La santé mentale des parents

Mise à jour : 19/04/2024
La santé mentale des parents
Si je suis parent ou coparent, je peux trouver de l'aide autour de moi pour prendre soin de ma santé mentale. Et ainsi, me préserver d'un burn-out.

Quand on se prépare à l’arrivée d’un enfant

Pendant la grossesse, de nombreux changements se produisent pour les futurs parents. Le corps change, on ressent des émotions intenses, on passe du statut de femme ou d’homme à celui de parent ou coparent. La santé mentale peut être fragilisée durant cette période.

Il en est de même après la naissance de l’enfant. Le couple, la famille ou le mode de vie : tout est à réorganiser. Se sentir mère ou père de son nouveau-né prend parfois du temps. Devenir parent peut renvoyer à des manques, des angoisses, des peurs qui sont liées à sa propre enfance.

Dans ma tête, ce n’est pas forcément simple. J’avais peut-être des idées sur la maternité, la paternité, et la réalité se montre très différente. Il y a un écart entre ce que je vis et l’idéal que je m’étais fixé . Je peux ressentir de la culpabilité, avoir des doutes et trouver difficile d’en parler, de peur d’être incompris ou jugés négativement.

Jusqu’aux deux ans de l’enfant

Ce que je peux faire pour ma santé mentale

Dans la période qui précède l’arrivée de l’enfant, je peux me sentir débordé par mes émotions. Pour m’aider, je peux réfléchir aux activités qui m’apaisent, et m’autoriser à les faire. Par exemple rester seul, au calme, ou au contraire sortir avec des amis. Je peux aussi limiter les « obligations » que je m’impose, ralentir un peu. On trouve plus de conseils dans les articles Les émotions pendant la grossesse et Comment gérer le stress pendant la grossesse sur le site 1000 premiers jours, créé par Santé publique France.

Si je suis en couple, la relation avec mon ou ma partenaire peut aussi devenir compliquée. Je peux organiser un moment à deux pour échanger sur les doutes et les peurs de chacun. Dans la vie sexuelle, je peux insister sur le respect des désirs et des besoins de l’un et de l’autre. On trouve plus de conseils dans les articles Le couple pendant la grossesse et aussi Les relations avec l’entourage pendant la grossesse (1000 premiers jours).

Quand l’enfant est né, d’autres changements se produisent et le temps manque. Dans mon couple, je peux échanger des gestes de tendresse, des attentions, des compliments. Se dire que l’on s’aime permet d’entretenir le lien. On trouve plus de conseils dans l’article La vie de couple quand on devient parent (1000 premiers jours).

Si je suis papa, je peux ressentir de l’anxiété parce que l’accouchement ne s’est pas passé comme je l’avais imaginé. J’ai eu peur de perdre ma compagne, ou le bébé. Le récit en bande dessinée « Devenir papa : quand l’accouchement ne se passe pas comme imaginé » a été conçu pour apporter de l’aide dans cette situation.

A l’arrivée d’un bébé, les grands frères et les grandes sœurs peuvent se sentir inquiets, jaloux ou rejetés. Je peux continuer à faire des activités avec eux, des sorties – même très courtes. On trouve plus de conseils dans l’article La vie de famille après la naissance (1000 premiers jours).

Ce que je peux faire pour la santé mentale de l’autre parent

Je peux apporter mon soutien à l’autre parent de plusieurs façons et l’aider ainsi à préserver sa santé mentale. Par exemple :

  • en partageant avec elle ou lui les tâches du quotidien, la garde des enfants, en ouvrant la discussion, en proposant une balade
  • en indiquant que je suis présent pour elle ou lui en cas de besoin
  • en l’écoutant et en étant attentif aux signes d’un éventuel mal-être
  • en cherchant avec elle ou lui un professionnel de santé si elle ou il est en souffrance.

Si je suis papa ou futur papa, je peux me trouver dans la situation ou ma compagne ne va pas bien et me sentir désemparé. Le récit en bande dessinée « Devenir papa : quand votre compagne ne va pas bien » a été conçu pour apporter de l’aide.

