Racisme : quels effets sur la santé mentale des personnes noires

Publié le 01/03/2023
Un sondage met en lumière les discriminations qui les visent. Des initiatives voient le jour pour proposer un soutien psychologique adapté.

[VU SUR LE WEB] Le chiffre, révélé par un sondage Ipsos publié le 14 février, est frappant. Plus de neuf Français noirs ou métisses sur dix (91 %) disent avoir été, au moins une fois, victimes d’une discrimination à caractère racial. La proportion est supérieure à celle observée dans une enquête de 2007, réalisée pour le même organisme, le Conseil représentatif des associations noires (Cran), fédération dont l’objectif est de lutter contre les discriminations rencontrées par les populations noires. 

Comment interpréter ce chiffre ? Il peut aussi bien refléter une augmentation du racisme en France, de son expression, qu’un sentiment de légitimité plus grand chez les personnes noires à ne pas le passer sous silence. Patrick Lozes, président du Cran, estime dans 20 Minutes qu’on assiste à “une libération de la parole raciste”. Le sociologue Michel Wieviorka affirme, lui : “On est beaucoup plus sensible aux discriminations, et on est beaucoup plus courageux pour les dénoncer”. 

  • Voir les résultats du sondage en infographie sur France Info
  • Avec 20 Minutes, découvrir des explications derrière les chiffres

Or les études scientifiques montrent que les discriminations, qu’elles résultent du genre, de la sexualité ou de la couleur de peau, affectent la santé mentale des personnes qui en sont victimes. La prise de conscience de ce phénomène est récente. 

  • Voir l’infographie sur les facteurs déterminants de la santé mentale, réalisée en 2022 par l’association suisse Minds
  • Pour mieux connaître les effets des discriminations, lire l’article de Slate

Aux Etats-Unis et au Canada, les chercheurs mettent en avant le concept de “traumatisme racial”, souffrance psychique causée par l’accumulation des expériences de racisme et de discrimination. 

  • Ecouter la psychologue Audrey Kodye expliquer ce traumatisme et la thérapie pour y faire face dans une émission du 28 février sur Radio-Canada
  • Découvrir les travaux menés sur ce sujet en France dans l’article du 7 février sur Slate
  • Ecouter la psychologue Yaotcha d’Almeida décrire l’impact des micro-agressions pour les personnes racisées dans l’épisode du podcast Après la pluie, mis en ligne le 20 février sur Binge Audio

Les femmes noires peuvent expérimenter une double discrimination, en tant que femme et en tant que personne noire. En France, la parole leur a été donnée par la réalisatrice et afroféministe Amandine Gay, à travers son documentaire sorti au cinéma en 2017.

Au-delà de la lutte contre le racisme en lui-même, des initiatives voient le jour pour aider les personnes noires à préserver leur santé mentale.  En France, un groupe de parole “à destination des personnes subissant des discriminations fondées sur l’origine” va tenir sa première réunion à Rennes le 18 mars. Il est organisé par l’association déConstruire et financé par la Fondation de France.

Au Canada, Jeunesse J’écoute (l’équivalent canadien de la ligne d’écoute française Fil santé jeunes) a lancé un programme de “soutien pour les jeunes Noirs“. Sur son site, on peut lire à quel besoin ce dispositif tente de répondre :  “Jeunesse J’écoute entend des jeunes parler des impacts du racisme anti-Noirs. Nous savons que lorsque les Noirs ont besoin d’un soutien en santé mentale, ils se heurtent souvent à des options limitées et à des soins inadéquats”.