préserver notre santé mentale.

Ce qui peut nous déstabiliser

En vieillissant, nous vivons de nombreuses épreuves qui peuvent nous déstabiliser. Pour autant, la souffrance psychique n’est pas une fatalité. Et si elle survient, le dialogue avec une personne de confiance dans l’entourage peut l’apaiser, tout comme une psychothérapie avec un professionnel.

Ainsi, nous vivons des deuils, ceux de proches ou d’amis. C’est aussi une période où l’on doit davantage faire face à l’angoisse de la mort. Par ailleurs, nous revisitons notre passé : nous l’aurions peut-être souhaité différent, ou moins traumatique. Les blessures de l’enfance, jamais réellement fermées, peuvent refaire surface. Nous pouvons rencontrer des difficultés à transmettre notre savoir ou notre expérience aux nouvelles générations. Nous ressentons, peut-être, de l’amertume vis-à-vis d’une société dans laquelle nous avons le sentiment de ne plus trouver notre place.

D’autres épreuves tiennent à notre condition physique. Nous nous déplaçons plus difficilement. Notre vue et notre audition baissent. Certains organes fonctionnent moins bien, nous pouvons connaître des douleurs chroniques. Nous sommes confrontés à la perte d’autonomie, à des problèmes physiques ou mentaux, à des soins de longue durée.

D’autres épreuves, encore, tiennent à nos conditions de vie. Nous pouvons connaître un niveau de vie moindre, en raison de la retraite ou d’un handicap. Le cadre de vie peut être plus ou moins adapté et stimulant, selon le logement dont on dispose, l’offre de transports, les possibilités de loisirs, les services et le soutien proposés autour de chez nous. Si nous sommes en situation d’isolement social, nous pouvons ressentir de la solitude.

Ce qui peut nous porter

Vieillir peut être l’opportunité d’une « découverte de soi », d’apprendre à écouter ses envies. Pour certaines personnes, les responsabilités familiales sont moindres, ou bien la pression liée au travail a disparu, offrant une liberté nouvelle.

Vieillir c’est aussi l’occasion, parfois, de se reconstruire ou plus modestement de donner de la cohérence et du sens à son existence.

En portant attention à sa santé physique, on peut préserver sa santé mentale, et vice-versa. Les personnes âgées qui ont des problèmes de santé physique ont souvent plus de risques de connaître une dépression que les bien-portants. Aussi, il est important de repérer les fragilités de notre corps pour prévenir au mieux les problèmes.

A chaque personne son idée du bien-être

La notion de bien-être n’est pas la même pour chaque personne. Une même situation peut être perçue et vécue très différemment d’une personne à l’autre. Par exemple, le départ en retraite et l’arrêt des activités professionnelles peuvent procurer un soulagement à certaines personnes, et constituer une perte immense pour d’autres. Aussi, il est bon de ne pas préjuger de nos réactions, ni ne prêter aux autres nos propres ressentis.

Bien souvent, la vieillesse est assimilée à une période triste, où l’on perd tour à tour son rôle dans la société, des proches, des liens amoureux, affectifs et sociaux. L’avancée en âge est souvent associée à la dépendance, à plus de précarité et à moins d’activités sources de plaisir.

Pourtant les recherches en gérontologie sociale (la discipline étudiant les causes et les conséquences du vieillissement) montrent une réalité bien différente ! Dans ces études, on observe un bien-être assez stable, malgré les difficultés rencontrées au fil des années.

Ce qui se passe dans notre tête

A quel âge se sent-on vieille ou vieux ?

On définit la vieillesse comme la dernière partie de la vie. Ce qui autorise un certain flou… D’ailleurs, les institutions retiennent des âges tous différents, comme point de départ de la vieillesse.

  • L’Organisation mondiale de la santé (OMS) a choisi le seuil de 65 ans pour définir les politiques de santé destinées aux personnes âgées.
  • En France, l’âge de 60 ans est retenu pour la mise en place de l’allocation pour l’autonomie (APA) et la possibilité d’être accueilli en EHPAD (Établissement d’hébergement pour personnes âgées dépendantes).
  • Les services et les filières de gériatrie, à l’hôpital public par exemple, accueillent les personnes à partir de 75 ans.

Certes le départ à la retraite est souvent considéré, dans la société, comme l’entrée dans la vieillesse. Mais la loi fixe à la fois un âge légal et… de nombreux cas particuliers. Et cet âge légal va, de toute façon, reculer dans les années à venir.

Il existe bel et bien des critères biologiques, qui attestent que le corps vieillit. Mais se « sentir vieille ou vieux », c’est une réalité toute personnelle. Et le moment où cela survient varie selon l’individu.

Et notre cerveau, dans tout ça ?

Le cerveau, comme tous les organes, est soumis au phénomène de vieillissement physiologique. Penchons-nous, un instant, sur ce qu’on peut considérer comme le vieillissement « normal » de notre cerveau.

La manière dont nous vieillissons sur le plan psychique ne dépend qu’en partie des capacités de notre cerveau. Bien d’autres facteurs jouent. Les évènements de notre existence, le regard des autres, l’image de la vieillesse dans notre société, notre personnalité, les représentations de nous-mêmes et du monde que nous avons construites tout au long de notre vie : tout cela influe sur notre vie psychique, tandis que nous avançons en âge.

Préserver notre santé mentale en vieillissant

L’avancée en âge n’interdit en rien le maintien de sa santé mentale qui est « un état de bien-être dans lequel une personne peut se réaliser, surmonter les tensions normales de la vie, accomplir un travail productif et contribuer à la vie de sa communauté » (OMS, 2014).

Bien vieillir sur le plan psychique, c’est prendre soin de soi et donc, si possible :

  • conserver une activité physique régulière, d’intensité modérée et adaptée,
  • avoir une alimentation équilibrée,
  • entretenir des liens sociaux afin d’éviter l’isolement,
  • pratiquer des activités sources de plaisir : loisirs, culture, solidarité, etc.
  • repérer les signes pouvant faire penser à des troubles psychiatriques ou neurodégénératifs, comme la désorientation ou les trous de mémoire.

Aussi, il peut être utile de se renseigner sur les actions mises en place à l’échelle de notre quartier et de notre commune pour s’y investir, ou en bénéficier. Certaines visent à encourager la solidarité entre personnes du même âge et entre générations ; d’autres offrent des aides améliorant la qualité de vie. Prendre part à ces initiatives et solliciter de telles aides sont des moyens de préserver sa santé mentale.

Si le mal-être s’installe

Il arrive que la santé mentale soit malmenée avec l’âge, et que le mal-être s’installe. Nous pouvons ne pas nous en apercevoir tout de suite. Certains signes, pourtant, doivent nous amener à consulter. Souvent, nos proches ou notre médecin de famille sont les mieux placés pour les repérer.  Le recours pendant plusieurs mois, voire plusieurs années, à certains médicaments comme les tranquillisants, les somnifères et les anti-douleurs doit nous alerter. Une consommation d’alcool devenue plus importante, aussi.

Il est conseillé de ne pas laisser s’installer la dépression, l’anxiété, les troubles du sommeil ou un autre trouble psychique, même si nous le jugeons mineur, ou si nous pensons que “cela va passer”. Il existe des aides efficaces pour y faire face. Nous pouvons en parler à notre médecin traitant ou avec notre entourage.

Cet article a été écrit par Estelle Saget (Psycom) à partir de la brochure Santé mentale et vieillissement rédigée par Thierry Gallarda (GHU Paris psychiatrie et neurosciences), Jacques Gauillard (CASVP) et Céline Loubières (Psycom).

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