Des situations de vie plus difficiles que d’autres

Dans certaines situations de vie, il peut être compliqué de prendre soin de sa santé mentale. L’organisme public suisse Promotion santé Suisse a recensé en 2021 des situations qui se révèlent plus difficiles que d’autres. Si je repère dans la liste ci-dessous une situation que je vis actuellement comme parent, il est important de ne pas rester seul et de chercher du soutien. 

  • Des événements de vie stressants, par exemple : se trouver éloigné de sa famille, être séparé de son conjoint ou sa conjointe, avoir déménagé ou prévoir un déménagement, avoir des conditions de travail difficiles, avoir perdu son emploi, connaître des difficultés en lien avec une adoption
  • Le manque de soutien du co-parent, de la famille ou de l’entourage
  • Le manque continu de sommeil ou de repos
  • Une grossesse non prévue, non désirée
  • Une grossesse alors qu’on est très jeune, ou bien sur le tard
  • Des jumeaux ou des naissances multiples
  • Des complications de santé liées à la grossesse ou à l’accouchement
  • Une naissance prématurée
  • Des difficultés avec l’allaitement
  • Un bébé aux besoins particuliers
  • Un baby blues sévère après la naissance (voir plus bas les caractéristiques du baby blues)
  • Le co-parent souffrant de dépression ou d’anxiété en lien avec l’arrivée de l’enfant
  • Avoir connu précédemment un deuil suite à une fausse couche, une interruption de grossesse volontaire ou médicale, le décès du bébé à la naissance,
  • Etre ou avoir été soi-même concerné par des troubles psychiques, ou que ce soit le cas pour une personne de la famille
  • Connaître ou avoir connu dans le passé des violences dans sa famille ou des violences conjugales, des abus psychologiques ou sexuels.

A quel moment parler de ce que je ressens

Je peux partager mes sentiments, mes difficultés et mes attentes avec des personnes en qui j’ai confiance. Cela peut être mon entourage familial ou amical. Je peux aussi trouver ces personnes dans des groupes de parents ou des associations de parents. Je peux également parler de ce que je ressens à des professionnels de santé.

Cela peut être d’une grande aide, notamment si je :

  • n’arrive plus à me projeter dans l’avenir
  • me sent seule ou seul, dépassé par la situation
  • ne me sent pas vraiment mère ou père
  • ne ressent pas d’élan affectif pour mon bébé
  • ressent de la culpabilité de ne pas répondre aux sollicitations de mon bébé.

Si je suis futur parent ou parent, je peux évaluer mon bien-être émotionnel en quelques minutes, en répondant en ligne au questionnaire proposé par le site 1000 premiers jours de Santé publique France.

Avec quel professionnel de santé parler

Je peux consulter un ou une professionnelle de santé en m’adressant à différentes structures autour de moi. Cela peut être : 

  • Le ou la médecin généraliste,
  • La sage-femme qui a fait le suivi de grossesse ; celle qui s’est occupée du suivi après l’accouchement,
  • Les services de Protection Maternelle et Infantile (PMI) qui accompagnent les mères avant et après la naissance de l’enfant,
  • Le ou la gynécologue qui a participé au parcours de grossesse, à l’accouchement ou au suivi après la naissance,
  • La maternité dans laquelle la mère a séjourné ou celle proche du domicile,
  • La ou le pédiatre qui effectue le suivi de l’enfant,
  • Une ou un psychologue ou psychiatre.

Je peux aussi profiter d’un rendez-vous programmé avec un professionnel de santé pour parler de que je ressens. Par exemple :

  • Lors d’une consultation de suivi de ma grossesse, prise en charge par l’Assurance maladie
  • Lors de l’entretien prénatal précoce (EPP), à partir du 4ème mois de grossesse, lui aussi pris en charge par l’Assurance maladie. Le coparent peut y participer
  • Lors du séjour en maternité, en demandant à voir un psychiatre ou un psychologue, si l’établissement en dispose
  • Lors d’une visite de suivi postnatal, prise en charge par l’Assurance maladie
  • Lors de l’entretien postnatal précoce (EPNP), entre la 4ème et la 8ème semaine après l’accouchement, lui aussi pris en charge par l’Assurance maladie. Le coparent peut y participer.

Baby blues, dépression du post-partum, quelle différence ?

Les signes du baby blues chez la mère

L’arrivée d’un enfant est un bouleversement pour tous les parents. Il est fréquent qu’après l’accouchement, la mère présente une perturbation de l’humeur dont les signes peuvent être :

  • un sentiment de tristesse,
  • de l’irritabilité,
  • des crises de larmes,
  • le sentiment d’être dépassée (par exemple se sentir incapable de s’occuper de son bébé, avoir peur d’être une mauvaise mère),
  • des difficultés de sommeil, de la fatigue.

Il s’agit d’un état émotionnel normal et passager qui n’est pas une dépression. C’est ce qu’on appelle le « baby blues ».

Le « baby blues » est vécu par plus d’une femme sur deux. Il apparaît généralement 2 à 4 jours après l’accouchement et peut durer de quelques heures à quelques jours. Aucun traitement spécifique n’est nécessaire, l’écoute et le réconfort apportés par l’entourage suffisent dans la plupart des cas.

Les signes de la dépression chez la mère

La dépression se distingue du baby blues par sa durée et son intensité. Elle peut toucher toutes les femmes, qu’elles soient mères pour la première fois ou qu’elles aient déjà eu un ou des enfants.

La dépression du post-partum (ce qui veut dire « après l’accouchement », en latin) survient au cours de la première année suivant la naissance de l’enfant. Sa fréquence est la plus élevée entre 2 et 4 mois après l’accouchement, puis à nouveau 6 mois après l’accouchement. Une dépression peut aussi survenir plus tôt, durant la grossesse.

Ce type de dépression se caractérise par un ou plusieurs symptômes présents presque tous les jours pendant au moins 2 semaines :

  • Humeur triste sans raison apparente presque toute la journée,
  • Perte de l’intérêt ou du plaisir pour les activités appréciées habituellement,
  • Difficultés à accomplir les activités quotidiennes, à s’occuper du bébé,
  • Fatigue ou perte d’énergie,
  • Diminution ou augmentation de l’appétit,
  • Difficultés à s’endormir ou dormir excessivement,
  • Difficultés à se concentrer, à prendre des décisions et à se souvenir des choses,
  • Sentiment d’inutilité, de culpabilité ou de désespoir,
  • Avoir l’impression que l’on va se faire du mal à soi ou à son bébé (ce qu’on appelle une phobie d’impulsion)
  • Avoir des pensées suicidaires.

Les signes de la dépression chez le père

Les pères aussi peuvent connaître une dépression avant ou après la naissance. Cela concerne environ un homme sur dix. Cela est plus fréquent si leur partenaire est déjà concernée par une dépression.

Certains symptômes sont plus caractéristiques de la dépression chez les pères, par exemple :

  • Irritabilité et colère,
  • Tendance à multiplier les activités en dehors de la maison que ce soit au travail, à travers le sport ou dans la consommation de jeux, d’alcool, de drogues,
  • Fatigue, maux de tête, douleurs,
  • Isolement social.

Si je suis père et que je ressens un sentiment de mal-être, je me reconnaîtrai peut-être dans le récit en bande dessinée « Devenir papa : quand c’est difficile pour le papa ». Ce livret a été conçu, justement, pour apporter de l’aide dans une telle situation.

Le traitement de la dépression

La dépression se soigne. Le soutien de l’entourage et de professionnels de santé, un suivi psychologique et, dans certains cas, un traitement médicamenteux, aident à se rétablir.

Parfois une hospitalisation dans une unité mère-enfant ou une unité parents-bébé peut être nécessaire.

Si d’autres troubles se manifestent

D’autres troubles peuvent se manifester pour la première fois, ou alors s’accentuer, avant ou après la naissance, par exemple les troubles bipolaires ou les troubles schizophréniques. Dans ces cas, il est important de prêter attention aux signes de mal-être et s’ils sont présents, de consulter un professionnel de la santé mentale.

La mère peut également être concernée par la psychose puerpérale. Il s’agit d’un épisode délirant avec de l’agitation, une perte totale de sommeil, des propos incohérents, des hallucinations. Cet épisode comporte un risque de se faire du mal à soi ou à son enfant. La psychose puerpérale est rare et survient en général dans les 2 semaines suivant l’accouchement. Si la mère présente de tels symptômes, il est nécessaire de contacter les services d’urgences.

Quand l’enfant grandit

Pourquoi être parent, c’est si compliqué

Fonder une famille est synonyme de bonheur ou du moins, cela est souvent présenté comme tel. Mais le parent peut, au contraire, se sentir mis à l’épreuve. Il peut avoir l’impression d’être perdu entre son envie de bien faire, l’attention réclamée par l’enfant et ce que la société attend de lui ou d’elle. Il peut penser qu’on lui en demande beaucoup. Et même trop.

Les principes de l’éducation dite « positive » se sont largement répandus au cours des vingt dernières années. Cette approche se veut bienveillante, en rupture avec des comportements rangés sous le nom de « violences éducatives ordinaires » telles que hausser le ton, crier ou donner une gifle. On peut se sentir en accord avec ces principes, mais démuni au moment de les mettre en pratique.

Car les injonctions sont nombreuses et parfois, elles se contredisent entre elles. Ainsi, il faudrait écouter les besoins de l’enfant et en même temps… lui permettre de connaître la frustration. Il faudrait garantir sa sécurité et… l’encourager à aller vers la nouveauté. On peut se demander s’il existe un seul parent sur terre capable de faire tout cela à la fois !

Comment ne pas être un parent parfait

Beaucoup se demandent, dans leur tête : « Est ce que je suis un bon parent ? ». On aspire à l’être, ou bien on ressent de la pression pour être ce bon parent, voire même un parent parfait. Mais qui peut répondre « oui » à une question aussi tranchée ? Je peux choisir de la poser autrement : « Est ce que je suis un parent suffisamment bon » ? C’est la formulation proposée par le pédiatre britannique Donald Winnicott dès 1953 – elle reste utile aujourd’hui. En ajoutant un seul mot, « suffisamment », je me donne un objectif qu’il est possible d’atteindre. Il s’agit de faire au mieux, avec la part de ratés qui font partie d’une existence ordinaire.

Le parent qui lit cette page est, sans doute, très investi dans l’éducation de son enfant. Aussi, il peut être utile de se poser cette question : est ce que je me reconnais dans le portrait qu’on dresse du parent « hélicoptère » ? L’image est utilisée pour décrire un parent présent en tout lieu et en tout temps ; si présent qu’on peut le comparer à un hélicoptère restant en vol stationnaire au-dessus de son enfant. Si je contrôle tous ses devoirs, que je vis chaque mauvaise note comme un échec, que je reste sur les gradins le mercredi pendant toute la durée de son entraînement de hand-ball, il est utile de me demander : et si c’était trop pour elle ou lui, et trop pour moi ?

Pour ne pas m’épuiser en essayant d’être un parent parfait, je peux m’accorder du temps pour moi, du temps pour mon couple. Je peux décider de lâcher sur certaines choses avec mon enfant. Décréter, par exemple : on s’en fiche si ses habits traînent par terre dans sa chambre pendant plusieurs jours. C’est un moyen, parmi d’autres, de retrouver du plaisir dans la relation avec elle ou lui.

Où s’outiller en tant que parent

Près de chez moi

Pour trouver du soutien et m’outiller dans mon rôle de parent, je peux chercher des dispositifs autour de chez moi. On peut trouver des groupes de paroles réunissant des parents, des ateliers en groupe animés par un professionnel de l’enfance, du travail social ou de la santé mentale, ou encore des séances en tête à tête avec ce même type de professionnel.

Il n’est pas facile de repérer ces dispositifs, car leurs noms changent d’un organisme à l’autre. Voici quelques exemples de structures qu’on trouve un peu partout en France :

  • Des dispositifs publics comme les « Réseaux d’écoute d’appui et d’accompagnement des parents » (REAAP) et les lieux d’accueil enfants parents (LAEP)
  • Les « Point Écoute Parents », avec accueil en tête à tête par une ou un psychologue
  • Le réseau des Écoles des parents et des éducateurs (EPE) et ses « Cafés des Parents ».

Le recours à une médiatrice familiale ou un médiateur familial peut s’envisager en cas de conflit entre des parents séparés, ou de conflit entre parents et adolescents. 

On peut trouver plus d’informations auprès du centre de Protection Maternelle et Infantile (PMI) le plus proche de son domicile, ou bien de la Caisse des allocations familiales (CAF).

Pour me faire une idée de ce qui existe près de mon domicile, je peux aussi aller sur internet, taper le nom de mon département ou de ma ville dans un moteur de recherche (Qwant, Google, Bing…) et ajouter l’un des mots suivants :

  • groupe de parole pour parents
  • groupe d’échanges pour parents
  • cercle de parents
  • groupe parentaux
  • guidance parentale
  • consultation familiale
  • atelier parents, ou atelier parents-enfants, ou atelier parentalité
  • centre ressources de la famille, ou centre ressources enfance famille
  • centre d’aide à la parentalité
  • centre d’accompagnement à la parentalité
  • centre d’accueil à la parentalité.

Certains dispositifs dépendent d’organismes publics, d’autres ont été créés par des associations. D’autres encore sont des initiatives privées. Selon les cas, ils peuvent être gratuits ou payants. Il est important de chercher cette information sur internet ou d’interroger mon interlocuteur lors du premier contact.

Depuis chez moi

Il existe aussi des services de soutien accessibles de chez soi – par téléphone, en visio ou par tchat. On trouve ceux qui sont gratuits sur notre page Les lignes d’écoute, en cliquant dans le sommaire sur la rubrique « parents ».

On peut aussi se rapprocher d’autres parents sur les réseaux sociaux. Sur Instagram et sur X (auparavant Twitter) par exemple, des parents partagent leur ressenti ou leurs idées avec le #teamparents.

Sur Facebook, il existe des groupes privés de parents par ville ou par quartier. Pour les trouver, taper « parents » dans la fenêtre de recherche puis une fois dans la rubrique « filtres », cliquer sur l’icône « groupes », puis cliquer sur « ville » et taper le nom de la ville. Il existe aussi des groupes dédiés aux parents solos. Enfin, je peux créer mon propre groupe et proposer à d’autres parents de le rejoindre, par exemple contacter ceux de la classe de ma fille ou de mon fils.

Le burn-out parental, qu'est ce que c'est

Les signes pour reconnaître le burn-out

L’épuisement parental, également appelé burn-out, touche surtout les mères, mais il peut aussi concerner les pères. On en parle lorsque le fait d’être parent entraîne un état d’épuisement à la fois émotionnel, physique et mental.

Le burn-out parental est un domaine de recherche récent, où les connaissances continuent à évoluer. Chercheuses à l’université de Louvain (Belgique), les psychologues Isabelle Roskam et Moïra Mikolajczak font actuellement référence sur le sujet. Elles définissent le burn-out parental comme « un syndrome caractérisé par un épuisement émotionnel dans son rôle de parent, une distanciation émotionnelle d’avec ses enfants et une perte d’efficacité et d’épanouissement dans son rôle parental ».

Ainsi, on peut penser à un burn-out lorsque ces 3 signes sont présents :

  • Une fatigue extrême
  • Une distance émotionnelle vis-à-vis des enfants (on accomplit correctement les tâches liées à leur éducation, mais à la manière d’un robot, sans s’impliquer en tant que personne)
  • La perte du plaisir à exercer son rôle de parent (on retarde le plus possible le moment de rentrer à la maison, entendre le mot « papa » ou « maman » peut devenir insupportable)

Si je me reconnais dans la description ci-dessus, le moment est venu d’accepter l’idée que je suis dépassé, et de demander de l’aide.

Pour mesurer son niveau d’épuisement, on peut « prendre sa température émotionnelle » en utilisant le thermomètre émotionnel proposé par l’équipe de psychiatrie de l’enfant et de l’adolescent de l’hôpital Robert Debré, à Paris. Le test consiste à s’interroger sur ce qu’on ressent : quelles sont les émotions, les idées et les sensations physiques qui accompagnent mon épuisement ?

Que faire si on est en burn-out

Si je suis en burn-out, j’ai d’abord besoin de me reposer pour prendre du recul et comprendre ce qui m’arrive. Voici quelques pistes pour obtenir du répit :

  • consulter mon médecin généraliste et envisager avec elle ou lui un arrêt de travail
  • installer les enfants chez un proche pour quelques jours ou semaines
  • demander au coparent de s’occuper des enfants et m’installer pour quelques jours ou semaines dans la famille ou chez des amis
  • quand c’est possible financièrement, utiliser des dispositifs où les enfants sont accueillis en groupe comme les colonies de vacances, les centres de loisirs ou les stages de sport, solliciter des baby-sitters, trouver des étudiants pour l’aide aux devoirs ou des cours privés
  • demander une aide à domicile, par exemple une aide-ménagère, un technicien ou une technicienne d’intervention sociale et familiale (TISF), auprès de la Caisse d’allocation familiale (CAF) – le coût est fixé en fonction des revenus. Le ou la TISF peut aider à la préparation des repas, aux démarches administratives, aux devoirs des enfants, à leurs rendez-vous médicaux, aux soins d’hygiène pour les tout-petits

La santé mentale, dans la définition retenue par Psycom, est l’équilibre entre les ressources que la personne peut mobiliser pour se sentir bien, et les obstacles qu’elle rencontre dans son existence. Pour retrouver cet équilibre en tant que parent, je peux :

  • m’appuyer davantage sur les ressources dont je dispose déjà
  • en chercher de nouvelles, au besoin avec l’aide d’un professionnel de la santé mentale
  • essayer de limiter les obstacles auxquels je suis confrontée.

Les chercheuses Isabelle Roskam et Moïra Mikolajczak ont proposé dès 2018 une « balance des risques et des ressources » à dresser pour chaque parent en burn-out. Le but est d’identifier les sources de stress auxquelles le parent est exposé et les ressources qui sont à sa portée, pour trouver ensuite sur lesquelles agir. Voici quelques exemples tirés de la pratique de leur équipe.

Du côté des risques à minimiser :

  • un tempérament perfectionniste

Ce qu’on peut faire : en prendre conscience et tenter de lâcher sur certains sujets, par exemple renoncer à la qualité des repas un jour dans la semaine, ne plus repasser certains vêtements

  • la multiplication d’activités extra-scolaires pour les enfants, foot, musique, dessin…

Ce qu’on peut faire : réduire le nombre des activités.

Du côté des ressources à mobiliser :

  • déléguer plus de tâches au coparent, si je suis en couple – même s’il fait « moins bien » ou « moins vite » que moi
  • s’entraider entre familles, par exemple en prenant chez moi les enfants des autres pour un week-end et vice-versa
  • utiliser des stratégies pour favoriser l’autonomie de mon enfant, par exemple le laisser payer à la boulangerie puis, la fois suivante, lui demander d’y aller seul
  • rencontrer des pairs, c’est-à-dire d’autres parents rencontrant les mêmes difficultés.

Si besoin, je peux consulter un professionnel de la santé mentale. Avec elle ou lui, je peux envisager les options de traitement, qui peuvent inclure une psychothérapie ou le recours à des médicaments.

Burn-out parental, et après ?

Certains parents paient l’investissement dans l’éducation de leurs enfants par une fatigue extrême. Si je suis dans ce cas, et à condition de trouver le soutien nécessaire, je constaterai peut-être avec le temps que le rapport à mes enfants change, pour leur mieux-être et pour le mien. Il est probable que je prenne du recul et qu’après le burn-out, je ne me sente plus obligé de satisfaire à toutes les exigences de la société. Cela peut devenir plus facile pour moi d’assumer de ne pas être le parent parfait. 

Si j’ai un conjoint ou une conjointe, il est possible que je constate un meilleur équilibre dans mon couple une fois que je serai rétabli. Mon couple peut même, dans certains cas, s’en trouver renforcé.

Quand le parent se sent dépassé par l’un de ses enfants

En raison de l’agitation de l’enfant

Dans certains cas, le burn-out survient car l’un des enfants, particulièrement turbulent, agité ou anxieux, demande davantage d’attention que les autres. Cela peut se manifester soit à la maison, soit à l’école, ou dans les deux lieux. Le parent est désemparé face à ses comportements, il se sent dépassé.

Des professionnels peuvent aider l’enfant à développer ses propres ressources pour faire face à ses difficultés. Le parent peut faire appel par exemple à une ou un psychomotricien. Ce dernier apprendra à l’enfant à faire avec ses émotions et à mieux coordonner ses gestes.

En cas d’opposition ou de crises de colère, le parent peut essayer différentes stratégies qui ont fait la preuve de leur efficacité. Plusieurs sont décrites dans la fiche pratique réalisée par l’hôpital Robert Debré à Paris, Comment gérer les comportements problématiques de mon enfant.

Des comportements particulièrement difficiles peuvent être la manifestation d’un trouble. Il peut s’agir d’un trouble des comportements, d’un trouble du neuro-développement comme le trouble du déficit de l’attention avec ou sans hyperactivité (TDAH) ou l’autisme, d’un trouble de l’apprentissage (aussi appelé trouble dys) ou d’un trouble de la personnalité.

Pour y voir plus clair, le parent peut s’adresser au service de psychiatrie de l’enfant et de l’adolescent de l’hôpital de sa ville, en demandant un rendez-vous pour une consultation et un bilan. Un diagnostic pourra être posé ou au contraire, écarté. Dans tous les cas, la ou le pédopsychiatre pourra indiquer au parent où trouver du soutien. 

Des programmes de guidance parentale peuvent être proposés au parent, dans le but de lui donner des informations et des moyens pour agir sur la situation. Parmi les effets attendus de ces ateliers, il y a celui de se sentir plus compétent dans son rôle de parent, de renouer avec la confiance et de retrouver des moments de plaisir avec son enfant.

Un accompagnement de ce type existe pour les parents d’enfants autistes, par exemple le programme de Denver ou le programme Pact. D’autres ont été conçus pour les parents d’enfants TDAH, comme le programme Incredible years, le programme GCOP ou, le plus utilisé en France, le programme d’entraînement aux habiletés parentales de Barkley – du nom du professeur américain de psychiatrie Russel Barkley.

Avant de chercher un hôpital ou un professionnel qui propose le programme Barkley près de chez moi, je peux :

Je peux trouver du soutien auprès d’autres parents qui connaissent des difficultés semblables avec l’un de leurs enfants. L’association Enfant différent, créée par des parents d’enfants en situation de handicap, réunit des ressources pour les familles qui s’interrogent sur le comportement ou le développement de leur enfant. Son site répertorie plusieurs moyens d’échanger avec d’autres parents concernés.

En raison de la violence de l’enfant

Il arrive qu’un enfant prenne le pouvoir à la maison. Cela se produit peu à peu, à mesure qu’il multiplie les insultes, les provocations ou encore les agressions physiques. Face à cette violence, la famille est en grande souffrance. Le parent se sent honteux et mis en échec. Bien souvent, l’entourage lui reproche d’être trop permissif. Ou au contraire, trop sévère.

Ces parents sont de plus en plus nombreux, pourtant, à oser parler de leurs difficultés et à sortir de leur isolement. Pour trouver des moyens de changer la situation, le parent peut recourir au programme d’entraînement aux habiletés parentales React (Réagir face aux Enfants et Adolescents à Comportement Tyrannique). Celui-ci a été lancé en 2015 au CHU de Montpellier par la pédopsychiatre Nathalie Franc.

Ce programme en 13 séances vise à désamorcer la violence, éviter les escalades et reprendre son autorité en tant que parent. Il repose sur des stratégies de « résistance non violente », une approche développée à l’origine par le professeur de psychologie Haïm Omer (université de Tel Aviv, Israël), utilisant le calme et le silence. Des techniques de thérapies cognitives et comportementales (TCC) sont également mobilisées. Le programme React est encore expérimental et continue à évoluer.

En plus de Montpellier, le programme React est également proposé à Toulouse, au Centre d’aide aux parentalités du CH Marchant, par la pédopsychiatre Jocelyne Calvet-Lefeuvre et l’éducatrice spécialisée Nathalie Jaspard. On peut s’initier à la méthode avec les 7 tutoriels en vidéo mis en ligne par l’association de parents React.

L’éloignement de l’enfant peut parfois être une solution, par exemple avec l’inscription dans un internat, public ou privé, qui lui permet de poursuivre sa scolarité en étant logé sur place.

Les Instituts thérapeutiques, éducatifs et pédagogiques (ITEP), créés en 2005, peuvent aussi accueillir l’enfant pour une année ou plus, avant la reprise d’une scolarité classique. L’accueil se fait sur orientation par la Maison départementale des personnes handicapées (MDPH). Les ITEP proposent une prise en charge éducative et thérapeutique.

  • Trouver des conseils pour préserver sa santé mentale dans les vidéos du site La maison des maternelles, tirées de l’émission de France 2 Les maternelles
  • Consulter le site du réseau national de l’Ecole des parents (EPE) ou le site de l’EPE pour l’Ile-de-France
  • Regarder le témoignage de Julia, devenue mère elle-même, alors que sa mère s’est suicidée après une dépression post-partum, pour Konbini
  • Écouter les épisodes en podcast de la série Devenir père, dans lesquels 20 pères de la région des Hauts-de-France partagent leurs émotions et leurs appréhensions, réalisés en collaboration avec la pédopsychiatre Patricia Do Dang (EPSM Lille-Métropole)
  • Ecouter les podcasts du projet Path sur la dépression du post-partum, et les nouveaux rapports au travail pendant la grossesse et quand on devient parent
  • Prendre du recul vis à vis des principes de l’éducation positive avec la série de podcast Education positive, vraiment ? sur Meta de choc, la plate-forme de la documentariste Elisabeth Feytit

Cet article a été écrit par Estelle Saget (Psycom).

La première partie de cet article a été rédigée à partir de la brochure Psycom Santé mentale, grossesse et parentalité réalisée par Nathalie Léone (médecin de santé publique, CCOMS pour la recherche et la formation en santé mentale, EPSM Lille-Métropole) et Céline Loubières (Psycom).

Ont été sollicités pour cet article : Nesrine Bouchlaghem-Hadi, psychologue chargée du projet Clépsy dans le service de psychiatrie de l’enfant et de l’adolescent de l’hôpital Robert Debré à Paris ; Vincent Trebossen, pédopsychiatre dans le service de psychiatrie de l’enfant et de l’adolescent de l’hôpital Robert Debré.

© Psycom – Tous droits réservés

Nesrine Bouchlaghem-Hadi exerce une activité en libéral en tant que psychologue.

Estelle Saget déclare ne pas avoir de liens d’intérêts avec des entreprises fabriquant ou commercialisant des produits de santé (médicaments, dispositifs médicaux, matériel médical, e-santé, marketing médical, etc.).

Vincent Trebossen a reçu entre 2019 et 2022 des financements des laboratoires pharmaceutiques HAC Pharma et INC Research LLC pour l’inscription à des congrès et l’hébergement.

Ces déclarations peuvent être vérifiées sur la Base Transparence Santé du Ministère de la Santé.

Cet article a été rédigé dans le cadre d’un partenariat entre Psycom et Santé publique France.